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jeudi 28 décembre 2017

Le scénario pour renforcer le contrôle des chômeurs

28 décembre 2017

Le scénario pour renforcer le contrôle des chômeurs

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 Une note confidentielle transmise au gouvernement suggère d'accroître la surveillance des inscrits à Pôle emploi et de durcir les sanctions
 Selon ce document, les chômeurs peu actifs dans leurs recherches, refusant deux offres raisonnables ou déclinant une formation seront pénalisés
 Les réfractaires pourront perdre 50 % de leurs allocations pendant deux mois. Ils encourront même une suppression totale en cas de récidive
 Les chômeurs qui ne répondent pas aux convocations verront leurs prestations amputées de 20 %, mais ils ne subiront plus de radiation automatique
 Suivant une promesse du candidat Macron, le gouvernement réfléchit à une transformation de l'assurance-chômage



28 décembre 2017

L'exécutif réfléchit à des pistes pour durcir le contrôle des chômeurs

Selon " Le Canard enchaîné ", les allocations pourraient être réduites si les demandeurs d'emploi ne remplissent pas leurs obligations

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Emmanuel Macron avait annoncé la couleur dès la campagne présidentielle : en cas de victoire, proclamait-il à l'époque, l'assurance-chômage sera transformée en pro-fondeur, ce qui se traduira – entre autres – par un renforcement du contrôle des demandeurs d'emploi. Les intentions sont en passe de devenir réalité. Comme le révèle Le Canard enchaîné dans son édition du 27  décembre, le gouvernement envisage de durcir les sanctions à l'égard des inscrits à Pôle emploi qui manquent à leurs obligations. Sollicité par Le Monde, le cabinet de la ministre du travail, Muriel Pénicaud, n'a pas souhaité commenter ces fuites. Mais les scénarios évoqués par l'hebdomadaire existent bien, même s'ils sont incomplets. Et rien, à ce stade, n'est définitivement tranché.
" Note confidentielle "Le Canard enchaîné, qui affirme se fonder sur une " note confi-dentielle ", rapporte qu'un chômeur verra ses allocations " d'emblée réduites de 50  % pour une -durée de deux mois " dans trois cas de figure : s'il ne recherche pas assez activement du travail, s'il refuse une formation ou s'il décline deux offres d'emploi jugées raisonnables. " S'il récidive, précisent nos confrères, elles seront carrément supprimées, pour la même durée de deux mois. "
Autre disposition à laquelle songe l'exécutif : demander aux inscrits à Pôle emploi de " remplir un rapport d'activité mensuel " qui recenserait toutes les démarches accomplies afin de décrocher un poste. Des pratiques similaires ont déjà cours dans quelques pays européens – la Suède et le Danemark, notamment. Le Canard enchaîné, lui, y voit la reprise d'une idée de Pierre Gattaz, le président du Medef, qui avait plaidé, le 17  octobre, en faveur d'un " contrôle journalier ou hebdomadaire " des chômeurs.
" L'article force le trait et caricature, ce qui est dans l'esprit du journal ", réagit une source gouvernementale. Une autre source au cœur du dossier réfute la thèse selon laquelle ce projet de carnet de bord tenu par le demandeur d'emploi aurait pour objectif de fliquer et de punir : " Il s'agit de se situer dans le préventif, pas dans le répressif. Le but est d'améliorer l'accompagnement des personnes en détectant un éventuel relâchement des efforts pour trouver du travail. Ainsi tenus au courant, les agents de Pôle emploi peuvent ajuster leur offre de services, leurs conseils à l'égard des inscrits. "
S'agissant de la révision du barème des sanctions, d'autres pistes sont sur la table – en plus de celles mentionnées par Le Canard enchaîné. Ainsi, les chômeurs touchant une allocation qui ne répondent pas aux convocations de leur conseiller chez Pôle emploi verraient leur prestation diminuer de 20  % pendant un mois (de 50  % pendant deux mois en cas de récidive). La punition serait, dans cette hypothèse, moins sévère qu'à l'heure actuelle puisque les " refus de répondre aux convocations " entraînent la radiation des listes pendant deux mois, la première fois (jusqu'à six mois, si le manquement se reproduit).
Cet aspect de la réforme est important, car les rendez-vous qui tombent à l'eau (sans raison valable) constituent la cause la plus importante de radiation, très loin devant les autres motifs prévus dans la loi (absence d'" actes positifs et répétés en vue " d'être embauché ; refus, " à deux reprises " et " sans motif légitime ", d'une " offre raisonnable d'emploi "…).
Radiation possibleQuant aux chômeurs non indemnisés, qui " snoberaient " leur correspondant à Pôle emploi, le régime pourrait être différent de celui appliqué aux demandeurs d'emploi percevant l'allocation : une radiation de quinze jours, la première fois ; d'un mois, la seconde.
La réflexion en cours vise à adapter " la nature et l'échelle des sanctions ", glisse une source -gouvernementale en soulignant qu'une " absence à convocation est aujourd'hui plus sanctionnée qu'une insuffisance de recherche d'emploi " – la seconde se soldant par une radiation de deux semaines, dans la quasi-totalité des cas (Le Mondedu 10  novembre).
Ces projets s'inscrivent dans la droite ligne du " programme de travail " que les services de Mme  Pénicaud ont remis, le 14  décembre, aux partenaires sociaux. A partir de ce document, le patronat et les syndicats vont engager, en janvier, une négociation susceptible de déboucher sur un accord dont l'exécutif pourra s'inspirer – ou non – lorsqu'il mettra en musique sa réforme. L'un des objectifs est de parvenir à " un meilleur contrôle et accompagnement des demandeurs d'emploi ", notamment en modifiant le " barème et - les - modalités de sanctions ". Le gouvernement a l'intention de formuler, dans les prochaines semaines, des propositions à ce sujet. Mais les organisations d'employeurs et de -salariés veulent aussi faire entendre leurs voix – " ce qui accroît l'indétermination ", insiste une source au sein de l'exécutif.
Les premières réactions, côté syndical, ne sont pas très favorables. Instaurer un carnet de bord du chômeur ? " C'est une idée technocratique, estime Jean-François Foucard (CFE-CGC). Je ne suis pas sûr que ça produise beaucoup d'effet. " L'exécutif cherche à " faire des économies tout en culpabilisant les chômeurs ", dénonce Denis Gravouil (CGT), qui ajoute : " Macron et son gouvernement confirment qu'ils ne s'occupent que de leur électorat, les CSP++, et pas de ceux et celles qui sont dans la précarité. "
Bertrand Bissuel
© Le Monde

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