Les castors dînent avec Le Pen
Bruno Roger-Petit et Marion Marechal Le Pen dînent dans une barque. Roger-Petit tombe à l’eau. Pas de souci, un type qui m’insultait sans retenue quand il était déguisé en journaliste saura nager. Sur son barrage, le castor regarde passer la barque sur son ouvrage. Il faut le héler ! Hé, castor ! qui est resté sur la barque ? Le brave castor ! Je le plains. Il a cru faire barrage au Front national en votant Macron. Comme le pied noir qui a voté De Gaulle pour garder l’Algérie française, le castor a senti son estomac diminuer de moitié quand il a appris le rendez-vous du conseiller de Macron avec la nièce Le Pen ce jour-là.
Ça coinche fort ces temps-ci depuis le château. Le magnifique héros du castor, débordant de jeunesse et de starteuperie lui a déjà mis un gros coup de moisi cette semaine. Dans « L’Express » ça pinçait grave. Le castor a été adjuré d’admirer le grand militaire Pétain quoiqu’il ait capitulé sans combattre, et décidé des lois antijuives, Maurras pour sa brillance littéraire quoique ce fût dans la haine antisémite, Colbert pour sa mansuétude dans le code noir compte tenu du contexte esclavagiste de l’époque. Le castor a peut-être vomi son quatre-heures. Pauvre minet. La politique pour lui c’était simple : les bons sentiments et la pause d’abord, la réflexion ensuite. Et le voilà confronté à la grande loi du monde : l’Histoire est tragique. Le citoyen ne doit jamais oublier qu’il a sous l’armure de la mémoire la leçon des cicatrices de l’Histoire. Le citoyen doit être assez méfiant pour ne pas se faire avoir deux fois. Nous autres, vieux truffiers, nous sentons clair et net le champignon quand il est sous terre. Le castor est plutôt entraîné à retenir son souffle. Il faut donc le taquiner pour lui desserrer le nez ! Je le fais.
Tu te souviens Castor quand tu me reprochais de ne pas donner gratis un brevet d’anti-lepénisme à Macron au second tour de la présidentielle ? Tu te souviens de tes flatulences de satisfaction quand on te jouait le grand air de « la porosité entre les insoumis et les lepénistes » ? Tu t’indignais, tu condamnais, tu hurlais avec la meute ! Tu étais tellement content d’avoir fait « le bon choix ». Maintenant, tes chefs dînent sans longue cuillère avec le diable que tu prétendais combattre. Tu te souviens, Castor, quand tu nous laissais accuser d’anti-sémitisme après qu’un dingue de comptable venu de Versailles ait maculé de 80 croix gammées tout Paris à lui tout seul ? Tu te gonflais de bonne conscience. « Le Parisien » avait titré « ça suffit » à la une. Tu étais si bouffi de satisfaction d’avoir ta place dans le bon camp. Aucune injure ne te paraissait de trop contre les Insoumis jusque dans les rassemblements auxquels ils participaient contre l’antisémitisme. Et maintenant te voilà incité à admirer le pire de l’antisémitisme, celui qui se portait drapeaux et musique en tête : Maurras et Pétain ! Sans oublier la « contextualisation » du code noir et de ses auteurs. Tu vas le faire ? C’est bien possible. Et sinon tu regarderas ailleurs une fois de plus. Tu regardais ailleurs quand la ligue de défense juive traitait les femmes insoumises de « putes à bicots ». Ce jour-là le copain de Benalla, le commissaire Mizersky nous obligeait à quitter la marche pour Mireille Knoll à laquelle notre groupe parlementaire avait appelé. Et toi, Castor, tu m’as jeté à la figure « vous l’avez bien cherché ».
Castor, tu hésites à avoir honte de toi ? Oui, c’est vrai, dans ton milieu on prône l’humilité mais seulement si elle peut être aussi ostentatoire que la bagnole, les fringues ou la montre. Et puis il est vrai qu’il te reste un joli bout de ces joies malsaines à partager avec tes amis de rallyes macronistes. Une belle séquence de haine des musulmans. Un bon moment de bonne conscience aigre avec votre loi glauque « contre le séparatisme ». Ta grande cheftaine la ministre Marlène Schiappa a déjà donné le ton : ceux qui résistent sont des islamos-gauchistes favorables à la polygamie et aux certificats de virginité. Et puis tu es rassuré : elle t’a dit que tes « parties à trois et plus » n’étaient pas menacées. Ainsi Castor, à mesure que ton quinquennat préféré avance, ton niveau moral progresse avec les conseils de tes porte-parole : Maréchal-Le Pen, le code noir Pétain, Maurras et les parties à trois. Tu me diras que tu n’es pas seul dans tes indignations à géométrie variable. Ecoute le silence du CRIF et des autres commensaux du dîner annuel de la bonne conscience à 500 euros le couvert déductible des impôts. Lis Charles Enderlin et tu sauras pourquoi ça ne doit pas non plus te surprendre si tu te renseignes. Car c’est une vieille pente qui finit souvent par regrouper tous ces gens-là. En toute circonstance, la bien-pensance n’a ni religion ni principe qui compte plus que ses penchants de classe !
Et vous autres, tous les autres ? Ceux qui veulent seulement bien faire et ne savent pas toujours comment. Vous autres qui vous êtes trompés et qui avez été trompés de bonne foi. Tirez la leçon. Cessez de courir dès qu’on vous sonne, cessez de croire les gens sur leur mine, cessez les garde-à-vous convoqués au sifflet des bienpensants. Ne courez plus jeter vos pierres à tous les piloris médiatiques. Quasimodo était déjà plus pur que ses détracteurs. Juifs, musulmans, républicains de toutes eaux, souvenez-vous : vos meilleurs alliés en fraternité contre les persécutions restent ceux qui restent fidèles à notre humanité commune. Même sous vos mépris. Les insoumis ont parfois pauvres mines mais ils ont toujours le cœur et les engagements fermes et fidèles. Quoiqu’il leur en coûte.
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