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GRENOBLE
« CONTRE LA POLITIQUE DE RÉGRESSION SOCIALE » DE MACRON : PLUSIEURS SYNDICATS APPELLENT À LA CONVERGENCE DES LUTTES
Source : article "Contre la politique de régression sociale" de Macron : plusieurs syndicats appellent à la convergence des luttes | Place Gre'net - Place Gre'net
DÉCRYPTAGE – Alors que plusieurs mouvements sociaux agitent le pays, sans effets pour le moment sur la politique du gouvernement, les syndicats CGT, FSU, Solidaires et Unef appellent, de nouveau, ce jeudi 19 avril, à la convergence des luttes « contre la régression sociale et la casse de services publics des réformes de Macron ». Un appel un peu moins unitaire – cette fois sans FO ni la CFDT – que lors du défilé du 22 mars.
Chômeurs, étudiants, retraités, personnel hospitalier et des maisons de retraite, postiers, fonctionnaires, salariés du public et du privé, soutiens aux zadistes…
Tous sont appelés à défiler, ce jeudi 19 avril à Grenoble et à Roussillon, dans le cadre d’une grève générale et nationale. A l’origine de l’appel ? La Confédération générale du travail (CGT), la Fédération syndicale unitaire (FSU), l’Union syndicaleSolidaires, et l’Union nationale des étudiants de France (Unef).
L’objectif de l’intersyndicale pour cette journée est clairement de faire converger les luttes pour engager un rapport de forces contre le gouvernement Philippe. Lequel « poursuit sa politique de régression […] multiplie les milliards d’euros de cadeaux aux actionnaires et montre ainsi son véritable visage en étant au seul service du capital et des plus riches », dénonce l’intersyndicale.
Dénoncer la privatisation et la casse des services publics
« Vous ne voulez pas des réformes Macron et de la régression sociale en pente douce qui sévit dans notre société ? C’est le moment de descendre dans la rue, ce jeudi 19 avril. » Tel est le message lancé aux citoyens par l’intersyndicale les exhortant, quels que soient leur profession et leur statut « à prendre leur avenir en main, à construire leurs revendications et à agir dans l’unité syndicale la plus large pour imposer le progrès social ».
Progrès social qui serait bien mal engagé, de l’avis des syndicalistes, avec les réformes du gouvernement.
« La privatisation de la SNCF que veut Macron : une bonne chose ?, interroge François Marchive, syndicaliste à Solidaires. Qui pense bien sûr l’inverse et s’en explique. On voit ce que cela a donné à La Poste. La privatisation a entraîné la fermeture de 51 % de bureaux de poste. Et les services de La Poste ne vont pas en s’améliorant ! »
Un autre exemple ? Le plan social de 345 emplois à GE Hydro… Ni plus ni moins le sort qui pend au nez des entreprises et secteurs livrés sur un plateau à la concurrence, accusent les syndicalistes. « Nous dénonçons cette volonté de tout privatiser et de casser le services publics pour passer sous le seuil des 3 % de déficit imposé par l’Europe ! », tape du poing Nicolas Benoît, secrétaire général de la CGT-Isère. Le rendez-vous du rassemblement, ce jeudi 19 avril, est donné à 10 heures avenue Alsace-Lorraine. Les cheminots prendront symboliquement la tête du cortège.
Les salariés du privé, moins concernés ?
L’appel à la mobilisation n’est toutefois pas tout-à-fait unitaire, comme lors du 22 mars dernier. Cette fois, Force ouvrière (FO) et la Confédération française démocratique du travail (CFDT) font bande à part. Fin mars, le syndicat FO a en effet annoncé qu’il ne se joignait pas à la journée de mobilisation, son secrétaire général Jean-Claude Mailly avançant un manque de préparation. Il a aussi déclaré sur Europe 1 : « Ce n’est pas parce qu’il y a de multiples conflits dans différents secteurs, et public et privé, […] qu’obligatoirement ça coagule. »
Sensiblement du même avis, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a lui déclaré dans Libération, que la stratégie de « convergence des luttes » notamment prônée par la CGT, est « une approche politique », un « leurre ».
Au contraire, pour l’intersyndicale qui appelle au rassemblement jeudi, cela ne fait pas un pli : la convergence des luttes s’impose pour créer un véritable rapport des forces. Elle n’entend par ailleurs pas se priver d’une telle opération alors que le défilé unitaire du 22 mars dernier contre la casse des services publics (transports, hôpitaux, collectivités territoriales, etc ) a été plutôt bien suivi à Grenoble. Selon les syndicats, 10 000 manifestants sont descendus dans la rue, 5 500 selon la police. Le seul risque serait, à l’évidence, de faire moins…
« La régression sociale touche autant les services publics que les salariés du privé », renchérit le secrétaire général de la CGT-Isère. Les derniers, traditionnellement plus discrets lors les manifestions, auraient ainsi, à l’en croire, plus d’un motif pour se joindre à la mobilisation. À commencer par les salariés de Carrefour.
Leur combat contre le « plan Bompard » menaçant 5 000 postes à l’échelle nationale est ainsi loin d’être gagné, pointent les syndicalistes.
Et en dehors de ce cas particulier de la grande distribution ? Il y a la loi Travailentrée en vigueur au 1er janvier 2018 et qui introduit pour tous les salariés du privé « encore plus de précarisation, avec ses CDI de chantiers et bientôt des CDI de projet qui coûteraient moins chers que le recours à l’intérim », mettent en garde les syndicats en faveur de la convergences des luttes.
Outre la lutte contre les réformes en cours, il s’agit, à travers la mobilisation du 19 avril, de défendre une autre vision du monde, comme le signifie Nicolas Benoît de la CGT : « Nous dénonçons ce modèle de société, de la concurrence de tous contre tous. Nous revendiquons la distribution des richesses et le partage du temps de travail ! »
Un gouvernement inflexible
Depuis le 3 avril dernier, les cheminots ont beau avoir mis à exécution leur grève perlée de deux jours sur cinq, le gouvernement n’est revenu ni sur son projet d’ouverture à la concurrence de la SNCF, ni sur la fin du statut des cheminots.
De même, le président Macron affiche-t-il une totale fermeté vis-à-vis des blocages d’étudiants – qu’il qualifie« d’agitateurs professionnels »– protestant contre la loi sur l’orientation et la réussite des étudiants (Ore) et sa plateforme d’orientation Parcoursup.
Dans ce concert de revendications, il ne faudrait pas oublier les retraités, furieux de la hausse de la CSG, ou encore les fonctionnaires avec 120 000 suppressions de postes prévues.
Lucie du syndicat Solidaires tient aussi à rappeler « la fin des contrats aidés » qui a frappé de plein fouet le tissu associatif. « Macron a remplacé les contrats aidés par les services civiquespayés au lance-pierre en-dessous du Smic, fustige-t-elle. C’est pratique, les services civiques ne sont pas des contrats de travail, et ces personnes ne peuvent pas faire grève ! », affirme la militante.
Vers un durcissement de la grève des cheminots ?
« Il faut amplifier le mouvement des grèves, haranguait ce syndicaliste au micro, ce vendredi 13 avril lors de l’assemblée générale des cheminots. Ce ne sera que de cette manière qu’on fera reculer ce gouvernement des riches. »
Les cheminots massés devant la gare SNCF de Grenoble ont encore voté, à la quasi unanimité, à 101 voix contre une, en faveur de la reconduction des grèves perlées. Mais d’aucuns s’impatientent.
« À l’assemblée générale du 18 avril, Sud Rail appellera au durcissement de la grève », annonce Pierre-Yves, syndicaliste à la SNCF.
Le calendrier des blocages à la SNCF tout au moins pourrait ainsi s’accélérer, juste à la veille de la mobilisation générale.
Séverine Cattiaux
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