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vendredi 13 avril 2018

Pourquoi migrer tue Pourquoi migrer tue.....Hantés par les morts anonymes...


14 avril 2018

Pourquoi migrer tue 


" Franchir le Rubicon " (2016), de Jason deCaires Taylor. Le sculpteur britannique a immergé ses œuvres par 14 mètres de fond au large de Lanzarote, dans l'archipel des Canaries, créant le Musée Atlantique, ouvert aux plongeurs.
Jason deCaires Taylor/DACS/Artimage 2018
Plus l'Europe se ferme, plus le nombre de décès aux frontières augmente : au moins 40 000 depuis le début des années 1990, peut-être deux ou cinq fois plus. Jamais dans l'histoire une migration n'a causé autant de morts, affirment les chercheurs

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En ce jour de juin  2017, des centaines de fragiles embarcations de papier flottent sur les eaux du canal de l'Ourcq, à Paris. Organisé par des -associations et des artistes, ce " grand lâcher " de bateaux en origami rend hommage aux milliers de migrants disparus ces dernières années en Méditerranée. A 3 000 kilomètres de là, au large des côtes turques, un cimetière flottant évoque le souvenir des Syriens morts en mer en tentant de rejoindre l'Europe. Sur les pierres tombales amarrées près du rivage figurent les noms de 200 migrants engloutis par les flots – l'une d'elles est consacrée à Alan Kurdi, ce petit garçon de 3  ans dont le corps a été retrouvé sur une plage turque un matin de 2015.
En offrant une sépulture symbolique aux milliers de réfugiés morts aux portes de -l'Europe, les associations tentent de les -extraire du silence et de l'oubli. Structurelles, les morts aux frontières passent souvent inaperçues, souligne Antoine Pécoud, professeur de sociologie à l'université Paris-XIII, dans un travail réalisé en 2017 pour la Fondation pour les sciences sociales. Les migrants meurent en général dans des endroits peu accessibles ou dans des lieux périphériques, voire fermés. Beaucoup d'entre eux voyagent clandestinement et meurent tout aussi clandestinement. Même lorsque ces décès font l'objet d'une publicité médiatique, ils suscitent souvent une indifférence mêlée de résignation. "
Les migrants morts aux portes de l'Europe sont pourtant très nombreux. Si les estimations varient, les ordres de grandeur donnent le vertige. United for Intercultural Action, un réseau de plus de 500 associations européennes, a répertorié 17 000 décès entre 1993 et 2012. L'association Fortress Europ a comptabilisé plus de 27 000 morts de 1988 à 2016. Le consortium de journalistes The Migrants' -Files évoque le chiffre de 35 000 victimes -entre 2000 et 2016. Selon Olivier Clochard, -codirecteur du laboratoire Migrinter (CNRS-université de -Poitiers), près de 40 000 migrants sont morts aux frontières de l'Europe depuis le début des années 1990.
Les organisations recensent les cadavres -retrouvés sur les côtes, écoutent les témoignages des rescapés et rassemblent les articles de presse sur les naufrages, mais elles savent que de nombreux décès échappent  à leur vigilance : beaucoup de migrants sombrent en Méditerranée sans laisser de traces. Pour les prendre en compte, il faudrait, selon les interlocuteurs, multiplier les statistiques par deux, voire par cinq. " Il est toujours délicat de trouver un cœfficient multiplicateur mais il est évident que ces chiffres sous-estiment le nombre de décès, constate Olivier Clochard. La Méditerranée est devenue le plus grand cimetière de migrants du monde. "
Les chercheurs ont beau fouiller dans leur -mémoire, aucun ne trouve, dans l'histoire, la trace d'une migration ayant entraîné une telle hécatombe. Le sociologue Antoine Pécoud évoque les 1,8  million d'esclaves décédés lors du terrible " passage du milieu " –" mais c'est une tout autre histoire ". Le géographe Olivier Clochard songe aux juifs qui partirent en bateau, au lendemain de la seconde guerre mondiale, vers le tout nouvel Etat d'Israël – " mais il n'y a pas eu autant de morts ". L'anthropologue et chercheuse au CNRS Carolina Kobelinsky pense aux boat people vietnamiens des années 1970 – " mais ils ont gagné l'Europe en sachant qu'ils seraient pris en charge dès leur arrivée ".
Voyages périlleuxLe précédent qui vient spontanément à -l'esprit est la traversée de l'Atlantique effectuée par les millions d'Européens qui s'embarquèrent, au XIXe et au XXe  siècle, vers le -Nouveau Monde. " Mais il y avait beaucoup moins de -décès. Et ces décès n'étaient pas liés à la fermeture des frontières américaines mais aux dangers ordinaires des voyages de l'époque, qu'il s'agisse des maladies ou des naufrages,poursuit Carolina Kobelinsky. Ce qui est nouveau, en ce début de XXIe  siècle, c'est le -régime même des frontières : toute une trame de lois et de -règlements pousse aujourd'hui les réfugiés dans des voyages périlleux qui se transforment en tragédies. "
Ce n'était pas le cas il y a encore dix ou quinze ans. " En  2003, lorsque j'enquêtais dans les centres d'accueil de demandeurs d'asile pour ma thèse, 95 % des migrants que je rencontrais étaient arrivés en France par avion, le plus -souvent avec un passeport d'emprunt et un visa, poursuit Carolina Kobelinsky. Aujourd'hui, leurs petits frères ne peuvent plus le faire : les voies légales vers l'Europe sont devenues tellement inaccessibles qu'ils doivent risquer leur vie sur des routes très dangereuses, traverser le -désert et la mer, et perdre un, deux ou trois ans de leur vie dans des voyages périlleux que leurs aînés faisaient plus facilement. "
Depuis les années 1990, l'Europe verrouille en effet peu à peu son territoire. En  1995, la mise en œuvre de l'espace Schengen marque une première rupture : les citoyens des Etats signataires sont dispensés de contrôle aux frontières intérieures, mais la contrepartie de cette libre circulation est l'instauration d'une surveillance accrue aux frontières extérieures de l'Union européenne (UE). A cette logique de sécurisation s'ajoutent des politiques migratoires de plus en plus restrictives : avec les -attentats du 11  septembre  2001 aux Etats-Unis, puis ceux de Madrid en  2004, de Londres en  2005 ou de -Paris en  2015, les pays de l'espace Schengen ferment leurs portes aux -migrants du Sud.
Aujourd'hui, les Africains qui s'inscrivent dans un projet de regroupement familial, de rapprochement de conjoint ou d'études peuvent parfois – non sans difficultés – gagner la France en toute légalité. Mais tous les autres savent bien qu'ils n'ont aucune chance d'obtenir un visa de tourisme de trois mois – encore moins un visa de long séjour qui leur permettrait de s'installer durablement dans l'Hexagone. Pour braver le " mur de papier " érigé -depuis les -années 1990 par les Etats européens, les -migrants doivent donc traverser, au péril de leur vie, le désert -libyen, puis la mer Méditerranée.
Le site Missing Migrants de l'Organisation -internationale pour les migrations (OIM) tient, jour après jour, la chronique des tragédies qui rythment leurs voyages : sur la carte interactive élaborée par l'OIM, de petits -pavillons bleus -indiquent, au large du Maroc, de l'Algérie, de la Tunisie et, surtout, de la -Libye, la date des naufrages, le nombre de morts, la part des hommes, des femmes et des enfants, ainsi que leur nationalité. La plupart des rubriques restent -cependant étrangement vides : nul ne connaît avec précision le nombre exact des migrants disparus en Méditerranée, encore moins leurs nom, sexe ou nationalité.
Cette ignorance est liée à la clandestinité des traversées, mais aussi à l'indifférence de l'Union : aucune ligne budgétaire européenne n'est consacrée aux morts de la -migration. " Les Etats de l'UE documentent méticuleusement l'état de leur propre population ainsi que l'entrée sur leur territoire de -citoyens étrangers, mais ils accordent très peu d'attention, dans leur pratique statistique, aux personnes mortes en tentant de traverser leurs frontières ", -regrette le sociologue Antoine Pécoud. Une politique qui contraste avec celle des Etats-Unis : depuis 1998, l'agence -fédérale chargée de surveiller la frontière avec le Mexique tient un registre statistique précis du nombre de décès.
Pour l'écrivain italien Erri De Luca, cette négligence européenne n'est pas tout à fait le fruit du hasard. " Li lasciamo annegare, per -negare " (" nous les laissons se noyer, pour nier "), résumait-il en  2010. Une analyse partagée par -Antoine Pécoud, qui s'appuie sur le travail de Michel Foucault consacré, en  1978, au rôle-clé des statistiques dans la " gouvernementalité " des Etats modernes. " En omettant de recenser ces morts, affirme-t-il, les Etats les condamnent à l'invisibilité. Faute de statistiques, ils ne sont rien d'autre que des décès fortuits, connus des seuls habitants des rivages concernés ou de quelques rares spécialistes. "
Pour sortir les morts de la migration de cet oubli qu'elles jugent très politique, plusieurs associations ont décidé, il y a une vingtaine d'années, de comptabiliser les décès. En  1993, United for Intercultural Action a été la première à établir une liste de " requérants d'asile, de réfugiés et de migrants " morts aux frontières de l'Europe. Des chercheurs ont pris le -relais : en  2004, Olivier Clochard et Philippe -Rekacewicz ont publié, dans Le Monde diplomatique, une carte qu'ils mettent depuis régulièrement à jour avec Nicolas Lambert – tous trois sont cartographes au sein de -Migreurop. En  2013, un réseau de journalistes européens a, de son côté, lancé le projet The Migrants' Files.
Leur ambition ? Eriger une sépulture de -papier aux migrants qui ont disparu en Méditerranée. Redonner leur dignité à ces hommes et à ces femmes qui ont tenté de vivre avec nous. Rendre hommage à ces morts sans nom, sans âge et sans nationalité. Mais aussi transformer le fait divers en phénomène -social : ces " citoyens calculants ", selon le mot du sociologue britannique Nikolas Rose, -veulent politiser la question des morts aux frontières. " Cette hécatombe sans précédent -devrait être au cœur de nos débats sur les politiques migratoires, estime le géographe Olivier Clochard. Elle est pourtant reléguée au -domaine de l'anecdote. " " Compter permet de déchiffrer les effets d'une politique ", renchérit Carolina Kobelinsky.
Aux yeux de ces " statactivistes ", ces morts aux frontières ne sont en rien liés à la fatalité, au destin ou à l'inconséquence des migrants : ils sont le fruit des politiques menées par la " forteresse Europe ". " Il y a une corrélation très forte entre les politiques migratoires -restrictives et la mort des migrants, poursuit Olivier Clochard.Ce lien est direct quand, par exemple, des policiers bulgares renvoient dans la montagne des migrants qui meurent de froid, comme je l'ai constaté en avril  2016 à la frontière turque. Mais les politiques migratoires provoquent aussi des morts à distance : en multipliant les contrôles maritimes, l'Europe oblige les migrants à prendre des routes toujours plus longues et toujours plus dangereuses, où les décès se multiplient. "
Lorsqu'ils tentent de franchir sur de fragiles canots les quelques centaines de kilomètres qui séparent les côtes libyennes de l'Italie, les migrants croisent en effet la route de Frontex, l'agence qui coordonne depuis 2004 la gestion des frontières de l'Europe. En une dizaine d'années, l'équipement de cette agence s'est considérablement renforcé : pour intercepter ces embarcations remplies de migrants qui, souvent, ne savent pas nager, elle utilise des hélicoptères, des capteurs thermiques, des radars et des avions patrouilleurs. Devenue, en  2016, l'Agence européenne de garde-côtes et garde-frontières, elle dispose en outre d'un " pool de réaction rapide " constitué de 1 500 agents placés en réserve par les Etats européens.
Parce qu'elle contraint les migrants à -emprunter des routes maritimes périlleuses, cette surveillance de la mer provoque de nombreux drames, comme le démontrent les travaux de Charles Heller. Ce chercheura créé une plate-forme de cartographie des naufrages, baptisée Watch the Med, et a mis sur pied, avec l'université Goldsmiths de Londres, un projet qui les documente avec précision. Ce travail a permis de reconstituer l'histoire du Left-to-die Boat : ce bateau qui a sombré en  2011, au large des côtes libyennes, tuant 63 migrants, avait croisé un navire militaire, deux bateaux de pêche, un avion et un hélicoptère qui ne lui avaient pas porté secours.
En menant ce minutieux travail d'enquête sur les morts de la Méditerranée, les chercheurs tentent de faire émerger " la responsabilité des Etats ". Ils montrent ainsi qu'en  2014 le remplacement de l'opération humanitaire européenne " Mare Nostrum " par l'opération " Triton " de Frontex a provoqué plus de 1 500 décès." En analysant des naufrages qui ont suivi ce changement de politique ainsi que les statistiques de mortalité, ils démontrent que le danger de la traversée a beaucoup augmenté après cette décision politique de l'Europe, note -Antoine Pécoud. Entre janvier et avril, les -conditions météorologiques et le nombre de migrants étaient sensiblement identiques (26 644 en  2014, 26 228 en  2015), mais le chiffre des morts est passé de 60 à 1 687 : la mortalité a été multipliée par 27. "
Causalité n'est pas intentionnalitéPlus on contrôle, plus le nombre de morts augmente, résume le géographe Olivier -Clochard, qui en veut pour preuve l'évolution des courbes de mortalité aux frontières. Au début des années 1990, quelques dizaines de migrants mouraient, tous les ans, en tentant d'accéder à un pays de l'UE. Avec le durcissement des politiques migratoires, à la fin des années 1990, le chiffre est passé à plusieurs centaines par an. Aujourd'hui, les décès se comptent tous les ans par milliers. " Il y a une corrélation évidente entre le renforcement des politiques migratoires et le nombre de morts aux frontières ", affirme Olivier Clochard.
En comptant les morts, les associations -tentent de rendre l'Europe comptable de ces tragédies. " Causalité ne veut pas dire intentionnalité, précise cependant l'anthropologue Carolina Kobelinsky. L'Union européenne n'a pas adopté un plan machiavélique qui consiste à programmer la mort des migrants. En revanche, elle a mis en place des politiques dissuasives qui ont un prix : les morts aux frontières. En verrouillant administrativement les frontières et en mettant en place des patrouilles équipées de radars et de capteurs en Méditerranée, l'Union européenne oblige les migrants à -emprunter des routes dangereuses qui provoquent des milliers de décès tous les ans. "
L'Europe n'en a pas toujours conscience mais, en fermant ses portes aux migrants -venus du Sud, elle rompt avec une longue histoire : -jusqu'à la fin du XXe  siècle, les citoyens franchissaient les frontières sans grande difficulté. " Le concept même de visa est récent, rappelle le -sociologue Antoine Pécoud. En Europe, jusqu'à la seconde guerre mondiale, les gens n'avaient pas besoin de papiers pour se déplacer. Après la Libération, les immigrés venus du Maghreb -n'attendaient pas l'obtention d'un visa en bonne et due forme pour venir travailler en France : les préfectures les régularisaient sans problème après leur arrivée. A l'époque, l'Etat ne se formalisait pas de ne pas avoir été consulté en amont ! "
Pour beaucoup de chercheurs, la politique de fermeté adoptée à la fin des années 1990 est quelque peu paradoxale : lorsqu'il ne s'agit pas des migrants, le monde occidental célèbre volontiers les vertus du mouvement. " La -mobilité est la nouvelle valeur du monde -contemporain, constate Antoine Pécoud. Le problème, c'est qu'elle n'est pas également -distribuée : l'Europe a décrété que son territoire était interdit aux migrations et le reste du monde est prié de s'adapter. Résultat : l'élite du Nord se déplace efficacement, rapidement et sûrement sur toute la planète, mais les migrants du Sud sont assignés à résidence dans leur pays. La mobilité est indolore pour les élites, mortelle pour les déshérités. "
Pour le sociologue allemand Zygmunt -Bauman (1929-2017), ce régime différentiel de mobilité est le fruit de la mondialisation. Les deux figures contemporaines qui symbolisent, selon lui, ces nouvelles inégalités de -déplace-ment sont le vagabond et le touriste, expliquait-il dans Le Coût humain de la mondialisation (Fayard, 1999) : le touriste savoure les joies de la " mondialité ", le vagabond doit se contenter de la " localité ". " Pour les “vagabonds” relégués aux portes de l'Europe, conclut le collectif Babels dans La Mort aux frontières de l'Europe (Le Passager clandestin, 2017),prétendre prendre part au “monde des riches” se fait au péril de la vie. " Rien qu'en  2016 ce rêve a coûté la vie à plus de 5 000 femmes, hommes et enfants.
Anne Chemin
© Le Monde


14 avril 2018

Hantés par les morts anonymes

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Si la mort des migrants passe souvent -inaperçue dans le débat public, elle -imprègne -longtemps la mémoire de ceux qui y ont été confrontés. " Aux îles Canaries, où j'ai travaillé, les gardiens du cimetière qui avaient enterré les morts de la migration des années 1990 se souvenaient très bien de ces -drames, explique l'anthropologue -Carolina -Kobelinsky. Les -habitants de Lampedusa ont, eux aussi, gardé une -mémoire très -concrète du naufrage de 2013, qui a fait plus de 300 morts : comme le -montre le sociologue Guido Nicolosi dans Lampedusa. Les Damnés de la mer - L'Aube, 2017 - , ils -racontent le -souvenir des allées et venues et des odeurs, le fait que le poissonnier ait prêté son camion -frigorifique pour le transport des -cadavres, la mobilisation des -fossoyeurs et des médecins de la ville. "
Ces morts anonymes hantent la -mémoire des -habitants à la manière de fantômes. Après le naufrage de Lampedusa, en  octobre 2013, les 366 cercueils ne portaient que -quelques brèves -indications : " Mort -numéro  31, sexe masculin, noir, -probablement 30  ans " ; " Mort numéro  54, sexe -féminin, noire, probablement 20  ans " ; " Mort numéro  11, sexe -masculin, noir, probablement 3  ans ".
Impératif éthique" C'est à cet anonymat que ne se -résignent pas les acteurs de terrain, -observe Evelyne Ritaine, chercheuse à Sciences Po Bordeaux, dans un -article publié en juin  2017 par la revue Rhizome. Ce sont eux qui font pression pour que les corps soient documentés et que les gouvernements mettent au point des procédures médico-légales d'identification à la disposition des -familles. "
Pour ne pas oublier ces morts sans nom et sans histoire, certains observateurs deviennent des " veilleurs de -mémoire ", selon le mot d'Evelyne -Ritaine. " Pour eux, il y a un impératif éthique : que ces morts ne soient pas oubliés dans le -tragique de l'événement du naufrage, mais aussi dans l'humanité de leur existence, souligne-t-elle.La publication de récits de vies et de -photographies de défunts, les commé-morations locales, comme le Jardin de la -mémoire, à Lampedusa, sont autant d'actes de remémoration, de luttes -contre l'oubli, de -refus de -l'inéluctable. Les créateurs, eux, -travaillent à la -transfiguration des traces. Les barques et les objets des migrants disparus sont réinvestis dans des créations qui parlent à la place des disparus. "
A. Ch.
© Le Monde

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