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dimanche 24 décembre 2017

Catalogne : Rajoy et Puigdemont dos à dos.....Le président destitué toujours inquiété par la justice


24 décembre 2017.

Catalogne : Rajoy et Puigdemont dos à dos

Le chef du gouvernement espagnol n'entend pas négocier avec l'ex-président catalan, en " exil " à Bruxelles

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La période de calme précaire ouverte en Catalogne après la mise sous tutelle de la région par Madrid, le 27  octobre, est terminée. Le résultat des élections catalanes du 21  décembre, qui ont rétabli des rapports de force comparables à ceux du précédent Parlement régional, semble avoir ramené l'Espagne deux mois en arrière, avant la proclamation ubuesque de la " République catalane " et la mise en examen pour " rébellion, sédition et détournement de fonds publics " des dirigeants séparatistes.
De Bruxelles, Carles Puigdemont, le président destitué de la région, a repris son rôle de trublion. Sa liste est arrivée en deuxième position, avec 21,7  % des voix, mais il savoure la majorité absolue conservée par les partis indépendantistes, qui ont obtenu 70 des 135 députés régionaux (pour 47,5  % des voix).
Appel à " la désescalade "Avec un ton provocateur et une assurance en rupture avec sa situation d'" exilé ", il a ainsi demandé à Madrid, vendredi, de " restituer le gouvernement légitime " de la Catalognede " retirer la police " et a offert de " parler, sans conditions préalables ". Il a également demandé à être reçu par l'Union européenne. " Je ne lui demande pas de changer de point de vue, mais seulement d'écouter le peuple catalan et pas seulement l'Etat espagnol ", a-t-il expliqué, tandis que la chancelière allemande, Angela Merkel appelait à " la désescalade " entre Madrid et Barcelone.
Surtout, M. Puigdemont a proposé au chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, de le rencontrer " à Bruxelles ou dans n'importe quel autre lieu de l'Union européenne ", mais pas en Espagne, " pour des raisons évidentes ", M.  Puigdemont se trouvant sous le coup d'un mandat d'arrêt de la justice espagnole.
S'il n'est pas parvenu à briser l'élan des nationalistes, Mariano Rajoy a lui aussi repris son rôle, -celui de dirigeant flegmatique et droit dans ses bottes que rien ne semble ébranler. Le chef de l'exécutif espagnol n'entend pas donner aux indépendantistes l'image qu'ils désirent d'un chef de gouvernement européen entre-prenant des négociations avec un " fugitif ". Pour M. Rajoy, Carles Puigdemont n'existe tout simplement pas.
Lors de la conférence de presse qu'il a donnée au siège du gouvernement espagnol, La Moncloa, vendredi, le dirigeant conservateur n'a même pas mentionné une seule fois son nom. Aux questions des journalistes, qui lui demandaient s'il pensait répondre à l'offre de dialogue de l'ancien président catalan, M. Rajoy a répondu que " la personne avec laquelle je devrais m'asseoir, c'est celle qui a remporté ces élections, Mme - Ines - Arrimadas ".
Une provocation ? La tête de liste du Parti libéral et anti-indépendance Ciudadanos, qui a remporté le scrutin, et 37 sièges sur les 135 du parlement catalan, n'a guère de chance de pouvoir former un gouvernement. Il faudrait à Ciudadanos le soutien des socialistes (17 sièges), des conservateurs du Parti populaire, qui se sont effondrés et n'ont plus que 3 sièges, du parti de la gauche radicale Catalogne en commun-Podem (8 voix) et au moins le soutien d'un élu ultra-indépendantiste de la Candidature d'unité populaire (CUP, 4 voix). Or, ces deux dernières formations ont déjà déclaré qu'elles ne soutiendraient jamais un parti centriste et unioniste, aux antipodes de leur sensibilité politique.
" Il ne faut pas assumer que les indépendantistes " vont pouvoir former un gouvernement, " attendons de voir ce qui se passe ", a cependant déclaré la candidate libérale Ines Arrimadas, qui laisse donc aux indépendantistes le soin de faire les premiers pas pour former une majorité.
" Un dialogue constructif "De son côté, le bloc indépendantiste, perclus de divisions pendant la campagne, apparaît ressoudé par les résultats. Marta Rovira, la secrétaire générale de la Gauche républicaine, qui a perdu la bataille pour le contrôle du bloc indépendantiste face à M. Puigdemont, a réclamé " le retour du gouvernement légitime le plus tôt possible ". La CUP, qui dispose des quatre voix nécessaires pour compléter la majorité absolue, mais dont l'abstention suffit aux nationalistes, a demandé " de maintenir le projet de la république " et " de ne pas revenir à une autonomie ".
Avant de faire les prochains pas, M.  Rajoy attend d'en savoir un peu plus sur la stratégie des indépendantistes, qui devront décider avant la constitution du Parlement, autour du 23  janvier, si les élus retenus en Belgique ou en prison abandonnent leur siège à d'autres, afin de ne pas risquer de perdre la majorité. La situation judiciaire de nombreux élus pose de multiples questions, à commencer par celle portant sur la -capacité des cinq députés indépendantistes " exilés " et des trois encore placés en préventive de -voter l'investiture du nouvel exécutif régional.
M. Rajoy a dit ne vouloir " entamer un dialogue constructif, ouvert et réaliste " qu'avec le " prochain gouvernement catalan ". Ce qui signifie qu'il ne négociera pas avec M. Puigdemont, qui ne peut pas revenir en Espagne sans se faire arrêter. Mais plutôt avec son successeur, si celui-ci en nomme un. M. Rajoy n'a insisté que sur un point : ce dialogue se fera dans le " cadre de la loi " et il ne tolérera pas du prochain gouvernement qu'il " brave la Constitution espagnole, le statut d'autonomie et la loi. "
Il est probable que d'ici là M. Puigdemont maintienne la pression sur Madrid pour l'obliger à négocier. L'ancien président catalan est convaincu qu'il peut faire tomber M. Rajoy. Mais ce dernier, malgré le résultat désastreux du Parti populaire (PP) en Catalogne, qui avec 4,2  % des voix s'est marginalisé, a écarté la convocation d'élections anticipées au niveau national.
Au lendemain des élections, le premier ministre a déjà été pris pour cible par l'ensemble des partis du bloc " constitutionnaliste ". M.  Rajoy " n'a pas mesuré l'importance du problème séparatiste ", a dit Albert Rivera, le président de Ciudadanos. Même conclusion chez les socialistes. Selon son chef de file, Pedro Sanchez, le premier ministre conservateur s'est montré " indifférent " et " immobile "face au nationalisme. Les prochaines semaines diront si c'est toujours le cas.
Sandrine Morel, et Isabelle Piquer
© Le Monde




24 décembre 2017.

Le président destitué toujours inquiété par la justice

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Carles Puigdemont l'a promis durant la campagne : " Si je l'emporte, je suis prêt à prendre le risque de rentrer en Catalogne pour prendre mes fonctions ", avait-il -déclaré avant les élections régionales du jeudi 21  décembre.
L'ancien président catalan, destitué après la mise sous tutelle de la région par Madrid, arrivé en deuxième position après le parti Ciudadanos, pourrait, en théorie, espérer obtenir le soutien de la majorité absolue indépendantiste à la prochaine Chambre régionale. En théorie, car M.  Puigdemont est toujours sous le coup d'un mandat d'arrêt en Espagne. Et pour le moment, il ne semble pas décidé à franchir la frontière, au risque d'être arrêté.
En novembre, la justice espagnole l'a mis en examen, comme l'ensemble des membres de son ancien gouvernement, pour " rébellion ", un délit passible de trente ans de prison, pour " sédition ", passible de quinze ans, et pour " détournement de fonds publics ", pour avoir -organisé le référendum sur l'indé-pendance du 1er  octobre, et proclamé la sécession de la " République de Catalogne ", le 27  octobre.
Sur la base d'un document saisi en septembre chez le numéro deux du ministère catalan de l'économie, Josep Maria Jové, proche du président de la Gauche républicaine catalane (ERC), Oriol Junqueras, actuellement en détention préventive, le juge du Tribunal suprême, Pablo Llarena, estime que les inculpés ont participé à un "plan visant à créer, chez les citoyens, un sentiment de rejet envers les institutions espagnoles et les pouvoirs de l'Etat pour provoquer et justifier la désobéissance ".
Nouvelles mises en examenD'après Carles  Puigdemont, ces accusations sont infondées. Et quand bien même il aurait désobéi, il laisse entendre, à travers ses discours, que les urnes sont au-dessus des lois. " Nous avons le droit de restaurer le govern - gouvernement catalan - ", a-t-il encore lancé vendredi 22  décembre à Bruxelles.
Dans les faits, il paraît à ce stade renoncer à revenir en Catalogne prochainement, d'autant plus que Mariano Rajoy ne semble pas disposé à interférer dans le processus judiciaire. " Ce sont les responsables politiques qui doivent se soumettre à la justice, comme les autres citoyens, et non pas la justice qui doit se soumettre à une quelconque stratégie politique ", a-t-il le premier ministre vendredi.
Pour le juge du Tribunal suprême Pablo Llarena, pas question non plus de paralyser la machine judiciaire du fait du contexte postélectoral. Vendredi, il a pris la décision de mettre en examen de nouveaux dirigeants indépendantistes, dans le cadre de son enquête, parmi lesquels l'ancien président catalan Artur Mas, la coordinatrice générale du Parti démocrate européen catalan (PDeCAT), Marta Pascal, la secrétaire générale d'ERC, Marta Rovira, les anciennes députées de la Candidature d'unité populaire (CUP, extrême gauche), Anna Gabriel et Mireia Boya, ainsi que la présidente de l'Association des municipalités pour l'indépendance, Neus Lloveras.
S.M. (Madrid, correspondance)
© Le Monde

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