Les enfants payent un lourd tribut aux problèmes de nutrition : 155 millions de garçons et de filles de moins de 5 ans présentent un retard de croissance et 52 millions accusent une insuffisance pondérale, -selon un rapport des Nations unies -publié en septembre.
Dans toutes les régions du monde, la probabilité d'être en -situation d'insécurité alimentaire est plus élevée chez les -femmes que chez les hommes. L'Afrique est la région du monde où la prévalence de la sous-alimentation reste la plus élevée en proportion de la population : 22,7 %, avec une intensité encore plus forte en Afrique orientale, où un tiers de la population est sous-alimenté.
Mais c'est en Asie que vit le plus grand nombre de personnes -affectées par la faim puisque le total y atteint près de 520 millions d'habitants, soit 11,7 % de la population, avec une progression de la faim particulièrement marquée en Asie du Sud-Est.
Le retentissement de l'inversion de tendance ne se répercute pas -encore sur les résultats nutritionnels. En effet,
" le fait que le recul de la faim semble marquer le pas n'a pas encore eu de -répercussion sur la prévalence du -retard de croissance chez l'enfant, qui -continue à baisser, à un rythme toutefois ralenti dans -certaines -régions ", notent les agences des Nations unies. Cette prévalence qui atteignait 29,5 % en 2005 se- -situait à 22,9 % en 2016.
Cette diminution pour l'instant continue au niveau mondial comme au niveau régional est évidemment une bonne chose, mais comme le rappelle le -rapport :
" Près d'un quart des -enfants de moins de 5 ans souffrent -encore d'un retard de croissance et présentent donc un risque plus élevé d'être atteints de déficiences -cognitives, de connaître des difficultés durant leur vie scolaire et professionnelle, et de décéder des suites d'infections ".
Plusieurs facteursDevant cette discordance apparente entre régression de la -sécurité alimentaire et diminution des retards de croissance, les auteurs du rapport soulignent que
" la sécurité alimentaire n'est pas le seul -facteur -déterminant des résultats nutritionnels, en particulier dans le cas des enfants ". " D'autres facteurs entrent en jeu : le niveau d'instruction de la mère ; les -ressources -allouées aux politiques et programmes nationaux en faveur de la nutrition chez la mère, le nourrisson et le jeune enfant ; l'accès à de l'eau propre, à des -services d'assainissement de base et à des services de santé de -qualité ; le mode de vie ; l'environnement alimentaire et la -culture ", ajoutent-ils.
Analysant les données disponibles, le rapport des Nations unies évoque une conjonction de -raisons pour expliquer l'augmentation de la sous-alimentation chronique :
" Des baisses -récentes de la disponibilité d'aliments se sont conjuguées à une hausse des prix des denrées -alimentaires dans les régions -touchées par les phénomènes El Niño et La Niña, principalement en Afrique orientale et australe et en Asie du Sud-Est. "
Le développement de conflits a également contribué à cette -évolution :
" Le nombre de conflits s'est accru au cours des dix dernières années – en particulier dans des pays déjà en proie à une insécurité alimentaire marquée – et la violence qui en découle -touche en grande partie les zones rurales, avec des effets néfastes sur la production et la disponibilité alimentaires. "
" Cette recrudescence des conflits, qui frappe plus durement les pays d'Afrique et du Proche-Orient, a mené à des situations de crise -alimentaire, en particulier là où cette instabilité est exacerbée par des- -sécheresses ou d'autres phénomènes météorologiques ainsi que par une fragilité des -capacités -d'intervention. "
Le poids des conflits est majeur. Les agences onusiennes précisent que
" la grande majorité des personnes qui souffrent d'insécurité alimentaire et de sous-alimentation chroniques vivent dans des pays touchés par un conflit. D'après les estimations, cela est vrai pour 489 millions des 815 millions de personnes sous-alimentées et pour 122 millions des 155 millions d'enfants souffrant de retard de croissance ".
Le changement climatique renforce cet impact car il
" aggrave les problèmes liés à l'insécurité alimentaire et à la sous-alimentation, mais peut aussi mener inexorablement à des conflits, des crises prolongées et des situations de fragilité ".Dans les pays épargnés par les conflits, des -facteurs économiques ont joué
" notamment là où des ralentissements économiques ont asséché les recettes en devises et les recettes fiscales ".
Ces difficultés ont ainsi pesé
" sur l'offre alimentaire en réduisant les capacités d'importation, et sur l'accès à la nourriture, en -limitant les ressources budgétaires -disponibles pour protéger les -ménages les plus pauvres face à la hausse des prix intérieurs des -produits alimentaires, comme on a pu le voir dans certaines parties de l'Amérique latine et de l'Asie -occidentale ".
Parmi les recommandations des Nations unies figurent la -nécessité de politiques et d'investissements,
" particulièrement au bénéfice de l'agriculture et des -systèmes alimentaires " ainsi que l'intégration dans les politiques générales d'un
" soutien efficace aux populations -déplacées par les conflits ".
Paul Benkimoun
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