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lundi 11 décembre 2017

Les Crises.fr - Le tandem Israël/Arabie saoudite s’adapte à la perte de la Syrie, par Alastair Crooke

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11
Déc
2017

Le tandem Israël/Arabie saoudite s’adapte à la perte de la Syrie, par Alastair Crooke


Source : Alastair Crooke, Consortium News, 04-11-2017
Face à sa défaite dans la guerre par alliés interposés qui se déroule en Syrie, le tandem Israël/Arabie saoudite prépare un nouveau front contre le Hezbollah, dont la soudaine démission du Premier ministre libanais Hariri est le présage, comme nous l’explique le diplomate britannique Alastair Crooke.
Apparemment les problèmes sont en train de prendre une acuité particulière au Moyen Orient. Pour beaucoup d’États, les temps à venir vont probablement se révéler comme la période où ils vont décider de leur avenir, pour eux comme pour la région dans son ensemble.

Le président Trump rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou le 22 mai 2017 en Israël.

La proposition russe qui tient compte de l’urgence de la situation consiste en la réunion d’une conférence à Sochi, lors de laquelle vont être invitées presque toutes las factions de l’opposition syrienne, ce qui, si tout se passe comme prévu, nous donnerait un nombre de 1000 délégués arrivant à Sochi dès le 18 novembre.
Le gouvernement syrien a accepté d’y assister. Certes quand on évoque un tel nombre de participants, on se doute bien que ce ne sera pas une séance de travail désinvolte, informelle, mais plutôt une réunion où seront discutées les propositions russes sur la constitution, le système de gouvernement et la place des « minorités » avec, en outre, le fait que la Russie veut que se tiennent vite des élections, dans six mois exactement. Pour faire court, c’est la dernière carte que peuvent jouer les représentants de l’opposition, ou ils entrent dans le jeu maintenant ou ils se tiennent à l’écart, ignorés.
On fait de gros efforts pour cette initiative, ainsi le président Poutine la soutient-il personnellement mais il n’y a aucune garantie qu’elle soit couronnée de succès. À la fois l’Iran et la Turquie, les garants d’Astana, ont peut-être leurs réserves, puisqu’ils ne savent pas exactement quels peuvent être les plans de Moscou. L’Iran tient absolument à ce que la Syrie garde un gouvernement fort et centralisé et la Turquie est préoccupée à l’idée que les Russes fassent la part belle aux Kurdes. En outre, elle ne tient pas spécialement à siéger avec les Kurdes syriens, le YPD, qui, pour elle, n’est qu’un avatar rebaptisé du PKK, qu’elle considère comme une organisation terroriste. Si la Turquie se retire des négociations, elle va emmener avec elle une bonne partie de l’opposition.
Même si les périodes déterminantes de l’histoire s’avèrent généralement moins déterminantes qu’on ne l’avait pensé, celle-ci marque effectivement le début du règlement de la guerre de Syrie et de l’enterrement du projet qui date de 20 ans du « New Middle East » (le nouveau Moyen-Orient), imaginé par les gouvernements des États Unis et d’Israël. La façon dont chaque État va réagir va décider du paysage moyen-oriental pour les années à venir.
En finir avec la guerre.
À la fin de la semaine dernière, l’armée syrienne a pris le reste de la ville de Deir Ezzor et comme elle ne craint plus rien à l’arrière, elle est libre de continuer jusqu’à Abou Kamal à 30 kilomètres environ de là, le dernier avant-poste urbain de l’EI et la frontière vitale avec l’Irak, qui traverse l’Euphrate. On estime à environ 3500 les membres de Daesh à Abou Kamal. Cependant la ville jumelle d’Abou Kamal, de l’autre côté de la frontière, al Qaim, a été prise par les Popular Mobilization Units, les forces de mobilisation populaire, les PMU, du gouvernement irakien et les forces irakiennes sont, à l’heure actuelle, en train de débarrasser la ville des combattants de l’EI dont le nombre s’élèverait à 1500.

Le président syrien Bachar al Assad
L’armée syrienne, qui s’est trouvée récemment renforcée par plusieurs milliers de membres du Hezbollah, va entrer dans Abou Kamal dans les jours à venir en arrivant de deux directions différentes, et la ville va être prise en tenailles par une attaque coordonnée des forces, la milice chiite irakienne, venant du sud.
Les SDF, les Syrian Democratic Forces, les forces démocratiques syriennes, soutenues par les Américains, cependant, essaient, elles aussi, de rejoindre Abou Kamal depuis l’est : les États-Unis, pressés par Israël, aimeraient fermer le passage de la frontière en cet endroit. Les troupes des alliés des États-Unis peuvent être plus rapides, les officiers américains cherchant à corrompre, grâce à l’argent saoudien, les dirigeants des tribus locales qui avaient auparavant promis allégeance à L’EI et à les faire changer de camp ou, du moins, à permettre aux forces SDF d’avancer sans être retardées par l’EI, comme cela s’est produit aux environs de Deir Ezzor.
En bref, l’issue de la guerre qui dure depuis 6 ans est tout sauf incertaine et le temps des négociations politiques est maintenant arrivé. La façon dont elles évolueront déterminera le poids relatif des forces qui vont façonner le Moyen-Orient dans les années à venir. À la fin de la guerre, on verra probablement si on peut forcer la Turquie à retourner en direction de l’OTAN (par des menaces telles que celle du général Petr Pavel, dirigeant du conseil militaire de l’OTAN, qui envoie des avertissements à la Turquie pour ses « tentatives » d’acheter une défense aérienne aux Russes ou bien si la détermination de ce pays de limiter les aspirations kurdes le fera s’aligner sur l’Iran et l’Irak, pays avec lesquels il a des intérêts communs.)
Le rôle de la Turquie à Idlib, en surveillant la désescalade, demeure opaque. Certes ses forces armées sont là plus pour contrôler le « canton » Afrin kurde que pour surveiller la zone de désescalade. Il se peut que le président Recep Tayyip Erdogan espère maintenant utiliser les troupes turques pour créer une zone tampon le long de la frontière entre la Syrie et la Turquie, en contravention avec les accords d’Astana. S’il agit ainsi, il sera dans une position délicate à la fois avec Moscou et Damas, ce qui n’implique d’ailleurs pas nécessairement non plus un retour dans le camp de l’OTAN.
L’avenir de la Syrie.
Les négociations de Sochi préciseront davantage le statut de la Syrie. Sera -t-elle un État centralisé et fort, ce que souhaiterait l’Iran, ou un état fédéral moins structuré comme l’Amérique et peut-être la Russie le voudraient . Sochi sera un test décisif qui indiquera dans quelle mesure l’influence américaine peut orienter la résolution des problèmes affectant le Moyen-Orient d’aujourd’hui. À présent, on a l’impression que Moscou et Washington se sont mis d’accord pour une solution politique rapide en Syrie, une déclaration de victoire des États-Unis sur l’EI, des élections syriennes et un retrait américainde la scène syrienne.

Le président russe Vladimir Poutine s’adresse à l’Assemblée générale des Nations Unies le 28 septembre 2015.
Grâce à la conférence nous apprendrons peut-être aussi si les Kurdes syriens vont rester dans le projetdu commandement central des forces des États-Unis, permettant ainsi de garder une présence états-unienne permanente dans le nord est de la Syrie, comme Israël le veut ou s’ils vont passer un accord avec Damas, après avoir constaté l’écrasement du projet indépendantiste kurde de Barzani par les puissances voisines.
Si les Kurdes choisissaient la seconde solution, l’argument pour garder une présence américaine à long terme dans le nord est de la Syrie perdrait de son poids. Les Saoudiens vont devoir ou bien accepter leur défaite en Syrie ou jouer les trouble-fête rallumant l’ardeur des forces qui combattent pour eux à Idlib, mais pour cela le royaume saoudien aurait besoin de l’aval de la Turquie, ce qui n’est pas forcément facile à obtenir.
L’Irak, lui aussi, a été irrité par les commentaires du Secrétaire d’État des États Unis laissant entendre que les Popular Mobilization Units, les Unités de Mobilisation Populaire, sont iraniennes et doivent « rentrer dans leur pays ». Il a déjà indiqué la volonté d’une alliance avec la Russie et il a récemment signé un important protocole énergétique et économique après avoir repris le contrôle de ses frontières et de ses ressources énergétiques, il achète des armes aux Russes. Il suffit de penser à la rapidité avec laquelle on a mis fin à la fiction de l’indépendance kurde pour constater l’étroitesse manifeste des liens de l’Irak avec la Syrie, la Turquie et l’Iran.
Cependant l’État qui doit faire face au plus grave dilemme à propos de la fin de la guerre de Syrie, c’est Israël. Alex Fishman, le doyen des chroniqueurs israéliens en matière de défense, a écrit qu’Israël a tout simplement échoué à s’adapter aux changements stratégiques et s’est enfermé dans une étroite mentalité de « guerre froide » :
« Les Syriens tirent des roquettes sur des zones non bâties : Israël riposte en détruisant des canons syriens, les Iraniens menacent alors de déployer des troupes chiites en Turquie. Israël annonce l’instauration de « lignes rouges » et menace d’un conflit militaire, le Fatah et le Hamas sont en pourparlers en vue de la formation d’un gouvernement unitaire : le Premier ministre déclare qu’Israël suspend les discussions avec les Palestiniens et chacun ici applaudit la sécurité et les dirigeants politiques, ’’on a réussi à leur montrer le sens du mot dissuasion’’ répètent les dirigeants israéliens. »
« Mais ce que nous voyons dans ce pays à l’heure actuelle, c’est une politique de défense provinciale, une fausse représentation qui émane de dirigeants qui ne voient guère plus loin que le bout de leur nez et qui sont occupés, jour et nuit, à éteindre des incendies. »
« Ce sont des dirigeants qui considèrent la sécurité sous un étroit prisme régional. On a l’impression que rien n’existe en dehors du Hezbollah, du Hamas et de l’Iran. On a l’impression que le monde qui nous entoure n’a pas changé dans les dernières décennies et, en guise de sécurité politique, nous sommes bloqués dans un espace temps de solutions répressives sous forme de récompense et de punition. Les dirigeants actuels de la sécurité politique ne résolvent pas les problèmes, ils ne traitent pas les problèmes, ils se contentent de les remettre à plus tard et ils les passent à la génération qui suit. »
Le manque de vue stratégique d’ensemble.
Ce que Fishman met en lumière, c’est qu’Israël a remporté quelques victoires tactiques dans la région, sur les Palestiniens en général et a affaibli le Hamas, mais qu’ il a perdu de vue une stratégie plus ambitieuse. En effet, Israël a perdu sa capacité à dominer la région. Il avait souhaité l’affaiblissement et la fragmentation de la Syrie. Il avait souhaité un Hezbollah embourbé dans la boue syrienne et un Iran entouré par une hostilité sectaire sunnite envers les chiites en général. Il y a fort peu de chances qu’un seul de ces souhaits s’accomplisse.

Carte de la Syrie.
Au lieu de cela, Israël se retrouve cible de dissuasion plutôt qu’agent de dissuasion : il sait, en effet, qu’il ne peut rien faire pour remédier à sa faiblesse stratégique, en clair le risque d’une guerre sur trois fronts, à moins que, et c’est loin d’être certain, l’Amérique ne veuille entrer pleinement dans n’importe quel conflit pour soutenir Israël. Et c’est ce qui préoccupe les responsables actuels de la sécurité et du renseignement. L’Amérique envisagerait-elle maintenant d’intervenir de façon décisive pour le compte d’Israël, même dans les cas où la survie même de cet État n’est pas en péril ?
En 2006, rappellent des responsables israéliens, les États-Unis n’ont pas participé à la guerre d’Israël contre le Hezbollah au Liban et c’est Israël qui a demandé le cessez le feu au bout de 33 jours de conflit.
Fishman a raison aussi quand il affirme qu’attaquer des usines et des positions radar syriennes « par une sorte de vieille habitude » ne résout rien. On peut présenter cela à la population israélienne comme de la « dissuasion », mais,en fait, on joue avec le feu. La Syrie a commencé à riposter aux avions israéliens avec de vieux missiles sol air, des S200. Ces missiles n’ont peut-être pas encore atteint les jets syriens et peut-être n’étaient-ils d’ailleurs pas censés le faire. Le message syrien, cependant, est clair ; il est bien possible que ce soit de vieux missiles mais ils ont une portée plus grande que les nouveaux S300, théoriquement ils peuvent atteindre l’aéroport Ben Gourion dans les faubourgs de Tel Aviv.
Les Israéliens sont-ils si sûrs que les Syriens et le Hezbollah n’ont pas des missiles plus modernes ? Sont-ils si sûrs que l’Iran ou la Russie ne va pas en fournir ? Le ministre russe de la défense était très irrité lors de sa visite à Tel Aviv d’avoir reçu en cadeau de bienvenue en Israël une attaque aérienne israélienne de représailles sur un radar syrien et une position de missile. Comme il protestait, son homologue israélien, le ministre de la défense Lieberman, a déclaré avec condescendance qu’Israël n’avait besoin de l’avis de personne en ce qui concernait sa sécurité, le général Serguéi Shoygou n’aurait pas vraiment apprécié.
Israël peut-il se résigner à cette nouvelle situation stratégique ? Apparemment non. Ibrahim Karagui, un commentateur politique turc, très proche du président Erdogan, écrit dans Yeni Safak « qu’on pose actuellement dans notre région les fondements d’une nouvelle désintégration et de nouvelles divisions L’annonce de l’Arabie saoudite ». Nous allons passer à un Islam modéré « peut s’avérer dangereuse. L’axe États-Unis/Israël forme une nouvelle ligne de front régionale. »
Karagui continue : « Nous observons depuis un certain temps maintenant les événements étranges qui se déroulent en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis, en Égypte, en Israël et aux États Unis. Il y a une nouvelle orientation dans la région, qui, nous le savons, vise surtout l’Iran, mais qui a récemment pris un tour ouvertement anti-turc, qui vise à limiter l’influence de la Turquie dans la région… Vous verrez, le message sur ’’l’Islam modéré’’ va être très vite suivi d’un renforcement subit et inattendu du nationalisme arabe. Cette vague ne fera pas la différence entre les arabes chiites et les sunnites, mais elle isolera le monde arabe musulman du monde musulman dans son ensemble. »
« Ce sont surtout les arabes chiites d’Irak qui ressentiront cette séparation. Avec ce nouveau bloc, l’Irak et l’Iran vont organiser une nouvelle confrontation, c’est à dire qu’ils vont réagir fermement pour s’y opposer. Le futur du Premier ministre irakien Haider al-Abadi va probablement dépendre du résultat de cette confrontation. »
L’adhésion américaine
Pour amener les Américains à adhérer à ce projet, Israël et l’Arabie saoudite se concentrent sur le Hezbollah libanais, que les États-Unis ont estampillé groupe terroriste alors que ce mouvement est membre du gouvernement libanais, qui a à sa tête le Premier ministre Saad Hariri jusqu’à que de Ryad, en Arabie saoudite – Hariri a la double nationalité saoudienne et libanaise –, il n’annonce sa démission, ce qui n’est pas de bon augure

Le président Trump et la première dame Melania Trump arrivent au palais Murabba, escortés par le roi saoudien Salman, le 20 mai 2017 à Ryad en Arabie saoudite pour assister à un banquet en leur honneur.
Le ministre d’État saoudien des affaires du Golfe, Thaner al-Sabhan, à Beyrouth, la semaine dernière, a appelé à « abattre le Hezbollah » et il a promis qu’allaient se dérouler des événements « stupéfiants » dans « les jours à venir. Ceux qui pensent que mes tweets ne font que refléter une prise de position personnelle, se trompent lourdement… les événements à venir vont vraiment être stupéfiants. »
Al Sabban a ajouté que la lutte, de plus en plus acharnée, du royaume contre le Hezbollah pourrait prendre plusieurs formes qui « vont vraiment affecter le Liban. Politiquement, on pourrait cibler les liens du gouvernement avec le monde entier. Du point de vue économique et financier, on pourrait cibler les échanges commerciaux et les investissements et du point de vue militaire, il y aurait la possibilité qu’une coalition menée par les États-Unis ne frappe le Hezbollah, classé par eux organisation terroriste ». Ce dernier point apparaît plus comme un vœu pieux qu’une perspective réaliste. L’ Europe et les États-Unis attachent énormément d’importance au maintien de la stabilité du Liban.
Karagul continue à réfléchir à propos de cette initiative Golfe/Israël : États-Unis/Israël
« C’est en Turquie qu’on a testé le plus le projet de l’islam modéré. Nous avons toujours dit que c’était ’’un islam américain’’ et nous nous y sommes opposés. L’intervention militaire du 28 février est le produit d’un projet de ce genre. Elle a été mise en œuvre par l’extrême droite des États-Unis et d’Israël et leurs alliés de l’intérieur du pays. La FETO, l’organisarion terroriste du Fetullah est le produit d’un projet similaire et elle a provoqué les attaques du17 décembre 2015 et du 15 juillet. Il s’agissait d’attirer la Turquie dans les filets de l’axe États-Unis/Israël.
« Cependant la résistance au plan local et national des Turcs est venu à bout de tous. Maintenant on fait porter à l’Arabie saoudite le poids de cette même mission. c’est l’apparence en tout cas qu’ont les choses. Je ne pense pas qu’il soit possible pour l’Arabie saoudite de se charger d’une telle mission. Elle est impossible à la fois à cause des caractéristiques du régime et de la structure sociale du pays. Elle est impossible aussi à cause de ’’l’alliance Israël/États-Unis’’.
« Le passage à l’islam modéré va provoquer de sérieux remous dans l’administration saoudienne et de graves réactions dans la société; Le vrai conflit va avoir lieu à l’intérieur de l’Arabie saoudite. En outre, le gouvernement de Ryad n’exportera sûrement rien dans la région et ne servira pas d’exemple.
« Surtout quand on saura que le projet a à voir avec la sécurité, qu’une nouvelle ligne de front a été formée, que tout ceci est organisé par les États-Unis et Israël, ce sera un fiasco. Ce projet est suicidaire pour l’Arabie saoudite, c’est un plan destructeur, c’est un plan qui la détruira à moins qu’elle ne reprenne ses esprits. »
Karagul raisonne juste : les tentatives de faire de l’islam quelque chose qui ressemblerait à l’image « westphalienne » chrétienne ont toujours échoué de façon désastreuse. La métaphysique de l’islam n’est pas celle de la chrétienté. Et l’Arabie saoudite ne peut pas devenir « modérée » en un simple claquement de doigt de Mohammed ben Salman. Un tel changement provoquerait une véritable révolution culturelle qui ferait passer le royaume des rigueurs du wahhabisme à une forme d’islam sécularisé.
Encore une petite guerre ?
Est-ce que cette situation va conduire le Moyen-Orient au conflit ? Certes le Premier ministre Benjamin Netanyahou n’est pas connu pour son audace, il est plus connu pour sa rhétorique souvent vide et les responsables de la sécurité israélienne sont prudents, mais les deux côtés se préparent à la possibilité de ce que Karagul appelle « une grande confrontation ». On a l’impression toutefois, après avoir lu cette déclaration turque parmi d’autres, que la Turquie va s’aligner sur l’Iran et l’Irak et s’opposer à l’Arabie saoudite et aux États-Unis.
Et le président Trump ? Il est, ce qui se comprend, totalement absorbé par la guerre qu’on mène contre lui aux États-Unis. Il dit probablement à Netanyahou tout ce qui peut l’aider dans ses batailles de politique intérieure au Congrès où Netanyahou est influent. Si Bibi veut un discours farouche aux Nations Unies qui admoneste l’Iran, alors pourquoi pas ? Trump peut alors en appeler aux trois génraux de la Maison Blanche pour « arranger les choses », de la même façon qu’il l’a fait avec l’accord avec l’Iran, laissant au Congrès le soin de régler le problème, en sachant que les généraux ne veulent pas d’une guerre avec l’Iran.
Le danger est « un cygne noir » imprévisible. Que va-t-il se passer si Israël continue à attaquer l’armée syrienne et les sites industriels syriens, ce qui arrive quasiment tous les jours et que la Syrie abatte un jet israélien ?
Alastair Crooke est un ancien diplomate britannique qui a eu des responsabilités au sein du renseignement de son pays et de la diplomatie de l’Union européenne. Il est le fondateur et le directeur du Conflicts Forum ( Forum des conflits).
Source : Alastair Crooke, Consortium News, 04-11-2017
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

10 réponses à Le tandem Israël/Arabie saoudite s’adapte à la perte de la Syrie, par Alastair Crooke

Commentaires recommandés

JeanLe 11 décembre 2017 à 08h31
La Russie veut que le peuple syrien décide lui-même de son sort, contrairement à ses prétendus amis. Je me demande ce que ces amis vont inventer pour nuire à ce peuple souverain lorsque Bachar sera réélu avec un score de dictateur africain. Il faudra veiller à ce que ces élections soient irréprochable pour profiter du spectacles de la déconvenue de nos intellectuels faiseurs de guerres au nom de la paix.

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