31
Juil
2015
Pourquoi j’ai voté oui ce soir, par Yanis Varoufakis
Dans la résolution de l’Eurogroupe du 20 février, nous étions arrivés à ce que le Mémorandum (MoU) ne soit mentionné nulle part.
En lieu et place du mémorandum, il y avait, comme préalables à l’évaluation réussie, la référence à une liste comportant nos réformes qui devaient être soumises trois jours plus tard et être immédiatement approuvées par les institutions.
En effet, notre liste, portant ma signature, a été déposée le 23 février. Dans le weekend entre le 20 et le 23 février, nous avons fiévreusement travaillé et nous étions, bien entendu, constamment en contact avec les représentants des institutions afin d’éviter tout blocage le lendemain, le 24 février, lors de la téléconférence au cours de laquelle l’Eurogroupe approuverait notre liste, sur proposition des institutions.
La liste finale que j’ai transmise aux institutions tard dans la nuit du 23 février (voir en anglais ici) contenait nos priorités (par exemple, lutte contre la crise humanitaire, retour des négociations collectives, changement de philosophie quant à l’exploitation des avoirs publics, pas de coupes dans les pensions auxiliaires, etc.) ainsi que certaines de leurs exigences.
Leurs exigences, concernant lesquelles j’avais plaidé en faveur de leur acceptation en échange de celle de nos priorités, incluaient les deux mesures que le Parlement est appelé à adopter ce soir[ndlr : le mercredi 22 juillet] : (a) Amendements du Code de procédure civile (CPC) et (b) Transposition de la directive 2014/59 de l’UE concernant « l’assainissement » des banques et des établissements de crédit (BRRD).
Je savais déjà que les amendements au Code de procédure civile regorgeaient de dangers concernant les droits humains des parties les plus faibles en cas de faillite d’entreprises ou de ménages. Par ailleurs, la meilleure des choses que l’on pourrait dire concernant la directive sur « l’assainissement » des banques était que, au fond, il s’agissait d’un grand coup d’épée dans l’eau (puisqu’elle garantissait au niveau juridique les dépôts garantis sans pour autant garantir le financement du fonds qui devait les… garantir). Toutefois, j’ai estimé que s’il s’agissait, dans le cadre d’un accord honnête, de préserver nos lignes rouges importantes (par exemple, des excédents primaires ne dépassant pas 1% ou, tout au plus, 1,5%, les pensions, les droits sociaux, une TVA faible), le Code de procédure civile et la directive BRRD ne représentaient pas de concessions majeures. C’est pourquoi j’avais inclus ces deux préalables dans notre liste.
Aujourd’hui, bien entendu, les choses sont totalement différentes.
Aujourd’hui, il n’existe plus de liste à nous concernant les réformes dans le cadre d’un accord honnête.
Aujourd’hui, il y a une liste dictée dans sa totalité par la troïka.
Aujourd’hui, nous sommes face aux récents échos d’un coup d’état humiliant au lieu d’un accord honnête.
En février, nous avons accordé le Code de procédure civile et la directive BRRD pour recevoir en retour des choses importantes. À présent, nous accordons le CPC et la BRRD pour « recevoir en retour » des mesures encore plus délétères, dans l’espace de quelques semaines.
En outre, dans le texte que j’avais transmis aux institutions en février, je m’engageais quant à « un nouveau Code de procédure civile » (to a new Civil Code) et non pas, bien entendu, quant au CPC qu’elles nous dicteraient. Cela ne m’aurait jamais traversé l’esprit que notre gouvernement accepterait la procédure d’urgence, refusant (sous les dictats de la troïka) que tous les amendements, abolissant ainsi, dans les faits, le Parlement( * ).
Mercredi dernier, je n’avais d’autre choix qu’un NON tonitruant. C’était mon propre « OXI » qui est venu s’ajouter au 61,5% de nos concitoyens à une capitulation fondée sur la logique de l’inexistence d’alternative (la fameuse « TINA » – there is no alternative), logique que je rejette depuis trente-cinq ans aux quatre continents où j’ai vécu. Aujourd’hui, ce soir, les deux mesures que j’avais moi-même proposées en février, arrivent au Parlement d’une manière que je n’aurais pas pu imaginer alors et qui ne nous fait pas honneur, en tant que gouvernement Syriza.
Mais, comme j’avais expliqué dans mon récent article au « Journal des Rédacteurs », intitulé Pourquoi j’ai voté ‘Non’, mon objectif est, en dépit de mon désaccord fondamental concernant nos manœuvres d’après le Référendum, de préserver l’unité de Syriza, de soutenir Alexis Tsipras et de soutenir Euclide Tsakalotos. Ainsi, aujourd’hui, je vote OUI à deux mesures que j’avais moi-même proposées bien que, dans des conditions et sous des termes radicalement différents.
Je suis malheureusement certain que mon vote n’aidera pas le gouvernement dans notre objectif commun. Et, ce, parce que l’accord de l’Euro Summit, dont font partie les deux mesures de ce soir, est conçu pour échouer. Néanmoins, je donne ce vote à mes camarades dans l’espoir qu’ils gagnent du temps de sorte que, ensemble, unis, nous planifions la nouvelle résistance au totalitarisme, à la misanthropie et à l’accélération et l’approfondissement de la crise fomentés.
* Ce matin, lors de la réunion de la Commission des affaires financières du Parlement à laquelle je participais, j’ai constaté que pas un seul parlementaire n’était d’accord avec le nouveau Code de procédure civile, ministre de la justice inclus. Il s’agissait d’un triste spectacle.
Source : thepressproject.gr
« VAROUFAKIS POURRAIT ÊTRE LE PROCHAIN PREMIER MINISTRE DE LA GRÈCE, IL FAUT DONC L’ANÉANTIR MAINTENANT »
Par Pitsirikos
En examinant la trajectoire du gouvernement de Tsipras après le référendum, je remarque qu’il n’a plus aucun éclat. Que s’est-il passé depuis le référendum ? Le Ministre de l’économie Yanis Varoufakis a démissionné. Et Alexis Tsipras a été obligé de faire un accord pour un Mémorandum. Finalement, tout le gouvernement se résumait à Varoufakis.
Que vous le trouviez sympathique ou pas, il n’était pas possible de ne pas reconnaître son éclat. Et sa connaissance. Son éclat est le produit de sa connaissance.
Que l’on soit d’accord ou pas avec lui, il faut reconnaître que Varoufakis est une étoile.
J’avoue lorsque j’ai appris la démission de Varoufakis, j’ai pensé que c’était un truc décidé entre Tsipras et lui.
Que vouliez-vous que je pense alors que le lendemain du NON qui gagne avec 61,3%, le premier ministre demande la démission de son ministre de l’économie ?
Je me mets à penser alors que Tsipras a fait le référendum en pensant que le OUI gagnerait et qu’il s’est juste fait avoir !
Et là tout est dévoilé. On voit la vérité sans maquillage. Et inexistante.
Ce n’est pas un hasard si Alexis Tsipras a essayé de diminuer la portée des paroles de Varoufakis lors de son interview à la télé (ERT) après l’accord pour le nouveau Mémorandum en disant qu’il est un bon économiste mais pas nécessairement un bon politique.
C’est donc Tsipras qui aurait du déchirer et abolir le Mémorandum et qui a fait un référendum où les citoyens se sont prononcés pour le NON à 61,3% et qui, par la suite, est allé signer l’accord pour le Mémorandum le plus sauvage, qui est un bon politique.
Ce n’est pas un bon politique, c’est un politicien qui s’agenouille.
Bien sûr Yanis Varoufakis a fait un erreur malgré lui :
En cachant, par sa présence, ces incroyables bonshommes aux têtes tristouilles, il a donné aux citoyens l’illusion que ce gouvernement était différent, bien meilleur, que ce qu’il voyait en réalité.
Maintenant, Yanis Varoufakis est l’objet d’attaques violentes de la part des médias des oligarques qui ont pris Tsipras en otage.
Varoufakis est présenté comme un adorateur de la drachme et un traître bien que tout le monde sache que la position de Varoufakis état le maintien dans la zone Euro.
En parallèle, Varoufakis est menacé d’être traîné aux tribunaux pour haute trahison car il a examiné, en tant que ministre de l’économie, un plan alternatif (un plan B).
Evidemment, ces accusations contre Varoufakis ne tiennent pas debout.
Ils essaient de le rendre responsable d’une part pour partager les responsabilités avec les politiciens qui ont conduit le pays à la banqueroute, afin de les blanchir, d’autre part pour faire peur à Tsipras qui sait mieux que quiconque que Varoufakis agissait en complète entente avec lui.
Il existe une troisième raison pour calomnier Varoufakis.
Varoufakis pourrait être le prochain premier ministre de la Grèce. Il en a les qualités. Au quintuple.
De sorte qu’il faut l’anéantir maintenant !
Du fait de l’attaque frontale que reçoit Yanis Varoufakis, nous comprenons qu’il est incontrôlable par les oligarques.
Zoï Kostantopoulou [la présidente du Parlement] reçoit une attaque similaire, de même que tous ceux qui ont voté contre le nouveau Mémorandum et mettent en danger la domination de Alexis Tsipras qui est maintenant dans les mains des oligarques. Il leur faut protéger celui qui est devenu « leur » Tsipras pour qu’ils puissent travailler tranquillement avec lui.
En Grèce il nous est difficile d’accepter que quelqu’un est meilleur ou plus intelligent que nous.
Moi ça ne me pose aucun problème.
Varoufakis est quelques crans au-dessus des autres politiques grecs et de la plupart des grecs.
Pourrons-nous le lui pardonner ?
(Et dire que je suis en désaccord avec la plupart des idées de Yanis Varoufakis).
Source : koutipandoras.gr
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