Manifestations contre l'état d'urgence en France
«Etat d’urgence, état policier ! » Quelques milliers de personnes ont bravé la pluie samedi à Paris et dans d'autres villes de France, pour dénoncer le projet de déchéance de nationalité et l’état d’urgence, alors qu’un projet de loi le prolongeant sera examiné dans les jours qui viennent au Parlement.
Outre le défilé parisien, de la place de la République au Palais-Royal, des manifestations étaient prévues dans les principales villes de France, à l’appel des collectifs «Nous ne céderons pas» et «Stop état d’urgence», qui regroupent notamment des syndicats (CGT, FSU, Syndicat de la magistrature), des associations (Attac, Droit au logement, Droits devant, MRAP) et des organisations de défense des droits de l’homme (FIDH).
Ces organisations demandent la levée immédiate de l’état d’urgence instauré après les attentats de novembre 2015, et l’abandon du projet de déchéance de nationalité pour les personnes condamnées pour des activités terroristes, «des mesures qui heurtent et mettent à mal nos libertés au nom d’une hypothétique sécurité», selon un communiqué des collectifs. C’est sur ce «désaccord politique majeur» que la garde des Sceaux Christiane Taubira a démissionné mercredi.
"Notre arsenal législatif est largement suffisant"
Dans le cortège, une femme qui se fait appeler Chris s’est demandé : «L’état d’urgence, jusqu’à quand? La fin de Daech? Dans dix ans? Jamais? Il faut y mettre un terme, surtout que notre arsenal législatif est déjà largement suffisant».
« Sous prétexte de lutte contre le terrorisme, nous vivons un coup d’état permanent marqué par l’arbitraire et la censure», a affirmé une manifestante à Paris. Quant au projet sur la déchéance de nationalité, c’est selon elle «une mesure raciste qui revient à dire que certains sont plus français que d’autres».
« Sous prétexte de lutte contre le terrorisme, nous vivons un coup d’état permanent marqué par l’arbitraire et la censure», a affirmé une manifestante à Paris. Quant au projet sur la déchéance de nationalité, c’est selon elle «une mesure raciste qui revient à dire que certains sont plus français que d’autres».
Catherine, une autre manifestante, a dénoncé «une mesure hypocrite et inutile. Le Parlement est appelé à voter comme un seul homme, nous manifestons pour montrer aux députés qui sont réticents qu’ils ne sont pas seuls».
Sous la pluie, les manifestants scandent «état d’urgence, état policier» ou, de circonstance: «le temps est pourri, le gouvernement aussi».
La prolongation de l'état d'urgence, mercredi au conseil des ministres
A Toulouse, entre 400 personnes selon la police et 600 à 700 personnes selon les organisateurs ont défilé. Des manifestations ont eu lieu à Auch, Montauban, Pau, Bayonne.
Le gouvernement veut prolonger de trois mois supplémentaires l’état d’urgence, qui devait prendre fin le 26 février. Le projet est présenté mercredi en conseil des ministres.
Annoncé dès le soir des attentats du 13 novembre qui ont fait 130 morts et plusieurs centaines de blessés, l’état d’urgence avait été prolongé à une écrasante majorité pour trois mois le 26 novembre par le Parlement.
Sa nouvelle prolongation, jusqu’à fin mai, qui sera débattue et votée le 9 février au Sénat, puis le 16 février à l’Assemblée nationale, est plus controversée : des partis de gauche et des associations de défense des droits de l’homme et des libertés publiques s’inquiètent d’un risque de pérennisation de ce régime d’exception. Jusqu’ici, une majorité de Français est favorable à la prolongation de l’état d’urgence.
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