02 FÉVRIER 2024 - N°2103MÉDIASFrance Inter est-elle vraiment la première radio de France ? | Visuel d'illustration : affiche de la victoire Médiamétrie de France Inter (capture du site internet, © Radio France). |
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Encore gagné ! Une fois de plus, France Inter monte sur la première marche du podium, et nul ne semble parvenir à l'en détrôner. Le 11 janvier, Médiamétrie publiait les audiences des radios de France pour la période novembre-décembre 2023.
Sans surprise, le vaisseau amiral du service public fend l'onde scintillante de son succès, tout en gardant le cap que ses journalistes, du haut de leur nid-de-pie bobo parisien, tracent pour la France entière : à bâbord toute, quoi qu'il en coûte ! Ainsi file sur les flots la titanesque radio. Car près de 7 millions d'âmes l'écoutent chaque jour en semaine. 84.000 personnes de plus se sont branchées sur 87.9 l'an dernier pour une audience cumulée de 12,5 % (+0,1 point en un an). De quoi ravir Sybille Veil, présidente du groupe Radio France : « Rester leader est toujours un défi que France Inter relève depuis 20 vagues (de mesures, ndlr) consécutives », se félicite-t-elle. Adèle Van Reeth, directrice de France Inter, complète : « Ces excellents résultats viennent clore une année record pour France Inter, avec une matinale puissante qui gagne près de 200 000 auditeurs en un an et des programmes éclectiques qui touchent de nouveaux publics sur l'antenne et le numérique » (voir France Inter). Derrière, le navire RTL, avec 5,4 millions d'auditeurs quotidiens, rame et rouille un peu. 330.000 auditeurs l'ont quitté sur un an. Son audience cumulée est passée de 10,3 % à 9,6 %.
De France Inter ou de RTL, qui est la première radio de France ? Médiamétrie semble avoir tranché cette question. Mais puisqu'on fait dire aux chiffres ce que l'on veut, est-on en droit de les relativiser, voire de leur faire dire autre chose ?
C'est à ce petit jeu que s'est livré le site Économie Matin. On ne peut comparer que ce qui est comparable. Or, même si les deux antennes appartiennent à la même bande FM, France Inter et RTL ne jouent pas dans la même cour. Car, structurellement, trois éléments avantagent le service public : le premier, c'est le nombre d'émetteurs. France Inter couvre 62,7 millions d'habitants (…), alors que RTL n'en atteint que 50,4 millions. France Inter a 690 émetteurs et RTL en a presque trois fois moins (270) ! Vu sous cet angle, les deux stations ne luttent pas à armes égales. Cet empâtement sur le territoire pèse son poids d'auditeurs : « Pas moins de 6.935 millions de Français ont écouté France Inter, contre 5.366 millions pour RTL », note Économie Matin, soit un écart 1,5 millions. C'est beaucoup mais rapporté au nombre d'émetteurs respectifs, ce n'est pas si spectaculaire que ça. Qu'en serait-il si RTL avait autant d'émetteurs que France Inter ? Et là, patatras : une simple règle de trois inverse le rapport de forces : « Si France Inter est écoutée par 6.935 millions de Français grâce à 690 émetteurs, alors chaque émetteur offre à France Inter environ 10.000 auditeurs (10.050 très précisément). Le même calcul pour RTL et ses 270 émetteurs donne plus de 11.000 auditeurs par émetteur (11.790 très précisément). Et là, le classement s'inverse. » À armes égales, RTL « serait écoutée par 8.135 millions de Français » et raflerait alors les lauriers de première radio de France.
Le deuxième avantage de France Inter, note Jean-Baptiste Giraud, c'est « l'absence de publicité ». À la vérité, celle-ci n'est pas totale : « Sur la tranche 7h/9h, la publicité ne peut pas ainsi excéder 3 minutes en moyenne annuelle par jour », indique le site de Radio France. 3 minutes, c'est toujours trop mais pas grand-chose comparé aux 15 minutes par heure « voire plus » que l'auditeur s'enfile sur RTL, radio privée dépendant à 100 % de ses annonceurs. La pub à haute dose fait fuir l'audience. Une radio privée saturée de réclame aura plus de mal à fidéliser son public, à le consolider. Cette réalité rend la comparaison difficile entre le public et le privé.
Troisième avantage : « le fameux 87,9, qui se trouve être au tout début de la bande FM, première station sur laquelle les postes analogiques autrefois, numériques aujourd'hui, se synchronisent », observe Économie Matin. La plus haute marche du podium irait-elle forcément à la première place sur la FM ? Le raccourci est excessif. Il n'explique pas en particulier pourquoi France Inter a détrôné RTL en 2019 (Le Monde), avec la même configuration de réseau. L'article a toutefois le mérite d'attirer l'attention sur la mesure de l'audience. En 2017, Didier Maïsto, alors patron de Sud Radio, s'en était pris avec fracas à la méthode de Médiametrie mais la justice l'avait débouté (24 Matin). Louis Daufresne |
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Pour aller plus loin :Audiences radio : pourquoi France Inter est l’éternel premier (avec tout le service public ?)Vous êtes abonné(e) à LSDJ |
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Encore gagné ! Une fois de plus, France Inter monte sur la première marche du podium, et nul ne semble parvenir à l'en détrôner. Le 11 janvier, Médiamétrie publiait les audiences des radios de France pour la période novembre-décembre 2023.
Sans surprise, le vaisseau amiral du service public fend l'onde scintillante de son succès, tout en gardant le cap que ses journalistes, du haut de leur nid-de-pie bobo parisien, tracent pour la France entière : à bâbord toute, quoi qu'il en coûte ! Ainsi file sur les flots la titanesque radio. Car près de 7 millions d'âmes l'écoutent chaque jour en semaine. 84.000 personnes de plus se sont branchées sur 87.9 l'an dernier pour une audience cumulée de 12,5 % (+0,1 point en un an). De quoi ravir Sybille Veil, présidente du groupe Radio France : « Rester leader est toujours un défi que France Inter relève depuis 20 vagues (de mesures, ndlr) consécutives », se félicite-t-elle. Adèle Van Reeth, directrice de France Inter, complète : « Ces excellents résultats viennent clore une année record pour France Inter, avec une matinale puissante qui gagne près de 200 000 auditeurs en un an et des programmes éclectiques qui touchent de nouveaux publics sur l'antenne et le numérique » (voir France Inter). Derrière, le navire RTL, avec 5,4 millions d'auditeurs quotidiens, rame et rouille un peu. 330.000 auditeurs l'ont quitté sur un an. Son audience cumulée est passée de 10,3 % à 9,6 %.
De France Inter ou de RTL, qui est la première radio de France ? Médiamétrie semble avoir tranché cette question. Mais puisqu'on fait dire aux chiffres ce que l'on veut, est-on en droit de les relativiser, voire de leur faire dire autre chose ?
C'est à ce petit jeu que s'est livré le site Économie Matin. On ne peut comparer que ce qui est comparable. Or, même si les deux antennes appartiennent à la même bande FM, France Inter et RTL ne jouent pas dans la même cour. Car, structurellement, trois éléments avantagent le service public : le premier, c'est le nombre d'émetteurs. France Inter couvre 62,7 millions d'habitants (…), alors que RTL n'en atteint que 50,4 millions. France Inter a 690 émetteurs et RTL en a presque trois fois moins (270) ! Vu sous cet angle, les deux stations ne luttent pas à armes égales. Cet empâtement sur le territoire pèse son poids d'auditeurs : « Pas moins de 6.935 millions de Français ont écouté France Inter, contre 5.366 millions pour RTL », note Économie Matin, soit un écart 1,5 millions. C'est beaucoup mais rapporté au nombre d'émetteurs respectifs, ce n'est pas si spectaculaire que ça. Qu'en serait-il si RTL avait autant d'émetteurs que France Inter ? Et là, patatras : une simple règle de trois inverse le rapport de forces : « Si France Inter est écoutée par 6.935 millions de Français grâce à 690 émetteurs, alors chaque émetteur offre à France Inter environ 10.000 auditeurs (10.050 très précisément). Le même calcul pour RTL et ses 270 émetteurs donne plus de 11.000 auditeurs par émetteur (11.790 très précisément). Et là, le classement s'inverse. » À armes égales, RTL « serait écoutée par 8.135 millions de Français » et raflerait alors les lauriers de première radio de France.
Le deuxième avantage de France Inter, note Jean-Baptiste Giraud, c'est « l'absence de publicité ». À la vérité, celle-ci n'est pas totale : « Sur la tranche 7h/9h, la publicité ne peut pas ainsi excéder 3 minutes en moyenne annuelle par jour », indique le site de Radio France. 3 minutes, c'est toujours trop mais pas grand-chose comparé aux 15 minutes par heure « voire plus » que l'auditeur s'enfile sur RTL, radio privée dépendant à 100 % de ses annonceurs. La pub à haute dose fait fuir l'audience. Une radio privée saturée de réclame aura plus de mal à fidéliser son public, à le consolider. Cette réalité rend la comparaison difficile entre le public et le privé.
Troisième avantage : « le fameux 87,9, qui se trouve être au tout début de la bande FM, première station sur laquelle les postes analogiques autrefois, numériques aujourd'hui, se synchronisent », observe Économie Matin. La plus haute marche du podium irait-elle forcément à la première place sur la FM ? Le raccourci est excessif. Il n'explique pas en particulier pourquoi France Inter a détrôné RTL en 2019 (Le Monde), avec la même configuration de réseau. L'article a toutefois le mérite d'attirer l'attention sur la mesure de l'audience. En 2017, Didier Maïsto, alors patron de Sud Radio, s'en était pris avec fracas à la méthode de Médiametrie mais la justice l'avait débouté (24 Matin). Louis Daufresne |
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