Sur le site officiel du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis est toujours premier secrétaire. Pourtant, depuis le 30 septembre, l'ancien député de Paris, sèchement éliminé au premier tour des élections législatives, est à la retraite. Dans un livre testament,Chroniqued'une débâcle (L'Archipel, 224 pages, 18 euros), il se demande comment le parti d'Epinay a pu passer " dufirmament au néant " et l'invite à se réinventer. Mission impossible ? Emporté par la tempête macroniste, le PS est en ruine. Son siège historique, " Solférino ", est en vente. Un plan de départs contraints va supprimer plus de la moitié des permanents. Pour remplacer " Camba ", une direction provisoire paritaire de 28 membres a été mise en place. Primus inter pares, Rachid Temal, 44 ans, juste élu sénateur du Val-d'Oise, assume le rôle de " coordinateur ", mais il est aussi inaudible qu'Harlem Désir quand celui-ci était premier secrétaire (2012-2014)…
Le PS prépare son congrès de février 2018. Dans ce but, il a lancé, le 25 octobre, Les Entretiens de la refondation, avec, comme premier thème : " Les partis politiques peuvent-ils survivre à la crise démocratique ? "… Survivre, tel est bien l'enjeu pour ce parti pourvu de 28 chefs mais sans troupes. Officiellement, le PS revendique 90 000 membres, mais il n'en compte sans doute guère plus de 40 000, quand M. Cambadélis rêvait de franchir en 2017 la barre des 500 000. Et il contribue lui-même à se réduire comme une peau de chagrin en excluant ceux qui sont entrés en dissidence lors des législatives.
En 1969, après la cinglante défaite de Gaston Defferre (5,01 % à la présidentielle), le nouveau PS qui avait succédé à la défunte SFIO avait été sauvé de l'extérieur par François Mitterrand, à la faveur d'une OPA amicale au congrès d'Epinay (juin 1971). En 2017, aucun sauveur externe ne se profile. Les deux candidats à la primaire socialiste, Manuel Valls et Benoît Hamon, ont déserté Solférino, le premier pour rallier la Macronie, le second pour créer un Mouvement du 1er juillet prêt à flirter avec La France insoumise (LFI). Peu importe si Jean-Luc Mélenchon ne cache pas ses intentions de " tuer " le PS après avoir étouffé le Parti communiste.
A défaut de sauveur, de bonnes fées se penchent sur l'avenir du PS. François Hollande, qui n'affiche aucune velléité de retraite politique, en fait partie. L'ancien président répète que les idées socialistes
" ont besoin d'un parti fort pour les exprimer ". Il pense que c'est à
" une génération nouvelle " d'assurer la relève, mais aussi à ceux
" qui ont exercé desresponsabilités " dans son gouvernement. Parmi ces derniers, Stéphane Le Foll, 57 ans, chef de file des " hollandais ", ne s'interdit pas de postuler pour devenir premier secrétaire.
Mais l'ancien ministre de l'agriculture, redevenu député, a le handicap majeur d'être vu comme le cheval de Troie de M. Hollande.
" Ce n'est pas à François Hollande de décider qui sera le prochain premier secrétaire ", a averti, le 26 octobre, Olivier Faure, président du groupe Nouvelle Gauche de l'Assemblée nationale.
Pour sortir de sa réanimation artificielle, le PS doit compter -sur ses propres forces, qui, aujour-d'hui, sont autant de faiblesses. C'est là qu'entrent en jeu les " quadras ". Ils sont légion, presque aussi nombreux qu'à la direction collégiale ! Les anciens ministres Najat Vallaud-Belkacem et Matthias Fekl, tous deux âgés de 40 ans, étaient en pole position avant les législatives et avaient les faveurs de M. Hollande… Mais ils ont été l'un et l'autre battus.
Il y a des femmes qui peuvent prétendre au poste de première secrétaire. Ancienne secrétaire d'Etat, présidente de la région Occitanie, Carole Delga, 46 ans, est entrée dans la direction collégiale. Johanna Rolland, 38 ans, maire de Nantes, a au contraire choisi de s'en tenir à l'écart. Nathalie Appéré, 42 ans, maire de Rennes, est une autre étoile montante. Ces trois socialistes ont en commun d'avoir soutenu M. Valls à la primaire avant de rallier M. Hamon.
" Petits-enfants " de MitterrandDu côté des hommes, et parmi de multiples postulants, trois profils se détachent. Boris Vallaud, 42 ans, élu de justesse député des Landes, dans l'ancienne circonscription d'Henri Emmanuelli, porte le fer contre Emmanuel Macron. D'abord proche d'Arnaud Montebourg, il a été pendant deux ans secrétaire général adjoint de l'Elysée, où il a participé à l'écriture, en 2016, de la loi El Khomri. Ancien porte-flingue de Laurent Fabius, puis de Martine Aubry, Guillaume Bachelay, 43 ans, s'est converti dès 2012 au hollandisme. Membre de la direction collégiale, il a le handicap d'avoir été éliminé dès le premier tour aux législatives.
S'il ne dit rien de ses intentions, Olivier Faure, 49 ans, apparaît en tête de la cordée.
" Aujourd'hui, a-t-il confié à
Libération, le 16 octobre,
il n'y a pas de figure tutélaire et charismatique qui domine notre parti et la gauche. Mais le système médiatique est ainsi fait qu'il faut une incarnation principale. " Pour le député de Seine-et-Marne, confortablement réélu en juin,
" il faut que les petits-enfants - de Mitterrand -
prennent la suite sans maintenir des divisions qui sont souvent devenues, avec le temps, des postures ".
Cela suppose de
" donner les clés " à une nouvelle génération. Ancien rocardien, M. Faure coche beaucoup de cases. Il a travaillé avec Mme Aubry, M. Hollande et Jean-Marc Ayrault. Il plaide pour le
" dépassement " du PS, invité à
" entendre " les intellectuels, les syndicats et les associations. Mais, avant de se choisir un nouveau chef, le PS devra cesser de naviguer à la godille entre M. Macron et La France insoumise, et ne pas retomber dans la guerre des courants et des ego. Qui porterait un coup mortel à son hypothétique refondation.
par michel noblecourt
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