L'ECONOMIE
Difficiles arbitrages budgétaires pour l’Espagne |
Drapeau espagnol sur la plaza de Colon, à Madrid, en mars 2015. GERARD JULIEN / AFP
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L’Espagne a connu en 2015 un nouveau dérapage de son déficit public, à 5,16 % du PIB, bien au-dessus de ses prévisions ; ce qui pourrait contraindre le prochain gouvernement à prendre d’impopulaires mesures d’économie. « Le déficit a été ramené en 2015 de 5,8 % à 5,16 % », a déclaré le ministre du budget, Cristobal Montoro, lors d’une conférence de presse. Il a qualifié cette réduction d’« insuffisante », alors que Madrid avait promis à Bruxelles de le ramener à 4,2 %. C’est la huitième année de suite que l’Espagne ne remplit pas ses objectifs. Son économie a été dévastée par une profonde crise dont elle a commencé à sortir en 2014, mais le pays reste confronté à un déficit et à une énorme dette publique, qui représente 99 % du PIB. Le gouvernement sortant de Mariano Rajoy (Parti populaire, PP) s’était engagé à ramener en 2016 le déficit de la quatrième économie de la zone euro sous la barre de 3 %. Mais ni la Commission européenne, ni les économistes n’y croient. Une réduction de cette ampleur imposerait des économies de près de 26 milliards d’euros, du jamais-vu, selon Jésus Castillo, économiste chez Natixis.
La paralysie politique de l’Espagne, dirigée depuis les législatives du 20 décembre par un gouvernement chargé des affaires courantes, rend d’autant plus difficile la mise en œuvre de
mesures de correction rapides. Le PP au pouvoir a perdu sa majorité absolue, et les élections ont débouché sur un Parlement fragmenté. Il ne peut plus gouverner seul et n’obtient de soutien d’aucune des trois autres grandes formations (les socialistes du PSOE ; le parti de gauche radicale Podemos ; et Ciudadanos, de centre droit), qui sont également incapables de s’entendre pour former un gouvernement alternatif de coalition. Faute d’accord entre les partis, aucun nouveau gouvernement n’a donc pris ses fonctions et si aucune alliance n’est nouée avant le début du mois de mai de nouvelles élections seront convoquées à la fin de juin. « Un accord est plus urgent que jamais pour une politique budgétaire différente et que l’Espagne récupère sa crédibilité », a plaidé le PSOE sur son compte Twitter. Du coup, l’incertitude règne sur les choix budgétaires du prochain gouvernement, dont on ignore la couleur politique. Podemos souhaite un délai de quatre ans pour revenir dans les limites exigées par Bruxelles, tandis que le PP se veut le garant de l’orthodoxie. La Commission européenne demande, elle, « des mesures pour assurer une correction durable ». Une réduction drastique des dépenses « ne serait cependant pas souhaitable », car « la reprise économique dynamique reste fragile », avertit Jésus Castillo. La croissance a atteint 3,2 % en 2015, mais devrait ralentir autour de 2,8 % en 2016, les perspectives pour l’économie mondiale étant plus sombres. Des mesures d’économie pourraient « déboucher sur une récession », craint aussi Francisco de la Torre, député de Ciudadanos. |
Rebond chinois. L’activité manufacturière en Chine s’est reprise de façon inattendue en mars, pour la première en neuf mois, après s’être violemment contractée depuis la mi-2015, selon un indice gouvernemental du Burean national des statistiques (BNS) publié vendredi. Mais la conjoncture reste sombre dans la deuxième économie mondiale. Le BNS s’est fait prudent, ne cachant pas que« des difficultés demeurent pour les entreprises », en proie à des sources de financement insuffisantes et au renchérissement du coût du travail.
Pessimisme japonais. Yen fort, ralentissement en Asie, demande intérieure atone : le moral des grandes industries japonaises est tombé au plus bas en près de trois ans, selon l’enquête Tankan de la Banque du Japon (BoJ), énième signal négatif pour la troisième économie mondiale. Après une contraction du PIB au quatrième trimestre 2015, les premières données de 2016 dressent un tableau plutôt sombre, alors que la stratégie de relance « abenomics », lancée à la fin de 2012 par le premier ministre, Shinzo Abe, semble avoir atteint ses limites. Plombé par le Tankan, l’indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a chuté de 3,55 % vendredi à la clôture.
Retour du nucléaire à l’horizon 2030 ? EDF espère mettre en service de nouveaux réacteurs nucléaires en France à l’horizon 2028-2030, a annoncé jeudi Xavier Ursat, le directeur exécutif du groupe chargé de l’ingénierie et des projets« nouveau nucléaire ». M. Ursat a en outre déclaré qu’EDF pourrait nouer des partenariats avec le Japon pour construire de nouveaux réacteurs, en particulier le modèle Atmea développé par le japonais Mitsubishi Heavy Industries et le français Areva.
Croissance du marché automobile français. Il a progressé de 7,5 % en mars, un rythme légèrement inférieur à celui des deux premiers mois de 2016 mais encore bien supérieur aux prévisions des constructeurs pour l’année entière, selon les chiffres officiels du Centre des constructeurs français d’automobiles (CCFA) publiés vendredi. Alors que 211 264 voitures particulières neuves ont été mises sur les routes de l’Hexagone le mois dernier, le groupe Renault a fait mieux que la moyenne avec une hausse de ses immatriculations de 12,3 % par rapport à mars 2015, tandis que PSA Peugeot Citroën a « calé », n’enregistrant que 2,8 %.
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Micro-Macro |
par Thibaut Soulcié |
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Dans la presse étrangère |
L’Etat-providence : une tirelire pour la vie |
Manifestations contre l'austérité et des coupes dans l'Etat-providence, à Londres, le 8 juillet 2015. PAUL HACKETT / REUTERS
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Comment « l’Etat-providence » peut-il se justifier ?, s’interroge le Financial Times. La réponse habituelle est qu’il est un moyen pour les riches d’aider les moins bien nantis. Mais ce n’est pas son seul rôle. Il est aussi une sorte de « tirelire », comme Nicholas Barr de la London School of Economics le démontre. Plus précisément, il est un substitut pour les marchés que le secteur privé ne peut pas offrir. Au Royaume-Uni, les différentes dépenses et allocations sociales représentent une somme énorme : 33 % des dépenses courantes (et 12,5 % du produit intérieur brut) en 2014-2015. A court terme, les dépenses ont un effet redistributif. Ce rôle de l’Etat est sans doute important de tout temps. Mais il est particulièrement significatif à la suite d’une crise qui affaiblit l’économie. Le rôle porte autant sur la répartition des revenus sur la durée de vie que chez ceux des personnes. La preuve en est une étude de l’Institute for Fiscal Studies (IFS), publiée l’an dernier. Elle montre notamment que plus de la moitié de la redistribution réalisée par les impôts et les prestations sociales se fait davantage sur la durée de vie que chez des personnes différentes. Elle met également en lumière que seulement 7 % des personnes reçoivent plus de prestations qu’elles ne paient d’impôts sur leur durée de vie, même si 36 % des personnes reçoivent plus de prestations que ce qu’elles paient des impôts pour une année donnée. L’argument en faveur de cette redistribution est que c’est une condition nécessaire à l’efficacité économique pour parvenir à des « marchés complets » ; même s’il n’est pas possible d’y parvenir intégralement. En raison des lacunes du marché, l’assurance privée contre le chômage est par exemple difficile, sinon impossible. L’Etat est en bonne position pour pallier ces défaillances, en partie parce qu’il peut surveiller le comportement et éviter le phénomène de « sélection adverse ». L’étude IFS suggère que le système d’imposition et de prestations du Royaume-Uni agit pour corriger ces lacunes. Les services d’éducation et de santé publics financés agissent efficacement et les personnes bénéficient plus des premiers quand ils sont jeunes et des seconds quand ils ont vieilli.
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Etudes & documents |
Montée du niveau des océans. Si les émissions de gaz à effet de serre gardaient leur rythme actuel, le recul de la calotte antarctique pourrait à lui seul faire monter les mers d’un mètre d’ici 2100, doublant quasiment les précédentes estimations globales d’élévation des eaux, selon une étude parue dans Naturemercredi. A plus long terme, cette montée liée à la seule Antarctique pourrait frôler les 15 m d’ici 2500. « Ce pourrait être un désastre pour de nombreuses villes à basse altitude », souligne Robert DeConto, de l’université du Massachusetts à Amherst, coauteur de l’étude avec David Pollard de la Pennsylvania State University. « Mais la bonne nouvelle est qu’une réduction drastique des émissions limitera ce risque de retrait majeur de la calotte antartique », ajoute-t-il.
Réforme du port du Havre. La réforme portuaire de 2008 a été menée à bien au port du Havre, mais au prix de nombreuses grèves et de dépenses de personnel élevées, estime la Cour des comptes dans un rapport publié mercredi. Deuxième port français, et premier pour le trafic de marchandises par conteneurs, Le Havre a connu de fortes tensions sociales pour l’application de la réforme : trente-huit jours de grève en 2008, cinq en 2009, cinquante et un en 2010 qui ont entraîné « des pertes de trafic importantes », note la Cour des comptes, dont l’étude porte sur la période 2008-2013. « En dépit de ce contexte défavorable, les différents chantiers de la réforme ont été menés à bien, parfois au prix d’adaptations par rapport aux principes de la réforme et de dépenses nouvelles, en particulier de personnel », ajoute-t-elle. « Le bilan de la réforme, établi par le grand port maritime du Havre (GPMH), fait apparaître qu’entre 2011 et 2016 la réduction des pertes d’exploitation due à la réforme ne suffit pas à compenser le coût de l’accompagnement social et de celui du personnel transféré ; le solde redevient positif à partir de 2017 », selon le rapport.
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Le chômage des jeunes, un fléau européen
Partout en Europe, les moins de 25 ans paient un lourd tribut à la crise. La France ne fait pas exception à la règle. Au contraire.
Lire la suiteSources : Le Monde .fr du 1.04.2016 |
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