| | Hadrien Mathoux Rédacteur en chef politique Des limites de la concorde
C'est le mot à la mode : concorde. Avec ses variantes : unité, réconciliation, rassemblement. C'est la leçon que tirent Emmanuel Macron et ses alliés politiques des Jeux olympiques. Tout à la joie d'oublier un instant les querelles politiciennes qui abîment la nation, les Français attendraient désormais ardemment de voir leurs responsables s'aligner sur l'élan né de la compétition pour gouverner le pays dans une touchante concorde. En se rangeant derrière le président et sa politique économique, cela va sans dire.
On aurait tort de balayer dédaigneusement cette aspiration à l'unité. Elle traverse l'histoire du pays, et ses grands hommes ont toujours su exhorter un peuple souvent divisé à dépasser leurs querelles pour se projeter vers l'intérêt national.
L'incompréhension de cette leçon pousse notamment les cadres de la France insoumise à s'enfoncer dans une attitude de grincheux perpétuels qui les isolera toujours du sentiment majoritaire.
Ces précautions prises, effectuons immédiatement un pas de l'autre côté : du succès des Jeux olympiques ne naîtra évidemment pas un miraculeux gouvernement d'union nationale. La politique existe pour régler les inévitables conflits sociaux de manière civilisée, pas pour nier leur existence. Il est donc inutile, voire malsain, voire dangereux, de faire croire que les fractures qui séparent les grands blocs à l'Assemblée relèvent uniquement de la mauvaise volonté de leurs chefs.
Au vrai, on retrouve dans cette exhortation au « dépassement des clivages » un parfum du macronisme de 2017. Et au passage, la même combine : derrière le masque de la dépolitisation et le culte de la bonne volonté soi-disant désintéressée, se dévoile un contenu idéologique bien défini, programme auquel les Français ont abondamment goûté depuis maintenant sept ans. Visiblement, ils en ont soupé. Faire comme la leçon n'avait pas été comprise, alors qu'elle a pourtant été assénée trois fois de suite dans les urnes il y a quelques semaines, expose à de sérieuses déconvenues. Twitter @hadrienmathoux
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