« Au camarade Lallement… »
Je tenais à vous remercier pour votre belle carte de vœux, agrémentée d’une plaisante citation de Léon Trotsky.
Votre goût de la provocation confine ici au génie : après une gestion de l’ordre proprement calamiteuse lors de la crise des gilets jaunes, dénoncée jusqu’au sein même de la majorité parisienne, après votre indéfectible soutien à Christophe Girard, sortant de la traditionnelle réserve qui sied pourtant à votre fonction, après la répression de la manifestation féministe du 8 mars qui aura choquée jusqu’à des membres du gouvernement, vous vous drapez non sans cynisme d’un chatoyant manteau écarlate.
Alors certes, la période des fêtes est propice à ce type de citation détournée, où l’on module ad nauseam quelques fades propos attribués tantôt à Mandela, Socrate ou Mère Theresa. La vôtre a du moins le mérite d’une piquante originalité, il faut bien le reconnaitre.
Mais enfin, confondre le désordre établi qu’essaye péniblement de maintenir ce régime à coup de LBD, et les propos d’un révolutionnaire pris dans les tourmentes d’une terrible guerre civile, là chose est plutôt cocasse. Peut-être songez-vous à un nouveau Kronstadt pour mater une plèbe par trop turbulente ?
Tout ceci a bien sûr valeur de plaisanterie. Comme votre carte d’ailleurs. Mais permettez tout de même que je puisse ici finir par une autre citation de l’illustre bolchevik :
« L’histoire est faite par des spécialistes du métier : monarques, ministres, bureaucrates, parlementaires, journalistes. Mais, aux tournants décisifs, quand un vieux régime devient intolérable pour les masses, celles-ci brisent les palissades qui les séparent de l’arène politique, renversent leurs représentants traditionnels, et, en intervenant ainsi, créent une position de départ pour un nouveau régime. Qu’il en soit bien ou mal, aux moralistes d’en juger. »
Il semblerait qu’en la matière, camarade Lallement, j’ai moi aussi «choisi mon camp».
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