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vendredi 29 septembre 2017

Editorial de la Tribune des travailleurs du 27 septembre 2017 - La rue ou la classe ?

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                                      La Tribune des travailleurs

La rue ou la classe ?

Editorial de la Tribune des travailleurs du 27 septembre 2017


Editorial de Daniel Gluckstein
Une polémique sur la « rue » a enflammé, quelques heures durant, les hautes sphères de la politique.
C’est un fait : « la rue » peut être empruntée dans un sens et dans un sens contraire. En 1968 à Paris, un million de travailleurs et de jeunes déferlèrent le 13 mai aux cris de« 10 ans ça suffit, de Gaulle démission ! », marquant l’engagement de la grève générale ; mais le 30 mai, c’est la réaction qui défilait par centaines de milliers sur les Champs-Élysées, contre la grève générale et en soutien au Général.
« La rue » n’a pas de caractère de classe défini.
Quand Macron oppose avec mépris la démocratie à « la rue », c’est pour ne pas dire « la classe ouvrière » et camoufler le contenu de classe de ses ordonnances.
Mais pourquoi Mélenchon, qui revendique d’être son principal opposant, reprend-il à son compte cette rhétorique sur « la rue » ? Sans doute ce recours à un vocabulaire équivoque s’explique-t-il par son refus de « se référer au seul intérêt de classe » (1) et sa référence au populisme (2).
Pour les militants qui se réclament de la lutte de classe, « la rue » est un moyen d’action parmi d’autres : il est des moments où il faut descendre dans la rue et d’autres où il faut savoir ne pas y descendre. De même qu’il est des moments où les élections sont un enjeu et d’autres où le véritable débat est ailleurs. De même qu’il est des moments où la grève est à l’ordre du jour, d’autres où elle ne l’est pas (3).
Pour les militants qui se situent sur le terrain de la lutte de classe, le seul critère est : qu’est-ce qui renforcera la confiance de la classe ouvrière en sa propre force, sa confiance en sa capacité à s’ouvrir la voie de son propre pouvoir ?
Car cela reste la question centrale : quelle classe sociale a le pouvoir entre les mains ? Le gouvernement Macron-Philippe est ouvertement et brutalement un gouvernement capitaliste. À quoi s’oppose le combat pour le gouvernement de la classe ouvrière. D’où découle cet objectif immédiat : réaliser l’unité de toutes les forces pour chasser ce gouvernement, sans délai.
Telle est la perspective ouverte par l’appel du Mouvement pour la rupture avec l’Union européenne et la Ve République, dans laquelle s’engagent sans réserve les partisans d’un authentique Parti ouvrier indépendant démocratique.

(1) Le Parisien, 23 mars 2017.
(2) « Notre idéologie est le populisme humaniste », explique la porte-parole de La France insoumise Raquel Garrido (« Jacobin », avril 2017), pour qui le populisme, c’est « construire un eux et un nous, ce qui peut vouloir dire un nous ethniquement pur contre les étrangers – c’est le populisme d’extrême droite – et qui peut vouloir dire aussi : nous, les gens contre l’oligarchie. Ça, c’est notre stratégie. »
(3) Léon Blum, lors du procès de Riom que lui intenta le régime de Vichy en 1942, justifiait son rôle face à la grève générale de 1936, revendiquant d’avoir sauvé l’ordre capitaliste en ces termes : certes, les ouvriers occupaient les usines, mais de ce fait, les usines occupaient les ouvriers, ce qui les détournait de la lutte pour le pouvoir.

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