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jeudi 27 avril 2017

HISTOIRE et MEMOIRE - La Galerie de l'Histoire - UN TYRAN SORTI DES URNES



HISTOIRE et MEMOIRE

 
 La Galerie de l'Histoire.
 
   
Christian LE Moulec
27 avril, 14:39

 
UN TYRAN SORTI DES URNES 


Comme le suggère Bertolt Brecht par le titre de sa pièce « La Résistible Ascension d'Arturo Ui », âpre satire antinazie, la marche au pouvoir d'Adolf Hitler ne fut pas irrésistible. Toutefois, elle fut favorisée après 1929 par un contexte de crise exceptionnel, et par les faiblesses, les erreurs ou le discrédit de ses adversaires et concurrents politiques. De plus, catastrophiques furent les conséquences de la crise de 1929 sur l’économie allemande. 
L’attente diffuse d’un sauveur providentiel prédisposait une bonne part de la population allemande à s’en remettre à un Hitler. Le vieux maréchal Hindenburg, porté à la présidence de la République en 1925, cesse de jouer le jeu de la démocratie à partir de 1930. Il lui prend alors fantaisie de gouverner par décrets, si bien qu’il finit par vider de leur substance les institutions de Weimar. Hitler n’aura plus qu’à leur porter le coup de grâce. 
Le NSDAP, Parti national-socialiste des travailleurs allemands, fondé en 1920 et refondé par Hitler en janvier 1925, fait des thèmes antisémites et anti-internationalistes son fonds de commerce. L'absence de programme précis est cachée par le mythe du Führer. Celui-ci exalte surtout la communauté du peuple uni et patriote, Volksgemeinschaft . 
Aux élections générales de 1928, le NSDAP obtient seulement 800 000 voix représentant 2,6 % du corps électoral, ce qui lui vaut douze sièges au Reichstag. 
Au fil des mois de l'année 1930 et de l'année 1931, marqués par la montée du chômage, la paupérisation de pans de plus en plus importants de la population, le parti connaît des succès électoraux de plus en plus nombreux. Selon sa région d’implantation, le parti capte des pans différents de la population. 
Début 1932, le parti compte 1,5 million d'adhérents, dont 350 000 SA et SS qui multiplient les exactions et les démonstrations de force. Entretemps, le Zentrum, parti catholique, entend amadouer les nationaux-socialistes en associant Hitler au pouvoir. 
Le 25 février 1932, Hitler obtient la nationalité allemande, et à l’élection présidentielle de mars-avril, il obtient 13 418 517 millions de voix au second tour, représentant 36,7 % du corps électoral, mais il est battu par Hindenburg. 
Après les élections de novembre 1932, où le parti est en baisse, Hitler sait que pour arriver au pouvoir, il doit pactiser avec le grand patronat. Et ça marche. 
Hitler est désormais tout puissant. Le 30 janvier 1933, après une dernière intrigue de von Papen, le vieux maréchal nomme Hitler chancelier. 
À l'annonce de la nomination de Hitler, des hordes de SA défilent sous les fenêtres de leur chef et devant la porte de Brandebourg dans une longue retraite aux flambeaux qui dure 5 heures. 
En 1933, un protestant sur deux vote national-socialiste, un catholique sur trois. En fait, ces succès doivent beaucoup au fait que le NSDAP promet tout à tout le monde, tout en renvoyant à plus tard, c'est-à-dire après la prise du pouvoir, les mesures concrètes à mettre en œuvre une fois cet objectif atteint. 
Le 27 février, le palais du Reichstag est totalement détruit par un incendie criminel. Prétexte pour développer la thèse d’un soulèvement communiste et arrêter plus de 4 000 militants. 
Aux élections de mars 1933, le NSDAP obtient 17,28 millions de voix représentant 43,9 % du corps électoral. C’est fâcheux car il n'a donc pas la majorité absolue. Mais qu’à cela ne tienne : tous les partis et syndicats, autres que d’obédience nazie, sont dissous dès juillet. 
En novembre 1933, le nouveau dictateur fait plébisciter sa politique : 95 % des votants approuvent le retrait de la Société des Nations. 
Enfin, la loi du 1er décembre 1933 dicte « Le NSDAP est étroitement lié à l’Etat ». Du coup, le NSDAP devient la seule force politique autorisée dans le Reich, et ce jusqu’en mai 1945. 
En juillet 1934, le vieil Hindenburg va jusqu’à féliciter Hitler pour sa fermeté dans ce qu’on appelle « La Nuit des Longs Couteaux », puis meurt en août. En vertu de la Constitution de Weimar, le chancelier exerce temporairement les pouvoirs du feu président. Aussitôt, le Reichstag vote une loi de fusion des deux fonctions en une seule : Hitler devient à la fois président et chancelier du Reich. Le Führer, en quelque sorte. 
Le plébiscite du 19 août (89,93 % de oui) achève de donner au Führer le pouvoir absolu. 
Ainsi, un tyran est-il parvenu légalement au pouvoir ! 
Ci-dessous : 
Carte de membre du NSDAP d'Adolf Hitler, 1920. 
Evolution des résultats des nazis aux législatives. 
Séance au Reichstag, le 13 octobre 1930, les députés nazis sont en chemise brune à l'extrême droite (vus du centre de l'hémicycle), mais à gauche sur l'image. 
Projection graphique de la nouvelle composition du Reichstag en mars 1933. 
Le plébiscite de novembre 1933 entérine la fin de la démocratie en Allemagne.


                   

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