3 avril (1)
La juge qui a présidé le procès de Marine Le Pen, menacée de mort par l’extrême droite, doit être placée sous protection policière.
Bruno Retailleau ne dénonce pas ces menaces - mais profite de l’un ses passages réguliers à la télévision pour fustiger, à l’unisson du Rassemblement national, les « juges rouges ».
Décidément, l’extrême droite, sous François Bayrou, n’est pas aux portes du gouvernement : elle y occupe d’importants ministères.
3 avril (2)
Dans l’Aveyron, un responsable départemental du Rassemblement national délivre cet avis autorisé sur la peine d’inéligibilité infligée Marine Le Pen : « Les juges ont choisi la solution finale. »
Il compare donc la condamnation - parfaitement conforme au droit - d’une élue reconnue coupable d’indélicatesse à la Shoah.
Il compare donc - parce qu’évidemment ces rapprochements vont dans les deux sens - l’extermination des Juifs par les nazis à une décision de justice parfaitement légitime.
Mais, trop pris sans doute par les procès en antisémitisme qu’il intente régulièrement contre la gauche, Gérald Darmanin, ministre de la Justice, omet de rappeler à ce tout petit chef d’extrême droite que la loi française prévoit de lourdes sanctions pénales pour «ceux qui auront nié, minoré ou banalisé de façon outrancière l'existence d'un crime de génocide».
3 avril (3)
L’hebdomadaire Le Point (groupe Pinault) consacre sa couverture, son principal éditorial et un dense dossier à ce qu’il appelle « l’affaire Le Pen » - comprendre : la condamnation de l’intéressée à une peine d’inéligibilité dans l’affaire des assistants parlementaires du Front national.
Bien entendu : un large espace est accordé à sa défense. L’éditorialiste Franz-Olivier Giesbert tranche : Marine Le Pen a été traitée « inéquitablement ». (Puis ce rigoureux professionnel, qui a fait toute sa carrière dans des rédactions lourdement gavées d’aides publiques, retourne à l’une de ses plus prégnantes obsessions pour dénoncer la « glissade vers l’abîme de nos finances publiques ».)
Quelques pages plus loin, l’éditocrate réactionnaire Alain Finkielkraut, enragé par la peine infligée à Le Pen, lance des imprécations hallucinées contre un « pouvoir judiciaire » qui « ne connaît plus de limites », qui « enfreint toutes les règles », et qui « bafoue tous les principes pour satisfaire ses pulsions judiciaires ».
C’est une façon très originale de contester un jugement tout à fait conforme au droit - mais il y a fort longtemps que Finkielkraut, sédimenté dans ses lubies, résiste (courageusement) à la tentation de respecter la vérité factuelle pour mieux prôner une extrême droitisation générale : pour conclure sa péroraison, il regrette d’ailleurs que « la préférence nationale » soit « considérée désormais comme discriminatoire, c’est-à-dire raciste ».
Rappel : ces proférations sont subventionnées par (la glissade vers l’abîme de) nos dépenses publiques.
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