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dimanche 26 novembre 2017

Les ambitions s'aiguisent au Parti socialiste

26 novembre 2017

Les ambitions s'aiguisent au Parti socialiste

La question de savoir qui succédera à Jean-Christophe Cambadélis se fait plus aiguë, alors qu'un congrès est prévu au printemps 2018

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Après de longues semaines sans visage identifié à son sommet, le Parti socialiste va épouser, au printemps, les traits d'une personnalité. Oui, mais laquelle ? La question se pose de manière de plus en plus aiguë alors que le congrès devant désigner le prochain premier secrétaire doit se tenir vraisemblablement début avril 2018 – la date de l'événement sera fixée dans les jours qui viennent. En attendant, les ambitions s'aiguisent sans que personne n'ose encore faire acte de candidature à la succession de Jean-Christophe Cambadélis.
L'ancien ministre Stéphane Le Foll esquisse toutefois un premier pas en réunissant ses troupes à Paris, samedi 25  novembre. Au programme : débats sur l'identité du PS ou le rassemblement à gauche, avant un discours de clôture. Mais pas de déclaration de candidature. " C'est un début de mise en mouvement ", assure simplement celui qui a publié mardi un texte dans lequel il propose un bilan – bienveillant – du quinquennat Hollande et suggère des pistes de réflexion pour l'avenir. " On verra si ça intéresse, si ça fait bouger, et comment.Si ça peut avoir un impact et permettre de redresser le PS, à ce moment-là, je verrai. "
S'il est poussé par les anciens ministres François Rebsamen et Patrick Kanner, M.  Le Foll souffre d'une cote de sympathie guère étincelante dans sa propre formation, en partie due à  sa réputation de " premier des hollandais ". Il a d'ailleurs provoqué quelques crispations chez ses camarades en défendant, dans sa récente publication, la déchéance de nationalité qui avait fracturé le parti après les attentats de 2015. " Il est plus hollandais que Hollande lui-même ! ", persifle un cadre qui rappelle que l'ancien président de la République avait, lui, regretté d'avoir proposé cette mesure.
Mais celle qui fait le plus parler d'elle en ce moment est une personne qu'on ne voit pas, et qui ne dit rien. Ces derniers jours, Najat Vallaud-Belkacem concentre toutes les attentions. Très discrète depuis sa défaite aux législatives dans le Rhône en juin, l'ancienne ministre de l'éducation nationale voit son nom circuler dans la presse et certains de ses amis l'incitent désormais publiquement à se lancer.
Au centre du jeu, le groupe dit " des quadras ", qui réunit des personnalités issues de l'actuel courant majoritaire du PS, comme Mme Vallaud-Belkacem, le président du groupe Nouvelle Gauche à  l'Assemblée nationale Olivier Faure, l'ancien ministre Matthias Fekl ou les maires de Rennes et de Nantes, respectivement Nathalie Appéré et Johanna Rolland. Ce n'est " ni un courant, ni un clan, assure M. Faure, maisdes gens potentiellement concurrents qui décident de ne pas l'être, qui s'entendent bien et qui se demandent ce qu'ils peuvent faire pour opérer une véritable renaissance du PS ".
" Il faut une incarnation forte "Soupçonné par certains cadres de préparer en sous-main sa propre candidature, le patron des députés socialistes nie vigoureusement et assure être pleinement derrière Mme Vallaud-Belkacem. " Elle coche beaucoup de cases, plus que n'importe qui, y compris moi-même ", note-t-il. A l'issue du congrès, " il faut une incarnation forte qui soit en même temps une figure de renouvellement. Ce serait un beau symbole que ce soit une femme, qui a son parcours ".
Pour l'heure, l'ancienne ministre hésite. " Elle a beaucoup de sollicitations, précise un proche. Elle ne se désintéresse pas de ce qu'il se passe au PS, mais elle n'a donné aucune réponse. Elle est en même temps engagée sur d'autres projets auxquels elle tient. Elle réfléchit. "
Au contraire, Luc Carvounas ne fait pas mystère de son envie de briguer le poste, sans encore l'officialiser. Parmi tous les candidats putatifs, " c'est sans doute celui qui a le plus envie d'être premier secrétaire ", décrypte un fin connaisseur du PS, constatant qu'" il est un peu isolé chez les parlementaires ". Le député du Val-de-Marne se démène pour décoller l'étiquette de " lieutenant de Manuel Valls " qu'il a endossée pendant des années. Cherchant à se forger une image de rassembleur, il parle avec la gauche du parti, et plaide plus généralement pour la discussion avec toutes les forces progressistes. " C'est un aggiornamento puissant et rapide ", grince un dirigeant du parti d'Epinay, qui juge que M.  Carvounas " a déjà perdu son pari stratégique avec le départ des proches de Benoît Hamon " vers le mouvement de ce dernier.
L'eurodéputé Emmanuel Maurel, qui occupe pour sa part l'aile gauche du PS, complète cette galerie. " Je suis déterminé, ne doutez pas que je serai dans le paysage au moment du congrès ", prévient-il. Mais l'élu ne veut pas se déclarer tout de suite, tenant à " respecter les rythmes du parti ", qui organise en ce moment ses forums de la refondation auprès des militants.
Ce moment de réflexion sur l'avenir est régulièrement rappelé à ses camarades par l'actuel coordinateur du PS, Rachid Temal – qui pourrait lui-même envisager une candidature en temps voulu. " Nous devons nous demander “quel message voulons-nous faire passer ?” La question des personnes se posera plus tard ", expliquait-il récemment. Pas sûr que l'avertissement suffise à freiner les ambitions.
Enora Ollivier
© Le Monde

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