ECONOMIE - mardi 1 er mars 2016

ECONOMIE L’Inde fait du développement agricole une priorité

Des agriculteurs indiens, près du village de Kathwada, à quelque 30 kilomètres d'Ahmedabad, le 12 février 2016. SAM PANTHAKY / AFP

Le gouvernement indien veut doubler les revenus de ses agriculteurs au cours des cinq prochaines années et promet d’électrifier tous les villages d’ici à mai 2018, dont sont encore dépourvus 300 millions d’Indiens, a annoncé lundi le ministre des finances, Arun Jaitley, lors de la présentation du budget 2016-2017. Cette double promesse envers l’Inde rurale, où habite plus de la moitié de la population (1,295 milliard d’habitants en 2014), est faite au moment où des millions de paysans indiens traversent de fortes difficultés, la sécheresse affectant de nombreux Etats après deux années de mousson insuffisante. « Nous sommes reconnaissants envers nos agriculteurs parce qu’ils sont la colonne vertébrale de la sécurité alimentaire de notre pays », a dit le ministre devant le Parlement. Le gouvernement dirigé par Narendra Modi promet, par conséquent, d’affecter un budget de 877,6 milliards de roupies (12,7 milliards de dollars) pour le développement du monde rural. Il va accroître les dépenses de son programme garantissant des journées de travail aux personnes sans ressources en milieu rural, mettre en place un plan d’assurances des récoltes, améliorer l’accès des agriculteurs aux marchés et accélérer le déploiement d’Internet. Le gouvernement conduit par le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP) doit affronter de délicates élections dans plusieurs grands Etats cette année et l’an prochain, où le vote du monde rural sera crucial. En novembre, le BJP a subi un cuisant revers dans le Bihar, l’un des Etats les plus grands et les plus pauvres du pays. Les Jats, une communauté d’agriculteurs et propriétaires terriens, a déclenché des émeutes dans le nord de l’Inde il y a une dizaine de jours pour accéder aux quotas d’emplois publics et de places à l’université réservés habituellement aux basses castes. L’Inde compte environ 120 millions d’agriculteurs et 145 millions de travailleurs journaliers, selon le recensement de 2011. M. Jaitley a déclaré que le « programme de transformation » du budget, où 9 secteurs sont prioritaires, aidera l’économie à résister à l’incertitude de l’économie mondiale. La croissance indienne a néanmoins accéléré l’an dernier à 7,6 %.

Inquiétudes chinoises après le G20. La Bourse de Shanghaï chutait de plus de 4 % lundi peu après l’ouverture, dans un marché toujours affolé par la dépréciation continue du yuan et peu convaincu par les engagements des dirigeants chinois, lors du G20, à utiliser leurs « marges de manœuvre » pour soutenir l’économie. Les grands argentiers du G20 ont appelé samedi à Shanghaï à utiliser « tous les outils » possibles pour soutenir l’économie, y compris via des dépenses publiques accrues, face à une reprise mondiale « inégale » et exposée à une recrudescence de menaces. La réforme des professions réglementées entre en vigueur. Les tarifs des greffiers des tribunaux de commerce vont baisser de 5 % et ceux des notaires et des huissiers de justice de l’ordre de 2,5 % après la publication, dimanche, d’un décret et d’une série d’arrêtés sur la réforme des professions réglementées votée l’été dernier dans le cadre de la loi Macron. Soutien de Macron à la réforme du travail. Le projet de réforme du code du travail du gouvernement n’est pas intangible, mais on ne peut pas déclarer l’état d’urgence économique et social et ne rien faire sur le marché du travail, a déclaré dimanche dans le JDD Emmanuel Macron. Pays nordiques en croissance. Le produit intérieur brut (PIB) de la Suède a bondi de 4,1 % en 2015, une nette accélération par rapport à la croissance enregistrée en 2014 (2,1 %), selon les chiffres publiés lundi par l’institut statistique national. Le PIB de la Finlande a légèrement progressé au quatrième trimestre et sur l’ensemble de 2015 (+ 0,4 %), permettant au pays de sortir de trois années de récession. En revanche, la croissance du Danemark a très légèrement ralenti à 1,2 % en 2015 après 1,3 % l’année précédente.

Micro-Macro

par Thibaut Soulcié

65 % C’est le pourcentage de Français qui ont une mauvaise opinion des organisations syndicales et une majorité (59 %) ne leur font pas confiance pour défendre les intérêts des salariés, selon un sondage Odoxa pour Le Parisien-Aujourd’hui en France publié dimanche. Pour les personnes interrogées, les syndicats sont« trop politisés » (77 %), « trop nombreux » (68 %), « éloignés des réalités du terrain » (59 %) et « démagogiques » (57 %). Ils sont toutefois jugés « utiles »par une majorité du panel (56 %).

Dans la presse étrangère

L’or, le grand gagnant de 2016

Le précieux métal est l’actif le plus performant en 2016, avec un gain de 15 %. Sur le marché à terme, l’once a progressé de 9,3 % depuis janvier atteignant 1 220,40 dollars. La tourmente sur les marchés mondiaux des actions et des devises a suscité sa demande de valeur refuge. Et les spéculateurs ont accru leur position nette longue en or au plus haut en un an. La détérioration des économies mondiales a augmenté la crainte que le ralentissement sera un frein à la croissance aux Etats-Unis, ce qui renforce l’attrait de l’or en tant qu’actif sûr. Dans le même temps, il est de plus en plus incertain que la Réserve fédérale agisse aussi rapidement que prévu afin de relever les taux d’intérêt parce que l’expansion économique peut s’affaiblir. Aussi, certains analystes changent leur approche de l’or et anticipent que les prix pourraient bondir jusqu’à 1 400 dollars, notamment si l’aversion au risque s’intensifie. D’autres voient cependant les cours repartir à la baisse si la Fed augmentait ses taux. Toutefois, comme l’observe Robin Bhar, un analyste de la Société générale à Londres, si la tourmente des marchés ne se calme pas, « il y a aura de nouveaux flux d’achat d’or ». Source : Gold Becomes the Biggest Winner of 2016, Bloomberg, 28 février 2016.

« C’est une possibilité, parmi d’autres » Un rachat d’actifs plus massif que les 60 milliards d’euros par mois du programme actuel « est une possibilité » pour la Banque centrale européenne (BCE), a déclaré François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, dans un entretien publié dimanche dans la presse allemande. « Nous sommes prêts à agir, mais nous devrons d’abord regarder les données économiques », a ajouté le gouverneur de la Banque de France, qui participera à la réunion du conseil des gouverneurs de la BCE le 10 mars à Francfort.

L'éco & moi Monde du travail. Le premier robot nettoyeur de la SNCF apparaîtra sur les quais de la gare de Lyon dès demain, mardi 1er mars. Ce sera le premier technicien de surface robotisé en Europe. Dès 2013, une étude de Carl Benedikt Freyet and Michael A. Osborne prédisait le remplacement des emplois routiniers par la robotisation : « 47 % de l’emploi total aux Etats-Unis », écrivaient alors les chercheurs. En France, les robots pourraient détruire 3 millions d’emplois au cours des dix prochaines années, alertait en 2014 une étude du cabinet Roland Berger. Dans son rapport d’août 2015, France Stratégie relativisait cette perspective alarmiste, en soulignant que « la complémentarité hommes-machines et la multiplication des services associés aux biens [seraient] favorables aux qualifications moyennes et intermédiaires » et créeraient des emplois. La SNCF assure que son robot ne supprimera pas l’emploi des agents d’entretien. A partir du mois de mai, elle devrait tester des robots voltigeurs pour nettoyer les verrières.

Etudes & documents

L’agriculture menacée par l’érosion de la biodiversité. Selon la plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), 5 à 8 % de la production agricole mondiale, soit entre 235 et 577 milliards de dollars, seraient directement dépendants de l’action des pollinisateurs sur les cultures. Le déclin de ces espèces menace ainsi la production du café, des pommes, du chocolat ou encore des céréales, et met en péril les moyens d’existence de millions de personnes. Source : IPBES. Chers bureaux. Sur les dix villes où le prix de location du mètre carré d’espaces professionnels est le plus élevé, la moitié est asiatique, relève une étude la société immobilière JLL. Hongkong est en tête du podium : le mètre carré s’y loue 262 dollars par an, dans une ville où la tension entre offre et demande est très forte. Elle est suivie de Shanghaï, Tokyo et Delhi. Une tendance qui devrait se poursuivre, l’Asie attirant de nombreux investisseurs à la recherche de pays en croissance. Mais c’est une capitale du Vieux Continent qui s’adjuge la deuxième place : Londres. Source : JLL.

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Sources : Le Monde.fr du 29.02.2016