Si j’étais gymnaste, quelle figure porterait mon nom ? Cette question fait de petites rondades dans mon cerveau depuis que j’ai appris que Simone Biles, triple médaillée d’or de la discipline aux Jeux olympiques de Paris 2024, a déjà donné le sien à cinq mouvements. Deux au sol, un à la poutre et deux au saut de cheval. Pendant que le monde entier s’accorde sur le fait que l’athlète américaine de 27 ans repousse chaque jour les limites de son sport (23 médailles d’or en championnats du monde depuis le début de sa carrière), moi, je pense à Henri Dès.
Je vous explique. Il y a cinq ans, pour écrire son portrait, je lui ai rendu visite dans sa maison de Morges, à côté de Lausanne. C’était la fin de l’été, l’air était doux et le plateau de fromages qu’il avait préparé, particulièrement costaud. Au bout de trois heures d’entretien, j’ai demandé au chanteur préféré des enfants ce que ça lui faisait de savoir que 23 écoles portaient son nom en France. « Pour la première, en Indre-et-Loire, j’ai pleuré », m’a-t-il dit, soudainement très ému.
Je me demande aujourd’hui ce qu’a ressenti Simone Biles, quand son fameux double saut périlleux arrière carpé avec demi-vrille au sol a officiellement intégré le code de pointage. Et je n’ose imaginer la pression qui pèse sur les épaules d’une telle athlète, qui doit constamment être à la hauteur des précédents qu’elle a elle-même engendrés.
Dans le même temps, je sais très bien quel mouvement de gymnastique devrait porter mon nom, si jamais je devais un jour fouler les praticables. Ce serait une figure au sol réalisable aussi bien par les hommes que les femmes, dont les critères de validation sont au nombre de quatre : le ou la candidat·e doit se tenir en position horizontale, avec pour points d’appui l’arrière du crâne, les omoplates, les fesses, les mollets et les talons ; les bras doivent être posés le long du corps ; la tête légèrement inclinée vers la gauche pour favoriser l’inspiration et l’expiration et le plus important : les yeux doivent être fermés.
Au moment de soumettre cette proposition au comité olympique de la rédaction du « Nouvel Obs » (ma voisine de bureau), la décision est sans appel : « Mais Henri, ce n’est pas toi qui as inventé la sieste, enfin. » Ok, donc on ne peut pas être heureux deux minutes, en fait ?
Henri Rouillier
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