Voilà un budget qui ne porte certes pas la marque de Robin des bois. S’il évoque néanmoins la légende la forêt de Sherwood, c’est parce qu’Emmanuel Macron a pris un autre rôle : celui du shérif de Nottingham. Robin Hood est le vrai fondateur du progressisme fiscal : il s’emparait de l’argent des impôts levés par les partisans du prince Jean, pour les redistribuer aux pauvres. Son ennemi le shérif s’employait à reprendre ces sommes pour le compte des seigneurs.
Ainsi fait Emmanuel Macron dans lebudget 2018 : il supprime les trois quarts de l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF), rebaptisé Impôt sur la fortune immobilière et plafonne à 30% la taxation des revenus du capital, que François Hollande avait portée à 60%. Il en coûtera quelques milliards à la collectivité, par nature financés par les autres impôts (ceux de tout le monde) ou par une augmentation de la dette (que tout le monde doit rembourser). Nottingham l’emporte…
En proportion du budget de l’Etat, la somme est modérée. Mais elle favorise un nombre limité de contribuables : à l’échelle individuelle, elle est spectaculaire. Pour un patrimoine de 10 millions d’euros imposables, la ristourne voisine les 200 000 euros par an. De quoi s’acheter une belle ration de caramels mous…
Cette réforme est surtout un alignement idéologique. Il s’agit de favoriser l’investissement pour qu’ils créent des emplois (à condition que les bénéficiaires n’achètent pas quelques Rolex de plus pour bien montrer qu’ils ont réussi leur vie…). A son tour, la France officialise le raisonnement selon lequel, pour que les pauvres aillent mieux, il faut d’abord aider les riches. Dans tous les pays où elle a été pratiquée, cette politique a creusé l’inégalité, comme aux Etats-Unis, où le niveau de vie des gens modestes stagne depuis quarante ans pendant que celui des milliardaires s’envole. Ainsi il faudrait inévitablement payer le retour de la croissance d’un accroissement des disparités sociales : ce n’est pas une modernisation mais une normalisation. En Marche met la France au pas…
Et aussi
• Dans un sondage express sur le Net, on apprend que les lecteurs duFigaro approuvent à 54% la réduction de l’ISF. Mais ils sont 46% à la désapprouver. Soit les lecteurs du Figaro sont moins riches qu’on ne croit, soit ils ont plus de conscience sociale qu’on ne pense…
•
Le projet de loi sur la sécurité –
«il rappelle le code de l’indigénat», a carrément dit Patrick Weil, spécialiste reconnu et pourtant très raisonnable – passera sans encombre l’obstacle parlementaire. Pas seulement à cause de l’écrasante majorité La République en marche : en tenant un discours de rejet rigoureusement symétrique, LR et La France Insoumise neutralisent en fait l’opposition. Ce sont deux chiens de faïence. Au milieu de la cheminée, le «maître des horloges» est tranquille.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire