HISTOIRE et MÉMOIRE
Merci Liberté, j’écris ton nom….
Dans mon panthéon se côtoient ceux qui nous ont offert le chemin de liberté. Des modestes, des anonymes qui ont su changer nos vies. . Ce jeune savoyard, par exemple. De lui, il ne reste plus rien. Si ce n’est ce vague à l’âme de portrait, ces yeux sur fond sépia. Sous le visage rieur, ces biffures de mots par lui ou par d’autres inscrits: « J’ai vécu comme j’ai pu. J’ai tenté de défendre mon pays et de lui rendre un peu de son honneur perdu ». L’écriture est nitescence comme la sobriété de ces enfants qui ne supportaient pas la courbure des défaites. Il n’a jamais été décoré, on l’a à peine cité au gré des commémorations. Il n’a, de sa vie, vu aucun projecteur et n’a laissé à la mémoire que le seul visage promptement volé un dimanche de chemises blanches par un colporteur d’avril. Il s’appelait André Charles,on le surnommait "LIberté", et il faut plonger dans les affres de la dernière guerre pour cheminer son sentier de courage.
Il avait vingt ans alors lorsqu’on décréta que tous les conscrits de cet âge partiraient pour les vertiges d’Allemagne. Il avait refusé parce qu’il fallait le faire simplement, pour sa terre, pour les enfants à venir. On l’avait arrêté, poussé dans ces convois qui sentaient l’inquiétude des hommes. A Chambéry, dans la fracture d’un tunnel, il avait sauté du train comme il l’aurait fait jadis d’un arbre. Il avait erré les campagnes, rencontré ces copains du maquis et disparu aux confins des années 43, là-haut où les hommes avaient eux aussi décidé de refuser l’avancée de l’ennemi. On le voit maintenant, derrière un fusil. Nous sommes fin août 1944. Au-dessous, on distingue une route, et puis un grand silence qui pèse sur le décor. Il attend comme d’autres partisans le passage des camions allemands qui refluent vers l’Italie. Un bruit de moteur, il se rapproche. Ils sont là, il faut tirer, André, maintenant. Alors il s’arque boute sur le fusil, la posture lancine l’épaule. D’un coup vient l’éclair. Il frappe au front comme une étoile et André bascule dans les songes.
Il fait nuit, maintenant. Il a les yeux ouverts sur le ciel. C’est un soir débarrassé de pluie. On songe en le voyant au « Dormeur du val » de Rimbaud. « Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine / Il a deux trous rouges au coté droit ». On vint le chercher plus tard. On le porta comme on porte un frère. On l’étendit sur la table d’une cuisine de hameau. Il faisait beau, ce jour là. « Un soleil à n’y pas croire » aurait dit un autre poète. A quelques pas de nuages, on entendait chanter la libération des vallées…
Il avait vingt ans alors lorsqu’on décréta que tous les conscrits de cet âge partiraient pour les vertiges d’Allemagne. Il avait refusé parce qu’il fallait le faire simplement, pour sa terre, pour les enfants à venir. On l’avait arrêté, poussé dans ces convois qui sentaient l’inquiétude des hommes. A Chambéry, dans la fracture d’un tunnel, il avait sauté du train comme il l’aurait fait jadis d’un arbre. Il avait erré les campagnes, rencontré ces copains du maquis et disparu aux confins des années 43, là-haut où les hommes avaient eux aussi décidé de refuser l’avancée de l’ennemi. On le voit maintenant, derrière un fusil. Nous sommes fin août 1944. Au-dessous, on distingue une route, et puis un grand silence qui pèse sur le décor. Il attend comme d’autres partisans le passage des camions allemands qui refluent vers l’Italie. Un bruit de moteur, il se rapproche. Ils sont là, il faut tirer, André, maintenant. Alors il s’arque boute sur le fusil, la posture lancine l’épaule. D’un coup vient l’éclair. Il frappe au front comme une étoile et André bascule dans les songes.
Il fait nuit, maintenant. Il a les yeux ouverts sur le ciel. C’est un soir débarrassé de pluie. On songe en le voyant au « Dormeur du val » de Rimbaud. « Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine / Il a deux trous rouges au coté droit ». On vint le chercher plus tard. On le porta comme on porte un frère. On l’étendit sur la table d’une cuisine de hameau. Il faisait beau, ce jour là. « Un soleil à n’y pas croire » aurait dit un autre poète. A quelques pas de nuages, on entendait chanter la libération des vallées…
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