Lu dans le DL du 29.09.2017
LE BILLET
PARANTOINE CHANDELLIER
Le guide
du routard fiscal
Pardonnons à Florent Pagny son côté cash.
Les artistes sont de grands
enfants qui ne devraient pas parler d’argent.
Voilà des années qu’il a pris la
tangente avec sa liberté de pensée, traînant son image de « fumeur de pétard
qui a eu des problèmes avec le fisc ».
Le rebelle qui sait compter a barroudé
entre pampa argentine et Floride, veste en peau de serpent sur le dos.
Le
baladin globe-trotter pose désormais son sac au Portugal, entre deux émissions
de The Voice.
C’est un pays de cocagne.
Celui du fado et des navigateurs.
Et aussi un refuge pour gros contribuables.
Le chanteur qui ne perd pas
le nord nous l’apprend : là-bas, il a goûté la douceur de vivre dans la légèreté
des taxes sur les royalties et la fortune.
Idéal pour « s’la faire plus belle »(sic).
L’explication a le mérite de la franchise.
Après tout, les impôts cédés à sa
patrie au titre de ses activités en son pays se chiffrent déjà en million.
Mais
l’aveu public frise la maladresse, voire la provocation, rappelant le périple
tapageur de Depardieu, de la Belgique aux rives de la Volga, peu réputées
pour leurs plages de cocotiers.
L’affaire devient politique sur un refrain connu,
déjà entonné quand Johnny, l’ami de Sarkozy, migrait vers Gstaad puis la
Californie, au forfait fiscal souple.
«Indigne» estime la ministre de la Défense
comme Jean-Marc Ayrault jugeait « minable » l’exil de l’énorme acteur.
Pourtant le voyageur Pagny perçoit un changement de climat qu’il traduit
d’une rime pauvre : « Macron ça rime avec pas con ».
Une façon d’exhorter
notre président, déjà compréhensif avec les plus riches, à faire encore un
effort pour qu’il revienne.
La France est certes un enfer fiscal.
Mais au
moment où les retraités sont dans la rue et les collectivités raclent les fonds de
tiroir, l’ode à la liberté du routard de la chanson peine à faire un tube.
Même si,
jusque-là, sa spontanéité a souvent payé.
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