des jeunes »
LE MONDE | • Mis à jour le | Par Faustine Vincent
Dans le cortège parisien, travailleurs du privé, fonctionnaires, professions libérales, chômeurs, jeunes et retraités ont défilé côte à côte sous une pluie battante contre le projet de loi sur le travail, quand bien même tous ne sont pas concernés. Candy, jeune fonctionnaire, est ainsi venue « pour soutenir les travailleurs, l’avenir du travail et celui des jeunes. J’ai un fils, je ne veux pas qu’il connaisse ça plus tard ».
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Johanna Cillaire, institutrice, a elle aussi fait le déplacement. « L’éducation nationale se privatise de plus en plus et fait appel à de nombreux contractuels » dépendant du droit privé, explique-t-elle. Surtout, elle assure que « tout ce qui se passe dans le privé se répercute souvent dans le public par la suite ». A ses côtés, Ivan Jamois, professeur, opine : « A chaque fois que la protection du privé commence à s’affaiblir, après on nous traite de sales privilégiés. Ça s’est passé comme ça avec les retraites. »
Joëlle, au chômage, redoute quant à elle que la loi menace la santé des salariés. « On sera considéré comme des machines. Et on veut nous faire croire que les salariés pourront négocier avec leurs employeurs, mais c’est faux. »
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Rejet plus large de la politique du gouvernement
Dans le cortège, de nombreux manifestants sont venus dénoncer « la précarisation du travail » qu’impliquerait, selon eux, l’adoption du projet de loi, et différentes dispositions qu’il comporte, en particulier sur le plafonnement des indemnités prud’homales, les licenciements économiques, la primauté de l’accord d’entreprise sur l’accord de branche, ou encore la modulation du temps de travail.
« Vous imaginez des ouvriers travailler 60 heures par semaine ? », s’indigne Mouss, contrôleur qualité des ascenseurs et membre de la CFDT, qui n’avait pas appelé à manifester. Renaud, qui travaille dans le secteur médico-social, s’inquiète pour sa part de la remise en cause des 11 heures de repos consécutif obligatoire. Il en est convaincu : « C’est une lutte de civilisation qui se joue : est-ce que les droits humains passent après les intérêts du capital ou pas ? »
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Au-delà du rejet de la loi El Khomri, la manifestation du 31 mars était aussi l’occasion de dénoncer, plus largement, la politique du gouvernement. « Il y a un effet goutte d’eau qui fait déborder le vase avec les mesures ultralibérales de la loi El Khomri, la déchéance de la nationalité, l’état d’urgence, l’immigration et la rhétorique à la George W. Bush sur le terrorisme, énumère Ivan Jamois. Le revirement est si massif qu’à un moment, ça suffit. »
Pierre Dumasy, médecin généraliste présent dans le cortège, avait voté pour François Hollande en 2012. « Je ne m’attendais pas à ce qu’il nous trahisse à ce point », lâche-t-il. S’il est venu manifester, c’est « dans le cadre d’une lutte plus globale contre l’évolution ultralibérale de la France, orchestrée de surcroît par un gouvernement de gauche ! »
Plusieurs manifestants se disent déterminés à aller jusqu’à la grève générale. Régis, électricien à Aéroports de Paris, l’assure : « C’est la seule chose à faire pour obtenir le retrait du projet de loi. »Malgré la météo exécrable, la manifestation a rassemblé entre 26 000 et 28 000 personnes à Paris, selon le décompte du ministère de l’intérieur. Jeudi, la CGT a appelé à des grèves et des manifestations les 5 et 9 avril, « jusqu’au retrait » du texte.
- Faustine Vincent
Journaliste au Monde
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