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lundi 11 septembre 2017

L’extrémiste Monsieur Macron et la France insoumise

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L’extrémiste Monsieur Macron et la France insoumise

    9 septembre 2017
Dans une déclaration à Athènes, le président de la République s’en est donc pris aux « fainéants », aux « cyniques » et aux « extrêmes » qui ne voudraient pas de la profonde transformation qu’il propose à la France. Déjà, à la fin du mois d’août, déjà depuis l’étranger, il avait dénoncé les Français « qui détestent les réformes », reprenant à son compte ce vocabulaire qu’avait usé Nicolas Sarkozy, en son temps, jusqu’à la corde.
Cette stratégie est bien connue. Elle vise à construire un clivage dans la société entre ceux qui voudraient réformer, et ceux qui ne le voudraient pas et opposer ceux qui seraient prêts à faire des efforts et ceux qui se contenteraient de leurs petits conforts personnels. Le président de la République serait donc l’homme énergique qui, par la force de son engagement, pourrait dépasser les tabous et supprimer les verrous qui corsètent la société.
Bien évidemment, cette méthode de communication ne résiste pas à l’examen précis des faits. La politique proposée par le président de la République n’a rien de nouveau : elle s’inscrit dans le droit fil des idées reçues, rabâchées depuis plusieurs décennies dans tous les salons à la mode, serinées en cadence par les éditorialistes à la solde des puissants. Pour lutter contre le chômage, il faudrait donc détruire le code du travail qui serait trop lourd, trop complexe, trop contraignant et réduire les « charges » des entreprises pour baisser le cout du travail et permettre de nombreuses embauches. Ces refrains reviennent donc en cadence à chaque quinquennat. Lors du précédent, on avait pu admirer le président du MEDEF arborer sur tous les plateaux de télévision son plus beau badge « 1 million d’emplois » pour défendre le pacte de responsabilité. Quelques mois plus tard, celui-ci, selon les études les plus optimistes, avait permis de « créer ou de sauvegarder 120 000 emplois », soit un coût pour les finances publiques d’environ 350 000 euros par emploi et par an. Rappelons ici que les emplois aidés, dont le gouvernement a décidé de réduire brutalement le nombre, coûtent à l’État en moyenne autour de 10 000 euros par an. Il n’y a donc rien de bien novateur dans les réformes du gouvernement. Et si les Français les rejettent, ce n’est non pas parce qu’ils ne voudraient pas « des réformes», mais parce qu’ils ont déjà constaté le caractère injuste et inutile de leurs réformes.
Les Français ne sont pas plus fainéants. Ils refusent par contre d’être les seuls à faire des efforts pour enrichir une minorité de privilégiés. Ils n’acceptent pas de voir 2 milliards d’euros de réduction de l’impôt sur la fortune pour les plus riches quand, dans le même temps, le ministre des comptes publicsdiminue les aides au logement de 5 euros pour récupérer autour de 400 millions d’euros par an. Et si certains font preuve de fainéantise, n’est ce pas ceux qui nous gouvernent, copiant bêtement les mauvaises mesures qui ont projeté des pays entiers dans la pauvreté de masse, incapables d’imaginer des recettes nouvelles pour répondre aux défis de notre temps ? Faut-il rappeler que l’Allemagne et la Grande Bretagne, pris en modèle des résultats de la flexibilisation du marché du travail, sont désormais recordmans d’Europe des travailleurs pauvres ?
Fainéant, extrême et conservateur dans sa politique, le président de la République l’applique avec cynisme et brutalité. Ses sorties à propos du peuple français ne visent qu’à radicaliser une partie de la société, là où un président à la hauteur de la tâche devrait se soucier de rassembler le pays pour le projeter vers l’avenir. Son offensive d’une violence inouïe contre la France insoumise va à l’encontre du fonctionnement normal d’une démocratie. Plutôt que de convaincre, le régime multiplie les agressions, les polémiques et les insultes pour disqualifier celles et ceux que les Français ont identifié comme la principale force d’opposition. Les voilà donc à répéter « Vénézuela » comme des perroquets, sans égards aucun pour les difficultés du peuple vénézuélien. Les voilà à monter de toutes pièces une concurrence entre la France insoumise et les organisations syndicales. Les voilà à s’indigner que le cercle de la bienpensance médiatique soit brisé par une question de Raquel Garrido au premier ministre. En réalité, il y aurait presque quelque chose de grisant à voir le système paniquer et ne plus savoir où donner de la tête. Car comme dit le proverbe, « la violence est le dernier sanctuaire des faibles ». Cette brutalité n’est donc que le dernier rempart d’un régime déjà bien faible, quelques mois seulement après son élection.
Faire reculer le gouvernement, voilà donc l’enjeu de la mobilisation qui commence. La France insoumise s’est illustrée avec talent à l’Assemblée nationale pour s’emparer du drapeau de l’opposition au régime. Elle a réussi une rentrée remarquée en assumant les responsabilités qui sont les siennes en tant que première force d’opposition, appelant sans réserve au retrait des ordonnances, soutenant les initiatives des organisations syndicales le 12 septembre et prenant sa part directe du combat en proposant une marche nationale le 23 septembre prochain. Elle se mobilise de toutes ses forces pour le succès de ces initiatives et projette son énergie dans la guerre totale qu’a initié le président de la République.
Mais face à la force de l’offensive qui s’annonce, la France insoumise ne pourra se contenter de répliquer. Elle devra aussi « faire société » pour contrer les politiques d’atomisation du peuple français qui sont à l’œuvre. Notre mouvement doit donc être au service des revendications populaires, soutenir les dynamiques d’auto-organisation des citoyens et mener le combat sur le terrain culturel autant que sur le terrain politique. Il doit être l’élément fédérateur des aspirations au partage de la richesse, des nouvelles démarches écologiques, des revendications d’une souveraineté aujourd’hui bafouée et des batailles pour l’égalité. Ce sera notamment l’objet de la Convention Nationale de la France insoumise qui aura lieu à la fin du mois de novembre.
Elle doit permettre d’indiquer au peuple français qu’il dispose désormais d’un outil à son service, qui ne se préoccupe pas de ses intérêts propres mais de ceux de la population. Cela se fera avec d’autant plus d’efficacité que la France insoumise restera un mouvement ouvert, en porosité totale avec la société, refusant que s’installe une barrière entre le dedans et le dehors. Un mouvement poreux, c’est un mouvement qui ne se fige pas dans des structures pyramidales autour de son noyau le plus impliqué mais pense toujours son propre dépassement. C’est un outil qui appartient à chacun.e de ceux qui veulent prendre leur part du combat, sans procédure complexe pour en devenir partie prenante. C’est un bouillonnement permanent où le pouvoir d’initiative est total et où les énergies ne s’épuisent pas dans des confrontations internes qui deviennent autant d’entraves à l’action. C’est une démarche qui refuse de se penser dans le cadre stérile d’une opposition entre horizontalité et verticalité et qui invente au contraire un pouvoir diffus et polycentrique, allant des équipes d’animation nationale aux livrets et aux groupes d’appui.
C’est, là aussi, un travail passionnant qui s’annonce. Les insoumis.e.s ont démontré à chaque occasion leur intelligence, leur bienveillance et leur détermination. Ils et elles sauront, c’est certain, répondre aux défis nouveaux qui s’offrent à eux !

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