ARDÈCHE - LOUIS VIANNET, ANCIEN SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA CGT, INSTALLÉ EN ARDÈCHE« La loi Travail, c’est une insulte aux salariés »
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À quelques jours de l’appel à la grève et à la manifestation du 28 avril, et de la Fête du travail, Louis Viannet, ancien secrétaire général de la CGT, de 1992 à 1999, installé à Félines (Nord-Ardèche), revient sur une loi Travail tant décriée.
La Confédération générale du travail (CGT) et vous-même exigez le retrait de la loi Travail. Qu’est-ce qui ne passe pas ?
C’est une extraordinaire marche en arrière dans la vie sociale de notre pays. L’objectif de cette loi est clair : elle vise à l’affaiblissement des salariés, à les mettre en état d’infériorité par rapport aux employeurs. Et, une fois que cet objectif est atteint, on dit allègrement que les employeurs peuvent se dispenser de la loi, car ils pourront, par référendum, quand même faire passer des mesures. Je n’ai jamais ressenti, comme aujourd’hui, une telle fragilisation du monde salarié. C’est scandaleux. Ça va permettre de remettre en cause des acquis. Cette loi, c’est une insulte aux centaines de milliers de militants et de salariés qui se sont battus pour faire intégrer, dans le code du travail, les avancées obtenues par leurs actions. C’est tout cela que le gouvernement veut remettre en cause.
Le fait que ce soit un gouvernement de gauche qui propose ce texte, cela vous scandalise-t-il encore plus ?
Cela serait choquant si le texte émanait d’un véritable gouvernement de gauche. Dans la mesure où le gouvernement applique une politique de droite, on peut s’attendre à tout. Mais ce sont des années de lutte bafouées. Ça fait mal, très mal.
Lors du congrès CGT, la semaine dernière à Marseille, l’idée d’un appel à la grève générale dès ce jeudi a été lancée, vous y êtes favorable ?
Même si j’ai constaté une volonté d’intensifier les efforts pour avoir une grande mobilisation ce jeudi 28 avril, mon expérience m’a montré que les grèves générales, ça ne se décide pas. Ce sont les travailleurs qui la font. C’est leur propre démarche. En 68, il n’y a pas eu d’appel à la grève générale.
Sentez-vous les travailleurs français prêts à le faire cette année contre la loi Travail ?
On n’en est pas tout à fait là. Mais je constate qu’une majorité des Français sont contre cette loi. C’est encourageant pour les organisations syndicales qui ont décidé de se battre. C’est un soutien. En 1995, il y avait des mouvements de grève moins importants mais des manifestations très puissantes. Les médias avaient trouvé le terme de “grève par procuration”. Il y a, en effet, plusieurs façons de se battre.
Le mouvement “Nuit debout” en est-il une crédible ?
Ce n’est pas à moi de délivrer des brevets de crédibilité mais des hommes, des femmes, jeunes ou moins jeunes, se retrouvent depuis des jours pour échanger, discuter. Ça traduit une aspiration, qui n’a pas encore trouvé la façon dont ça pourrait se concrétiser, mais qui va forcément donner quelque chose. Et c’est un signe de bonne santé de la volonté démocratique des Français.
Juste après la journée d’actions du 28 avril, il y aura la Fête du travail et les traditionnelles manifestations syndicales. Qu’en attendez-vous ?
Il n’y a plus vraiment de tradition du 1er mai. Le besoin d‘une journée internationale de solidarité est apparu, en Europe et aux États-Unis, à la fin du XIXe siècle, avec la lutte pour la journée de 8 heures. Elle a perduré pendant plusieurs décennies mais aujourd’hui, cette tradition s’est atténuée. Toutefois, selon l’état d’esprit d’un pays, elle peut avoir un écho différent. Je suis donc très impatient de voir le 1er mai 2016. La loi Travail va être au cœur de la manifestation et des revendications des salariés. Ce qui nous donnera une idée de leur niveau de mobilisation.
Bio expressLouis Viannet a 83 ans. Il est originaire de la région lyonnaise et est issu d’une famille ouvrière. Il a travaillé aux PTT. Il intègre la CGT en 1953, alors que des grèves secouent le service public. En 1979, il est élu secrétaire général de la Fédération CGT des PTT. En 1992, il est élu secrétaire général de la CGT, succédant à Henri Krasucki. Il assure ces fonctions jusqu’en 1999.En 2002, Louis Viannet s’installe à Félines, en Nord-Ardèche, d’où est originaire son épouse.
Par Propos recueillis par Amandine BRIOUDE | Publié le 25/04/2016 à 06:00
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