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vendredi 1 décembre 2017

Le PS en quête d'un nouveau réformisme

1er décembre 2017.

Le PS en quête d'un nouveau réformisme

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C'était en juin, à la veille des élections législatives. Des quadras du Parti socialiste, où se retrouvent la plupart des noms cités aujourd'hui pour diriger le parti – les anciens ministres Najat Vallaud-Belkacem et Matthias Fekl, Olivier Faure, -député de Seine-et-Marne, Nathalie Appéré, maire de Rennes, Johanna Rolland, maire de Nantes, Carole Delga, présidente du conseil régional d'Occitanie –, signaient un texte intitulé " Réinventer la gauche ". " L'avenir, proclamaient-ils, ne peut être un simple retour au projet social-démocrate porté par le Parti -socialiste depuis vingt ans. Notre choix, c'est -celui de la social-écologie réformiste qui transforme la société en profondeur et répond aux nouveaux défis du XXIe  siècle. Notre choix, c'est concilier la gauche créative et la gauche responsable, conjuguer utopie et pragmatisme. " Pour cette reconstruction, ils identifiaient cinq chantiers : " la justice sociale et l'égalité réelle ", la transition écolo-gique de l'économie, le rôle des territoires, la démocratie et l'Europe.
Parmi ces rénovateurs figurait Olivier Dussopt, maire d'Annonay et député de l'Ardèche. Le 24  novembre, cet élu de 39 ans a bifurqué. Proche successivement de Benoît Hamon, de Martine Aubry puis de Manuel Valls, dont il a été le porte-parole durant la primaire socialiste, il a été nommé secrétaire d'Etat chargé de la fonction publique trois jours après avoir voté contre le projet de loi de finances 2018… Aussitôt, le coordinateur du PS, Rachid Temal, a fait acte d'autorité en annonçant sèchement qu'" Olivier Dussopt n'était plus membre du Parti socialiste ". Le 21  novembre, M.  Temal avait obtenu de son bureau national qu'il vote à l'unanimité -l'exclusion de Gérard Filoche, coupable d'avoir " posté un tweet antisémite ".
Dans un parti toujours en ruine, la direction collégiale fait le ménage. Alors que son congrès est prévu les 7 et 8  avril 2018, les candidatures potentielles, virtuelles ou subliminales se multiplient pour briguer le poste de premier secrétaire. Une nouvelle bataille des ego ? La priorité, souligne à juste titre M. Temal, qui n'exclut pas de se mettre sur les rangs, est " le message que nous voulons faire passer. La question des personnes se posera plus tard ". François Hollande est sur la même ligne. L'ancien président de la République consulte beaucoup mais se défend de rouler pour un candidat. Dans une Europe où la -social-démocratie est partout en crise – en -Allemagne, en Espagne, en Italie, en Grèce –, il juge que le PS doit garder le cap social-démocrate et prœuropéen. Quitte à inventer un nouveau réformisme.
Le PS est un parti réformiste. En  2008, avant de passer la main, M.  Hollande avait fait adopter une nouvelle " déclaration de principes ". " Le Parti socialiste est un parti -réformiste. Il porte un projet de transformation sociale radicale, proclamait ce texte.Il sait que celle-ci ne se décrète pas, qu'elle résulte d'une volonté collective forte assumée dans le temps, prenant en compte l'idéal, les réalités et l'histoire. " Une fois élu, en  2012, M. Hollande a vite constaté que sa majorité parlementaire n'était pas vraiment réformiste. Parmi ses nombreux défis, le PS doit aussi réinventer son réformisme.
" UNE GAUCHE DE RESPONSABILITÉ "Stéphane Le Foll, qui brûle d'être candidat à la direction du PS mais a le handicap d'avoir été le premier lieutenant de M. Hollande, a présenté son projet, intitulé " Pour l'avenir, je choisis Jaurès ", le 25  novembre. L'ancien ministre prône " une gauche de responsabilité, réformiste au fond, fidèle à son histoire de toujours et porteuse d'un nouvel internationalisme "" Notre social-démocratie, ajoute-t-il, doit s'affirmer au moment où les populismes et les nationalismes agitent les peurs, en défendant une Europe solidaire face au défi migratoire,solidaire en son propre sein. " M. Le Foll, qui voit " le réformisme comme une mise en mouvement de la société tout entière ",souligne que la clarification de l'identité du PS est le préalable à son " redressement ".
Dans le dernier numéro de la revue de l'Office universitaire de recherche socialiste, plusieurs pistes de reconstruction sont explorées. Emmanuel Grégoire, premier secrétaire de la fédération de Paris, affirme que " la refondation doit s'engager avec comme objectif de dépasser les frontières actuelles du PS pour rassembler tous les citoyens qui se reconnaissent dans un projet progressiste, social-démocrate et écologiste ". Pour Luc Carvounas, -ancien lieutenant de M. Valls qui campe aujourd'hui à l'aile gauche, il faut " bâtir une nouvelle gauche face aux nombreuses régressions sociales impulsées par la “nouvelle droite” qu'est en réalité le macronisme ". " Entre une “gauche de droite” qui est en fait “de droite et de droite”, et la gauche qui ne veut pas gouverner mais hurle, il y a nous. "" La social-démocratie “à la française” ", assène-t-il, c'est " une gauche progressiste et réformiste ".
Disciple de Jean Poperen, Emmanuel Maurel situe le curseur plus à gauche. " Il n'y a pas de socialisme sans contestation radicale du système économique et de l'idéologie dominante qui le sert ", assure-t-il. Pour ce député européen, la social-démocratie " meurt de ne rien oser. Sa pusillanimité légendaire, quand elle ne se borne pas, au nom de l'audace réformatrice, à singer purement et simplement la droite, peut passer pour de la prudence bienvenue dans ce monde violent et incertain ". M.  Maurel prône un socialisme " antilibéral " prêt à " affronter le mur de l'argent ". " La question, pour les socialistes, avertit Alain Bergounioux, l'historien du PS, est d'empêcher que l'opposition à gauche ne se définisse par laseule radicalité. " La réinvention du réformisme s'annonce comme une longue marche.
michel noblecourt
© Le Monde

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