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vendredi 29 décembre 2017

France : les raisons d'espérer en 2018

29 décembre 2017

France : les raisons d'espérer en 2018

Une croissance qui accélère, des indicateurs au beau fixe : l'année à venir s'annonce sous les meilleurs auspices

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CHÔMAGE  : REPLI DU NOMBRE DE DEMANDEURS D'EMPLOI
Le nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi en catégorie A (sans activité) a baissé en novembre de 0,8  %, soit 29 500 demandeurs d'emploi en moins, pour s'établir à 3,45 millions de personnes en métropole, son plus bas niveau depuis octobre 2014, selon des chiffres publiés mercredi par le ministère du travail. L'indicateur stagne (? 0,1  %), en comptant les demandeurs d'emploi ayant exercé une activité au cours du mois (catégories  B et C), à 5,61 millions en métropole et 5,92  millions dans la France entière.
Après des années de doute et de déprime, la France est-elle enfin de retour dans le jeu économique mondial ? L'année 2018 s'ouvre en tout cas sous les meilleurs auspices pour l'économie tricolore.  Une croissance qui accélère, des indicateurs au beau fixe et cet éloge parti d'où on l'attendait le moins : la France baptisée " formidable nation " et sacrée " pays de l'année " par l'hebdomadaire britannique The Economist dans son édition de Noël. Si longtemps intraitable vis-à-vis d'un pays qu'il jugeait sclérosé, voilà le magazine tombé sous le charme d'un Emmanuel Macron ayant promis de rendre à l'Hexagone son attractivité.
Les sondages racontent la même histoire. Selon une enquête Ipsos publiée début décembre, 60 % des chefs d'entreprises étrangères implantées en France jugent le pays attractif, contre 36 % un an plus tôt. Fin novembre, le baromètre de la chambre de commerce américaine en France et du cabinet de conseil Bain &  Company révélait que 72  % des investisseurs américains installés sur le territoire hexagonal escomptaient une évolution positive du contexte économique. Un résultat historiquement élevé.
" Gouvernement pro-business "" Avant que je prenne mes fonctions, on m'avait parlé de la France comme d'un pays très compliqué, contraignant et cher ", témoigne ainsi Sean Gallagher, qui a repris en mars la présidence de la filiale française de Xerox, fabricant américain d'imprimantes. " Cette image s'est beaucoup améliorée avec l'élection et les premières réformes  qui donnent l'impression d'un gouvernement pro-business et désireux de changer les choses rapidement ", constate le PDG. Globalement, les patrons étrangers fondent leurs espoirs sur les ordonnances de la loi travail, la réduction progressive de l'impôt sur les sociétés ou les projets de simplification administrative.
" On n'a jamais senti un tel intérêt positif pour la France depuis au moins une décennie ", confirme Gilles Mœc, économiste chez Bank of America ML.Le retour de la confiance se manifeste aussi dans le climat des affaires qui a atteint en décembre son niveau le plus haut depuis dix ans. Dans l'industrie, le moral des chefs d'entreprise est désormais plus élevé qu'avant la crise de 2008. " C'est comme si la victoire de Macron avait permis d'enlever un couvercle de stress, poursuit M. Mœc, et de réaliser que la machine économique ne se portait pas si mal. "
Le ressenti est une chose. Mais la reprise s'est bel et bien installée avant les élections. Et elle n'est pas une histoire purement hexagonale. " C'est beaucoup une affaire de circonstances internationales, décrit Denis Ferrand, directeur général de l'institut de conjoncture CŒ-Rexecode. Le contexte mondial est très positif. " En ligne avec le redémarrage du commerce international, les carnets de commandes des entreprises sont de nouveau bien garnis.De même, la dynamique robuste de l'investissement tricolore est celle de l'ensemble de la zone euro.
Le gouvernement bénéficie aussi des choix du précédent quinquennat, dont le crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) et le pacte de responsabilité, qui ont permis aux entreprises de regonfler leurs marges. Résultat, selon l'Insee, la croissance française devrait avoir progressé de 1,9 % en  2017, au plus haut depuis 2011.
D'autres données corroborent cet élan. Selon l'indice PMI publié en décembre, l'industrie manufacturière enregistre sa plus forte croissance depuis près de dix-sept ans. Et, au premier semestre, les ouvertures d'usines ont été plus nombreuses que les fermetures, pour la première fois depuis 2009. De timides frémissements s'observent aussi sur le marché de l'emploi. Selon l'Insee, le taux de chômage s'inscrit à 9,4  % contre 10  % un an plus tôt.
" Ce qui est intéressant, c'est qu'on a réussi, sans gros choc, à surmonter l'extinction récente de mesures temporaires ", souligne Denis Ferrand, citant la fin du dispositif de suramortissement fiscal, en avril, ou celle de la prime à l'embauche dans les PME, en juin. Ces interruptions n'ont pas mis un coup d'arrêt aux créations d'emploi ni à l'investissement, preuve d'une plus grande résilience de l'économie française.
Et après ? Emmanuel Macron arrivera-t-il à conforter l'amorce de croissance dont il a hérité ? " Il n'y a pas de raison que ça s'arrête en  2018 ", estime Philippe Waechter, directeur de la recherche chez Natixis AM. Pour autant, " les attentes sont fortes, donc les risques de déception sont à la hauteur ", met-il en garde. Or l'embellie conjoncturelle ne pourra effacer en un claquement de doigt les faiblesses structurelles de l'économie française. Après dix ans de crise, la purge de l'industrie tricolore et un chômage toujours élevé pèsent sur la dynamique. Le sursaut de la croissance demeure inférieur à la moyenne de la zone euro (2,2  %).
Marie de Vergès
© Le Monde

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