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738 morts au travail en 2022. Deux vies fauchées par jour. Un ami, une sœur, un père, une conjointe, un fils qui ne seront plus jamais de retour du boulot. Les chiffres sont édifiants, terrifiants. Et pourtant ces morts sont entourées de silence. Les syndicats se mobilisent, mais l’indifférence règne au sein de la « start-up nation » macroniste où, derrière les promesses du premier ministre, on préfère estimer que « la vie d’un entrepreneur est souvent plus dure que celle d’un salarié ». Pour preuve, la casse systématique, via les réformes du droit du travail, des dispositions susceptibles d’éviter ces drames… Sans compter que même les chiffres sont sous-estimés : fonctionnaires, agriculteurs ou encore indépendants n’y figurent pas.

Une véritable « hécatombe invisible », comme la décrit Matthieu Lépine. D’ailleurs, sans ce prof d’histoire-géo révolté, elle n’émergerait qu’une fois par an, lors de la publication des données officielles mais partielles de la Cnam. Depuis huit ans, il a entrepris d’en faire un recensement presque quotidien sur son compte X. Avec lui, l’Humanité a décidé de donner encore plus de visibilité à ce terrible phénomène pour mieux le combattre. À partir du 28 avril, Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, nous publierons sur nos réseaux sociaux, à la manière de ce que fait le collectif #NousToutes avec les féminicides, le décompte des morts au travail. Nous voulons essayer de leur donner un visage, de raconter leur histoire, comme ce matin avec Kada, Yanis et Tony. Pour que le pouvoir prenne enfin la mesure de l’urgence à agir au-delà des déclarations de bonnes intentions.

Retrouvez également sur l’Humanite.fr les autres infos qui font l’actu ce vendredi. À commencer par la poursuite des manifestations dans les campus américains contre la guerre à Gaza et leur écho à Sciences Po Paris, la condamnation d’Harvey Weinstein annulée à New York, ou encore la mobilisation, avec possible grève à la clé, des footballeuses brestoises pour l’égalité.

Julia Hamlaoui,
cheffe de service de L'Humatinale

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Analyse

Face aux morts au travail, les incohérences du macronisme

Deux salariés meurent chaque jour sur leur lieu de travail. Lundi 29 avril, au lendemain de la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, l’exécutif promet de se saisir du problème mais ses bonnes intentions se heurtent à la réalité de sa propre politique... Lire l'article

Évènement

Mort au travail : l’Humanité lance une vigie pour documenter l’hécatombe

Il n’existe aucune structure étatique qui recense de manière exhaustive le nombre annuel de morts au travail. Connaître le sexe, l’âge, le secteur d’activité, la zone géographique afin de pourvoir en tirer des enseignements statistiques relève de l’impossible. L’Humanité s’associe à Matthieu Lépine pour mieux documenter cette tragique réalité et lui donner toute la visibilité nécessaire… Lire l'article

Portraits

Kada, Yanis, Tony… morts dans l’indifférence au travail

Décédés dans l’anonymat, ils sont livreurs de journaux, dans la maintenance, ou encore patrouilleurs sur les autoroutes et font partie de ces milliers de personnes mortes sur leurs lieux de travail… Lire l'article

📹 Focus

Raser des arbres pour faire voler des avions

🔎 Prospérité ?

Lors de son intervention fleuve à la Sorbonne jeudi, à mi-chemin entre discours de politique générale et meeting de campagne, Emmanuel Macron a, entre autres, appelé à un « pacte de prospérité » en Europe. « Prospérité », mais pour qui ? Telle est la question. Les grands groupes et les marchés ? Sans aucun doute. L’idée de créer un « marché européen de l’investissement et de l’épargne qui permettrait de remettre de la culture du risque » soumise par le président n’en est qu’un des nombreux témoignages. Pour les travailleurs ? Ce n’est franchement pas l'objectif alors que le gouvernement, les yeux rivés vers les agences de notation dont le verdict est attendu ce vendredi, s’apprête à les sacrifier sur l’autel de la dette avec des restrictions dans les dépenses publiques (minant un peu plus les services publics) et de nouvelles « réformes structurelles » (démantelant un peu plus le droit du travail).