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jeudi 31 décembre 2020

2020 : PEUR ET CAUCHEMAR par Edmond.H.

 


2020 : PEUR ET CAUCHEMAR
Il y a 52 ans, à 16 ans, je rêvais d’un monde libre, juste et fraternel. Je chantais « Quand on verra à Washington, sans que personne ne s’étonne, un président à la peau noire habiter à la Maison Blanche … Et les habitants de Berlin pourront chanter comme naguère, et sur les ruines d’un vieux mur on servira des pots de bière. Qu’il vienne ce jour-là, qu’il se lève sur la terre ce matin-là ! ».
Ce jour s’est levé !
Le mur de Berlin est tombé. J’ai rêvé d’une Europe de l’Atlantique à l’Oural, modèle d’humanisme, de liberté et de justice sociale.
Un président à la peau noire a habité la Maison blanche. Un deuxième rêve de ma jeunesse, nourrit par Martin Luther King et Bob Kennedy a été réalisé.
Hélas, 31 ans après la chute du mur, la vie est plus dure qu’avant pour des millions d’européens de l’Est tant le capitalisme sauvage, qui y sévit, est tout aussi matérialiste et inhumain que le communisme. L’Europe n’est plus un rêve mais un cauchemar pour des millions d’Européens à qui les eurocrates imposent la régression sociale, la misère et la soumission, comme on l’a vu en Grèce, au mépris des valeurs humanistes sociales et démocratiques.
L’Europe Orientale constitue une réserve de main-d’œuvre à bon marché pour l’occident et même sa poubelle en ce moment pour la Bulgarie avec les connections entre la mafia italienne et le capitalisme.
Après un président noir, les USA ont élu un président inimaginable en démocratie. Ils sont plus que jamais une puissance impérialiste au service des multinationales américaines et un agent d’exploitation des ressources des autres peuples.
Les USA, comme hier, exploitent et dominent le monde et nous entraînent dans cette erreur historique de l’engrenage mortifère de la mondialisation libérale et de la régression sociale. Il est peu probable que l’élection de Biden y change quelque chose.
Soumis à Bruxelles et à la finance mondialisée, Macron détruit le contrat social, les services publics, la solidarité sociale et la fiscalité redistributive pour augmenter encore les profits et enrichir ses maîtres, les plus riches. Il enterre l’œuvre historique des sociaux chrétiens, des syndicats, du Front Populaire, de de Gaulle et de la Résistance pour livrer les français aux lois barbares du marché.
Les milliards sont donnés aux milliardaires pour leur éviter de partager une part de ce qu’ils ont gagné de façon scandaleuse sur la misère des masses et la régression sociale. Mais il n’y a pas d’argent pour payer des salaires dignes, conforter nos hôpitaux, nos écoles et nos enseignants, soigner nos malades, garantir un minimum vital, la Sécurité Sociale et la retraite décente pour tous, permettre le développement social de l’Afrique et du monde…
L’Europe n’est plus celle des Lumières, elle est un colosse qui s’autodétruit, en reniant son histoire et ses valeurs.
Depuis 2014, les inégalités dans le monde, qui n’avaient cessées de se réduire de 1945 à 1990, ont dépassé le record des années 1920 et continuent de s’accroitre. On sait pourtant que ces inégalités avaient provoquées la crise financière, économique, sociale et politique de 1929 qui enfanta le fascisme et le nazisme.
Aujourd’hui l’Europe est à la croisée des chemins. Face à la domination des financiers et de leur idéologie gestionnaire (masquée sous les vocables du pragmatisme ou de l’expertise) et à la soumission des gouvernements de tous bords, seul, un sursaut des peuples peut permettre d’imaginer et de construire une Europe digne de ce qu’ont fait nos parents et qui serait lumière pour le monde.
Tout cela je l’écrivais en décembre 2018, il y a seulement 2 ans. Je n’imaginais que ce qui nous attendait en 2020 serait pire encore.
La finance anonyme avait déjà défié les humains, méprisant leurs droits, leur milieu de vie et leur avenir. Mais cette fois c’est un organisme invisible, microscopique, échappé de Chine, qui menace leur vie, et permet aux acteurs politiques de se venger de la soumission librement consentie qu’ils ont organisé face aux milieux financiers.
Ce virus fait trembler les humains, et la peur permet tous les excès à ceux qui prétendent les protéger.
Comme les seigneurs dans leur château profitaient de la peur de la peste, des invasions ou de la guerre pour justifier de piller les biens des pauvres et de les réduire en quasi esclavages sur les terres qu’ils avaient accaparées, le président de la République, vassal de ses maîtres financiers, peut assouvir sa soif de domination. Il tente de créer, pour lui-même, l’illusion d’une puissance que les acteurs politique ont volontairement abandonné tout en ressentant une terrible frustration.
Car, plus encore que les années précédentes, le mot qui caractérise le mieux 2020 est la peur.
Peur du terrorisme.
Peur du virus, de la maladie et de la mort
Peur du réchauffement climatique et de l’effondrement de la planète.
Peur des perdre les droits sociaux qui subsistent encore.
Peur des autres, des migrants de la misère et de la guerre qui frappent à nos portes.
Peur des autres et peur de nous, peur de mettre nos vies et celles de nos proches en péril.
Peur de l’enfant d’embrasser sa grand-mère, peur ce celle-ci de serrer ses petits-enfants sur son cœur.
Peur de manger avec ses amis, peur de faire ses courses, peur d’aller au cinéma.
En fait peur des autres, peur de soi, peur pour les autres et peur poursoi. Peur de tout.
Mais, comme toujours, la peur génère des cauchemars et, cette année, ce sont des cauchemars diurnes et nocturnes qui sont devenus le quotidien de chacun. Ils ne sont plus rêvés, ils sont réalité !
Le pouvoir, mot qui redevient bien adapté à la fonction de l’omni président, profitant de cette peur, s’est comporté comme même l’occupation nazie n’avait pas osé le faire. Couvre-feu pour tous, interdiction de sortir de chez soi à plus d’1 km, attestation débile, exigée par des serviteurs dociles, fermeture de tous les lieux festifs … Nous avons certes échappé aux cartes d’alimentation, mais les jeunes, les sans-emplois, les précaires, les vieux, qui font la queue dans les files de l’aide alimentaire pour pouvoir manger, en viennent peut-être à le regretter.
Alors, Jupiter, du haut de sa grandeur de meilleur destructeur de la solidarité sociale depuis 1945, transforme l’État en distributeur d’aumône. Certes, celle-ci est généreuse pour quelques-uns, ceux qui en ont le moins besoin et en feront le plus mauvais usage, très parcimonieuse pour les plus pauvres qui n’ont droit qu’aux miettes. Je dis bien l’aumône et non la charité car il y a chez Macron ce mépris de celui qui aide avec condescendance et non la fraternité qui anime le charitable. La France n’est plus la République Sociale voulue par les Résistants, elle est un pays de pauvreté et d’aumône pour les uns, d’opulence pour quelques autres.
Qui aurait pensé que le peuple d’irréductibles gaulois se soumettrait sans rien dire, sans se révolter, sortirait avec sa petite attestation débile dans sa poche, renoncerait aux repas de famille, au cinéma, à la bibliothèque, aux réunions associatives ou syndicales et même à fêter normalement Noël et la nouvelle année ?
Tout cela a été possible en générant la peur avec la complicité des médias qui, toute la journée, alarment les humains sur le virus qui les menace, ennemi invisible d’une fausse guerre, d’un combat perdu à cause de l’incurie des gouvernants.
Macron, le petit serviteur des milliardaires, n’a pas utilisé le mot guerre par hasard. Ce mot rappelle la souffrance, la nécessité de durs efforts, de sacrifices, de renoncements, de souffrances qu’il faut bien accepter, mais aussi de culte du chef, de soumission au commandant en chef qui envoie ses hommes et ses femmes à l’abattoir.
Ce mot justifie « l’état de guerre » qui lui-même justifie la destruction de toutes les libertés humaines.
Et oui, de toutes les libertés ! Car il y a celles que l’on voit mises entre parenthèse, permettant au tyran de jouir momentanément de son pouvoir retrouvé. Mais il y a surtout celles que le tyran détruit pour longtemps dans une inertie collective hallucinante même si quelques manifestations sauvent l’honneur de l’humanité.
Lois liberticides, atteinte au droit d’informer, contrôle des chômeurs, fichage des citoyens qui résistent, y compris leur opinions politiques, leur religion et même leur santé, répression des manifestations avant même leur déroulement normal, menace sur la liberté des universités… Tout l’arsenal d’un régime autoritaire se met en place.
Pourquoi cela ?
Sans doute parce que les humains ont toujours eu tendance à abuser de leur pouvoir et que la peur des citoyens permet de réaliser ce fantasme de la toute-puissance sur autrui. J’imagine Macron jouissant de pouvoir enfin montrer qu’il est Jupiter et non un citoyen comme les autres, locataire précaire de l’Élysée, élu d’un peuple auquel il devrait service, respect et qui pourrait lui retirer son pouvoir. Je pense réellement que, derrière les mines contrites des ministres, il y a cette jouissance d’une domination acceptée par le plus grand nombre.
Mais au-delà de la psychologie d’un jeune ambitieux sans limites, il y a une motivation politique très profonde.
La démocratie suppose l’adhésion d’un peuple à un contrat social. Pour être accepté, celui-ci doit garantir à chacun une vie supportable et, pour ceux qui souffrent de leur condition sociale, il doit offrir la perspective d’une vie meilleure.
Les réformes antisociales passée et plus encore celles à venir détruisent cette espérance d’une vie meilleure. Or cette espérance est le ciment de la démocratie. La désespérance conduit d’abord au désespoir et le désespoir nourrit la révolte. Voulant continuer à détruire ce qui reste du socle social, notamment en 2022 si par malheur il est réélu, Macron sait qu’il devra affronter des mouvements populaires. Il profite du virus pour mettre en place l’arsenal répressif dont il pense qu’il lui permettra de mener à terme son œuvre destructive.

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