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dimanche 5 juin 2016

Discours de Stalingrad : Mélenchon en appelle aux "sans costards" et aux "sans Rolex"

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Discours de Stalingrad : Mélenchon en appelle aux "sans costards" et aux "sans Rolex"


Marc Endeweld
Dimanche 05 Juin 2016 à 19:06

Mélenchon a réuni les "Insoumis" place Stalingrad à Paris ce 5 juin - LEWIS JOLY/SIPA

Jean-Luc Mélenchon aime les symboles. Il sait que ces derniers sont la chair de la politique. Tout du moins, la politique qu'il aime : celle des discours et des aventures humaines. Mais le leader aime aussi théoriser le combat politique par le triptyque suivant : un programme, une stratégie, un mouvement. Ainsi, cinq après le lancement de sa première campagne présidentielle, le leader de la « France Insoumise » avait donné rendez-vous au même endroit en ce dimanche après-midi à ses partisans : place de la Bataille de Stalingrad à Paris, entre les 19e et 10e arrondissements de Paris. Un lieu de mémoire pour la gauche française.
Aux alentours de 14h30, il y avait déjà ainsi une foule compacte entre le bassin de la Villette et la Rotonde, ancienne barrière d'octroi sous l'Ancien Régime, quand le mur des Fermiers généraux entourait la capitale. Sur place, certains militants et/ou sympathisants sont venus avec des drapeaux français, mais aussi des drapeaux de la CGT, de la FSU, du Parti de Gauche, ou même du PCF, alors que Pierre Laurent, son secrétaire national, n'est pas encore prêt à soutenir Mélenchon pour 2017 - comme il l'a dit encore hier, , au congrès de la formation communiste. Plus qu'une question de semaines ? Pour le porte-parole Alexis Corbière, secrétaire national du PG, ce n'est pas encore le moment d'y répondre : « Aujourd'hui, c'est notre journée », lâche-t-il dans un sourire aux journalistes qui le pressent de questions à ce sujet.

Une place noire de monde

Une chose est sûre : pour ce premier meeting de campagne, Jean-Luc Mélenchon avait envie de faire une démonstration de force, de matérialiser enfin cette « France Insoumise » qui s'est massivement inscrite sur son site internet de campagne. Manière de se rassurer bien sûr. Même si ces derniers jours, l'équipe du candidat à la présidentielle était confiante, en attendant pas moins de 8.000 personnes. Pari réussi. « C'est noir de monde ! », s'écrit un militant, téléphone vissé à l'oreille, à l'entrée de la place. « Bien sûr, la préfecture de Police va expliquer qu'on n'était que 200 ! », s'amuse un autre. La centaine de volontaires pour le service d'ordre avait reçu des consignes très strictes : fouille des sacs à l'entrée, pas plus de 4 personnes au mètre carré. 
C'est finalement dans une ambiance bon enfant que les « insoumis » se sont réunis à l'heure dite, donnant à voir un « peuple de gauche » que le pouvoir actuel a préféré oublier ces derniers mois : des salariés en lutte du secteur privé (des syndicalistes de Good Year, d'Air France, ou d'Arcelor Mittal), des militants anti Notre-Dame-Des-Landes venus tout droit de Nantes, des professeurs en lutte, mais aussi des intermittents du spectacle, des agents du service public, des cheminots, des paysans, et même des chauffeurs taxis... En attendant leur champion, des délégations se sont ainsi succédé sur scène.« Jean-Luc Mélenchon sera le dernier président de la Vème République », assure un militant. Pour chauffer le public, les vidéos de soutien se succèdent : le comédien Jacques Weber lit du Aimé Césaire, l'humoriste Gérald Dahan imite Sarkozy et Hollande, la militante grecque Zoé Konstantopoulou, explique que « Jean-Luc est un grand combattant de la démocratie et de la souveraineté populaire ».

"Je salue les sans Rolex, les sans costards, les assignés à résidence..."

Arrive alors sur scène Jean-Luc Mélenchon, entourés de certains de ses partisans, accueillis par des applaudissements nourris. Seul à son pupitre, il commence un discours aux accents variés, passant des acclamations gaulliennes aux chuchotements de vers de poètes. « Il suffit d'avoir du courage pour qu'il soit contagieux », entame-t-il. « Je salue les sans Rolex, les sans costards, les assignés à résidence... ». « C'est en cheminant que s'ouvre le chemin », ajoute-t-il en début de discours. Vient ensuite une nouvelle condamnation de la loi travail : « Il est temps qu'ils retirent cette loi qui sert quelques intérêts de la petite secte du Medef (…), une loi dont personne ne veut, ni le peuple, ni les parlementaires ». Ou encore : « Le 49.3, c'est la quintescence de la monarchie présidentielle au service du capitalisme absolu ».
S'il évoque «  », il veillera à ne pas citer une seule fois François Hollande ou le PS. « Assez de posture parlementaire, votez la motion de censure ! », exhorte-t-il en direction des députés frondeurs.

"Le problème le plus simple est de trouver un candidat, me voici ! "

Mais, pour 2017, Mélenchon préfère larguer les amarres sans le poids de « bavardages » inutiles. Très solennel, il axe alors principalement son discours sur les enjeux environnementaux, et propose« un programme pour la planète ». Face aux dangers des transformations du climat, le leader en appelle à reconstruire « de fond en comble la civilisation humaine ». « Oui, il faut sortir du nucléaire ! », lance-t-il. « La dette écologique est irréversible (…) Il faut arrêter de confondre la consommation et le paraître, le paraître et l'être ». Mélenchon conclut enfin son discours en appelant à la mobilisation, et en s'adressant à ses partenaires potentiels : « Il va falloir convaincre tête par tête, cœur par coeur (…) Je vous appelle à une campagne pour conquérir le pouvoir. Il faut qu'on s'implique tous ».
Les cris de « Résistance ! Résistance !» fusent alors du public. « Le problème le plus simple est de trouver un candidat, me voici ! », expose-t-il avant de saluer la présence dans le public de la communiste Marie-George Buffet, ou de la porte-parole d'Ensemble, Clémentine Autain, qui apparaît alors opportunément en gros plan sur les deux écrans géants. « Je respecte votre réflexion », leur lance-t-il, 
« L'année 2017 sera une année décisive », prévient Mélenchon, évoquant le TAFTA, le traité avec le Canada, mais aussi l'Europe. « Il faut reconquérir le temps long (…) Vive le temps long de l'écologie et de la démocratie ! ». « Mélenchon, président ! Mélenchon, président ! », crient des militants. « On nous avait annoncé qu'il pleuvrait averse, ce qui ne se produira pas », s'amuse Mélenchon qui a bien du mal à quitter son pupitre. « Je m'honore d'être accepté par vous comme votre porte-parole. Oui, la marche est haute (…) Tout le monde est bienvenu dans cette bataille (…) Je ne me soucie pas de votre carte de parti, ou que de ce que vous avez voté jusqu'à présent... Faudra bien que certains changent d'avis pour gagner ! » Il appelle alors chacun à convaincre au moins une personne : « Nous avons été 4 millions, nous devrons être 8 millions ». À ces mots, un métro passe sur la ligne aérienne de la RATP et klaxonne en signe de soutien. Mélenchon a le sourire avant d'entonner la Marseillaise et l'Internationale. 

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