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samedi 30 mai 2020

"Racisés" ou pas, beaucoup de Français ont peur de ce qu'est devenue la police - le 30.05.2020


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30/05/2020 05:05 CEST | Actualisé il y a 2 heures

"Racisés" ou pas, beaucoup de

 Français ont peur de ce qu'

est devenue la police


Un policier braque un LBD en direction de la foule durant l'Acte XI des gilets jaunes à Paris,...


SOPA IMAGES VIA GETTY IMAGES
Un policier braque un LBD en direction de la foule durant l'Acte XI des gilets jaunes 
à Paris, le 26 janvier 2019.

J’ai lu dans Le HuffPost la tribune du policier Grégory Joron en réaction aux déclarations
 de Camélia Jordana et intitulée: “Nous, policiers, nous sentons haïs et ‘massacrés’.” Je
suis un simple citoyen français, je suis blanc, et j’aimerais lui dire à mon tour ce que je
ressens.
Depuis plusieurs mois je vois les violences policières à la télé et les forces de l’ordre se
plaindre d’une haine anti-flics.
Les forces de l’ordre sont nécessaires au maintien de l’ordre et à la sécurité. Nous avons
 tous été heureux lors des attentats du Bataclan et de Charlie Hebdo d’avoir des policiers
pour nous protéger, déjouer les attentats de ces dernières années. Nous avons été émus
 lorsque le gendarme Beltrame s’est substitué à une otage lors d’une intervention (je doute
 que beaucoup d’entre nous l’aurions fait). Le métier de policier n’est pas facile comme
l’ont très bien montré les films “Les misérables” ou encore “Polisse”. Il n’est pas
 acceptable que des gens insultent des policiers, foncent de leur plein gré dans une voiture
 de police ou y jettent un cocktail Molotov car de fait ils mettent en danger la vie de
 personnes qui ont aussi une famille et sont des représentants de l’Etat. De plus, lors
du Covid-19, ils ont été envoyés en première ligne sans gants ni masques car “immunisés”
 selon M. Castaner.

Leur équipement en manifestation est

maintenant totalement disproportionné face

à des gens armés de pancartes en carton,

foulards et banderoles.

Pour autant, il n’est pas acceptable que les violences policières que nous voyons de plus
 en plus régulièrement continuent:
Comment un simple contrôle routier peut-il se terminer par la mort du livreur?
Comment se fait-il que de plus en plus de groupes qui ne sont pas contre la police ou
 le gouvernement se font tabasser à la matraque, gazer comme les pompiers (avec qui
les forces de l’ordre travaillent), les féministes ou les écologistes?
Comment se fait-il que lors de la mort de Steve à Nantes, aucun témoignage autre que
celui des policiers n’ait été pris en compte?
Comment se fait-il qu’on arrive à un bilan aussi élevé en terme de mutilations, de
 blessés lors de la crise des gilets jaunes et de la mobilisation contre la réforme des
 retraites, où un lycéen a eu la mâchoire éclatée par un flashball?
Au nom de quoi les journalistes sont-ils de plus en plus menacés lors des manifestations,
voient leur matériel confisqué par les forces de l’ordre et accusés de “regroupement
en vue de commettre des violences”?
Quelle loi morale autorise des policiers à détruire le peu que possèdent les migrants
qui vivent dans la rue?
Qu’est-ce qui autorise à contrôler plusieurs fois par jour ou par semaine des gens
simplement parce qu’ils sont noirs, arabes ou vivent dans une cité? (Etant blanc
et n’ayant jamais habité dans une cité je n’ai jamais eu ce problème).

Les témoignages qui montrent les violences

croissantes m’empêchent pour le moment de

me dire que la police et la gendarmerie sont

là pour seulement protéger la population.

Me rendant souvent en manifestation, j’ai vu l’équipement des CRS changer, passant
 de l’équipement “standard” (matraque, casque et bouclier) à celui d’un militaire
partant pour l’Afghanistan (10 sprays de lacrymogène par CRS sans compter les
 flashball pour un CRS sur trois, voire de vraies armes létales). Cela donne un équipement
 totalement disproportionné face à des gens équipés de pancartes en carton, de foulards
et de banderoles. Hormis les casseurs, que l’on ne peut nier mais qui représentent une
 petite minorité, les manifestants ne viennent pas dans l’intention de détruire ou casser
 du policier. Oui M. Joron, face à tout cela, les gens ont peur car le représentant de
 l’ordre devient quelqu’un qui peut potentiellement être dangereux pour leur vie.
La justice doit être dans les deux sens. Autant il est inacceptable de mettre en danger
la vie d’un fonctionnaire de l’Etat, autant les violences qui peuvent être commises par
ce dernier ne sont en aucun cas tolérables. Comment la police veut-elle continuer à
 inspirer le respect tant que la logique qui prédomine est celle de la violence et de la
 répression?
La faute revient aussi à l’IGPN ainsi qu’à la justice qui ne font pas correctement
leur travail et refusent de sanctionner les représentants de l’ordre qui sont fautifs.
A ceci s’ajoutent des ordres parfois complètement fous venant du ministère ou du
 préfet et que les policiers sont forcés d’appliquer sous peine de sanctions lourdes.
M. Joron déclare qu’il est scandaleux que l’on puisse faire des caricatures de la
police, dénoncer ses actes. Je lui réponds que oui c’est possible car nous sommes
dans un Etat démocratique avec la liberté d’expression, d’opinion et de manifestation.
 Nous sommes aussi dans un Etat de droit où l’Etat et ses représentants sont soumis
 à la loi. Les violences gratuites, injustifiées et disproportionnées sont condamnables.

Comment la police veut-elle continuer à inspirer

le respect tant que la logique qui prédomine

est celle de la violence et de la répression?

Quant à la question de la police qui serait fasciste je n’y crois pas. Il y a des fascistes
dans tous les métiers du monde. En revanche il va falloir que la police ne puisse pas
 laisser le moindre doute sur cette question. Quand elle protège Eric Zemmour lors
 d’une séance de dédicace publique d’un nouveau livre prônant la suprématie raciale,
la haine et la xénophobie, cela peut nous faire douter de son engagement républicain.
Je constate moi-même, avec regrets, que j’ai beaucoup changé d’avis sur les forces de
 l’ordre en 5 ans. Je crois que les policiers ne sont pas tous “pourris”. Malheureusement
 les images, les témoignages de plus en plus fréquents qui montrent les violences
croissantes m’empêchent pour le moment de me dire que la police et la gendarmerie
 sont là pour seulement protéger la population. Il n’est jamais trop tard pour changer
 et les forces de l’ordre peuvent s’améliorer, changer la situation à condition de ne plus
se poser en victimes lorsque l’un de leurs membres est fautif. Reconnaître ses fautes est,
 à mon sens, l’une des plus grandes forces qui soient.

A voir également sur Le HuffPost: Comme Camélia Jordana, “pas en sécurité” 
face à la police? On a posé la question à Clichy-sous-Bois et La Courneuve

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