Par un simple communiqué, Emmanuel Macron vient d’accomplir un incroyable hold-up sur les urnes. Non seulement il a écarté tout gouvernement du Nouveau Front populaire (NFP), dont l’alliance compte pourtant le plus grand nombre de députés, mais il a indiqué reprendre des « consultations » à partir d’un scénario fabriqué de toutes pièces. Celui d’une « coalition » autour des partis de centre droit, qui comptent ensemble moins de députés que le NFP.
Comment cela se peut-il ? Le motif invoqué, la « stabilité institutionnelle », qui serait compromise par la censure promise à un gouvernement NFP, n’est qu’un prétexte. Qu’est-ce qui peut laisser penser qu’un gouvernement de centre droit n’encourrait pas le même sort ? L’Élysée fait mine d’appeler la gauche victorieuse des législatives, à laquelle la porte de Matignon vient d’être claquée au nez, à jouer les supplétifs de la Macronie défaite : on nage en plein délire.
S’il ne peut compter sur le NFP, qui aurait toutes les raisons de censurer un gouvernement illégitime et minoritaire, le calcul d’Emmanuel Macron repose nécessairement sur un autre schéma : celui de la bienveillance de l’extrême droite à l’égard du coup de force qu'il fomente pour empêcher le NFP d’accéder au pouvoir. Marine Le Pen a en effet promis que ses députés censureraient tout gouvernement du NFP, mais elle s’est bien gardée d'en dire de même d’un gouvernement de centre droit.
Si et seulement si les voix du RN manquent à l’appel de la censure, il existe une chance pour la Macronie de se maintenir et de poursuivre sa politique. Si ce n’est pas une alliance objective, cela y ressemble bigrement. En trahison complète du désistement républicain dont les troupes d’Emmanuel Macron ont bénéficié avec l’appui des voix de gauche, le RN battu serait alors érigé en faiseur de roi, choisissant la couleur politique du futur gouvernement, bien loin de son rôle prétendu de principal « opposant » au chef de l’État.
Après avoir congédié les partis de gauche, Emmanuel Macron ose encore en appeler aux « circonstances exceptionnelles » du second tour, pour leur retourner le serment qu’il avait fait pour lui-même en 2022, en déclarant : « Ce vote les oblige. » Comme si lui-même était délié de toute obligation vis-à-vis des électeurs.
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