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samedi 28 avril 2018

ECONOMIE - La croissance ralentit en France comme dans la zone euro.....

ECONOMIE


28 avril 2018

La croissance ralentit en France comme dans la zone euro

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Les plus optimistes l'espéraient à + 0,6 %, l'Insee l'attendait à + 0,4 %. La progression du PIB français a été ramenée à + 0,3 % au premier trimestre 2018
L'atonie de la consommation des ménages et la très nette décélération des investissements des entreprises expliquent le tassement de la croissance
Ce trou d'air ressenti dans la zone euro laisse perplexe Mario Draghi, le patron de la BCE, qui craint un protectionnisme accru
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© Le Monde

28 avril 2018

Petite croissance en France au premier trimestre

La progression du PIB s'est tassée, passant de + 0,7 à + 0,3 %. C'est moins que ce que prévoyait l'Insee

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Après l'euphorie, le coup de mou. D'après les estimations de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), rendues publiques vendredi 27  avril, la croissance a nettement ralenti en France au premier trimestre. Le produit intérieur brut (PIB), qui avait progressé de 0,7  % à la fin de l'année précédente, plafonne à 0,3  % pour les trois premiers mois de 2018. C'est 0,1 point de moins que ce qui était anticipé par l'organisme public.
" On a sans doute atteint un point haut fin 2017. Le pic de croissance est derrière nous ", estime Alexandre Vincent, économiste chez Cœ-Rexecode, un think tank proche du patronat. Faut-il s'en inquiéter ? Non. En tout cas pas pour l'instant. Le fléchissement était attendu. Il n'y a " rien de  surprenant " à ce " léger tassement ", a estimé vendredi  le ministre des finances, Bruno Le Maire. Début avril, la Banque de France avait été la première à revoir ses prévisions à la baisse, évoquant déjà une croissance de 0,3  % au premier trimestre. En cause : la contraction de la production manufacturière et une consommation des ménages atone.
Même si elles augmentent en glissement annuel, les performances enregistrées dans l'industrie au premier trimestre piquent en effet du nez dans presque tous les secteurs. Affectée par la baisse des matériels de transport, la production manufacturière tombe dans le rouge, à – 1,1  % après + 1,5  % au quatrième trimestre 2017. Seules la construction et l'énergie soutiennent un peu les courbes, de même que les services, qui se maintiennent à un bon niveau (+ 0,5  % après + 0,8  %).
Pas étonnant, dans ce contexte, que le moral des entrepreneurs ait marqué le pas ces derniers mois. La demande globale et étrangère a été moins vivace que prévu. L'euro s'est apprécié par rapport au dollar, les prix du pétrole ont augmenté. En outre, les menaces de guerre commerciale persistent entre Washington et Pékin. " Les chefs d'entreprise sont fatalement plus circonspects. On assiste à une correction après la forte progression de 2017 ", observe Hélène Baudchon, analyste chez BNP Paribas.
Marché de l'emploi dynamiqueRésultat : " Les goulots de production se desserrent, après avoir augmenté continûment depuis fin 2016 et atteint en janvier  2018 un niveau proche de celui d'octobre  2000 ", notait l'Insee dans son enquête trimestrielle de conjoncture dans l'industrie. En d'autres termes, les tensions, liées aux problèmes de recrutement et au renouvellement de l'appareil productif, s'apaisent. En avril, le taux d'utilisation des capacités de production s'est établi à 85,3  %, un chiffre très élevé, mais en baisse de 0,5 point par rapport à janvier.
" Le trou d'air s'explique par l'explosion de la bulle d'optimisme. On le voit bien dans l'automobile : la production a été beaucoup plus forte que le niveau des immatriculations. Les entreprises ont parié sur une demande qui n'a pas été aussi forte qu'attendue, alors elles déstockent… ", note Stéphane -Colliac, économiste chez Euler Hermes. Cela se répercute assez logiquement sur les décisions d'investissement. Ces dernières baissent très nettement, passant de 1,6  % à 0,5  %.
En revanche, l'investissement des ménages, très corrélé au marché des logements neufs, reste stable. Mieux : les dépenses publiques augmentent, ce qui devrait soutenir la croissance dans les mois à venir, souligne M. Colliac.
La principale inquiétude vient du niveau de la consommation. Les dépenses en biens et services plafonnent à 0,2  %, comme au quatrième trimestre 2017. La baisse est particulièrement marquée dans l'alimentaire, tandis que la consommation en énergie a rebondi, en raison des tempé-ratures inférieures aux normales saisonnières enregistrées en février et mars.
Cette frilosité des ménages -s'explique notamment par la contraction du pouvoir d'achat. Une faiblesse ponctuelle, liée, selon Mathieu Plane, de l'Observatoire des conjonctures économiques (OFCE), au calendrier des mesures fiscales mises en œuvre par le gouvernement. La hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) et des impôts indirects (tabac, hydrocarbures) n'a pas encore été compensée par la baisse des cotisations salariales. Des réformes favorables comme la suppression de la taxe d'habitation pour 80  % de ceux qui la règlent aujourd'hui n'entreront en -vigueur qu'à la fin de l'année.
La consommation devrait donc reprendre progressivement, entretenue par un marché de l'emploi qui reste dynamique, malgré la hausse continue des temps partiels et des contrats précaires. " On n'a pas mangé toute notre -réserve de croissance ", résume M.  Plane.
Quels effets auront les grèves sur l'activité ? Impossible à évaluer pour le moment, même si M. Le Maire, a affirmé surEurope 1 que le tourisme pâtissait déjà des mouvements sociaux.
La France n'est pas la seule, en Europe, à connaître un trou d'air. Le moral des patrons a encore flanché en avril outre-Rhin. Les indicateurs donnent des signes de faiblesse en Allemagne et en Italie.
Malgré le tassement du premier trimestre, les économistes ne revoient pas, pour le moment, leurs prévisions annuelles à la baisse. Tous tablent encore sur une croissance évoluant en France entre 1,9  % et 2,1  % pour 2018. " L'élan acquis l'an passé est porteur, justifie Hélène Baudchon, de BNP Paribas. L'essoufflement est plutôt attendu pour 2019-2020. "
Élise Barthet
© Le Monde


28 avril 2018

La BCE s'inquiète de la menace d'un protectionnisme accru

Préoccupée par le ralentissement de la croissance dans la zone euro, l'institution de Francfort demeure néanmoins confiante

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L'ombre d'un doute. Si la croissance est toujours au rendez-vous dans la zone euro, quelques nuages obscurcissent désormais l'horizon. A commencer par les tensions commerciales soulevées par la politique de Donald Trump qui préoc-cupent la Banque centrale européenne (BCE), a reconnu Mario Draghi, son président, jeudi 26  avril. " Les risques liés aux facteurs internationaux, y compris la menace d'un protectionnisme accru, sont devenus plus importants ", a-t-il déclaré à l'issue de la réunion de l'institution, tout en insistant sur le fait que celle-ci restait confiante.
Si, pour l'instant, les menaces de guerre commerciale relèvent pour l'essentiel de la rhétorique, " l'étendue des représailles " possibles et leurs conséquences sont encore -inconnues. " Ce qui est certain, c'est que les récents événements ont un effet rapide et profond sur la confiance des exportateurs ", a-t-il souligné.
Ont-ils déjà une incidence palpable sur la croissance ? Peut-être. Le " dottore " Draghi n'a pas caché la perplexité de la BCE face au ralentissement économique observé dans la zone euro ces dernières semaines. Assiste-t-on à un inquiétant retournement de la conjoncture  ou s'agit-il d'un trou d'air passager ? L'institution de Francfort semble privilégier la seconde option. Pendant de longues minutes, Mario Draghi a détaillé les réflexions développées par les gouverneurs lors de leur réunion : " Ils ont évoqué la situation dans leur propre pays. Tous observent une forme de ralentissement ou de perte d'élan. " Et ce, dans la plupart des secteurs.
Ce coup de mou correspond probablement à un retour à la normale après la forte croissance des trimestres précédents (0,7  % en moyenne). S'ajoutent à cela des facteurs inattendus et temporaires, tels que " la mauvaise météo, les grèves, le calendrier des vacances de Pâques ", a égrené l'Italien.
Pour l'instant, la BCE estime prématuré de revenir sur ses prévisions de croissance pour 2018, relativement optimistes (2,4  %). " Le ralentissement observé a clairement pris de court ses membres qui, à ce stade, ne semblent pas en comprendre l'origine et souhaitent lever cette incertitude avant de prendre position ", observe Véronique Riches-Flores, économiste indépendante.
Fragilité en Italie et au PortugalMais, paradoxalement, ces doutes servent la stratégie de l'institution. Celle-ci se résume en trois mots, régulièrement cités par Mario Draghi : " prudence, patience, persévérance ". L'inflation de la zone euro, à 1,3  % en mars, n'a toujours pas atteint la cible des 2  %. Le système bancaire va mieux, mais reste fragile en Italie ou au Portugal. Il n'y a donc pas d'urgence à accélérer le retrait de soutiens monétaires à l'économie. Les rachats de dettes publiques et privées (le " quantitative easing " en anglais, ou QE), de 30  milliards d'euros mensuels, se poursuivront au moins jusqu'en septembre, et au-delà si nécessaire.
Il faudra attendre la réunion du 14  juin, ou celle du 26  juillet, pour en savoir plus sur la future stratégie de la Banque centrale. La plupart des économistes estiment qu'elle devrait cesser de racheter des dettes à la fin de l'année, et commencera à relever son taux directeur fin 2019. " Nous ne sommes pas convaincus que l'inflation atteindra 2  %, mais nous pensons que la croissance retrouvera de l'élan ces prochains mois ",détaille Jennifer McKeown, de chez Capital Economics. Dans tous les cas, la BCE ne pourra pas maintenir indéfiniment sa béquille monétaire, ne serait-ce que pour regagner des marges de manœuvre avant la prochaine récession.
La conférence de presse s'est terminée par les adieux émus de -Vitor Constancio, vice-président de l'institution, qui cédera sa place à l'Espagnol Luis de Guindos lors de la prochaine réunion. Le Portugais, qui cumule 33 ans d'expérience au sein des banques centrales, a évoqué les changements structurels qui, selon lui, modifieront la politique monétaire dans les années à venir. A l'exemple du financement croissant des entreprises sur les marchés plutôt qu'auprès des banques, et du développement de la finance non bancaire. Pour garder la maîtrise des taux d'intérêt et continuer à agir sur l'économie, a prévenu M.  Constancio, la BCE sera peut-être contrainte d'inventer de nouveaux instruments…
Marie Charrel
© Le Monde

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