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samedi 16 décembre 2017

Fin du scandale de Panama

15 décembre 2017
Laurent Joffrin
La lettre politique
de Laurent Joffrin

Fin du scandale de Panama

Un point marqué contre le fatalisme. Panama a enfin accepté le principe d’un échange des données bancaires avec les pays qui en feront la demande. Une grande partie du public croit qu’on ne peut pas faire grand-chose contre les paradis fiscaux, que les révélations de la presse sont intéressantes mais oiseuses, que les multinationales, ces monstres froids, résistent victorieusement aux Etats, et, plus généralement, que la mondialisation est un processus incontrôlable qui dépouille les gouvernements souverains de tout pouvoir au profit des puissances économiques. La nouvelle affaire de Panama montre que cette idée est fausse. Déjà, à la suite de la crise financière de 2008, plusieurs pays importants dans ce petit univers de l’exemption fiscale avaient mis un genou à terre et accepté de transmettre aux autorités des pays demandeurs les informations qui permettent de débusquer les fraudeurs. La décision panaméenne, obtenue sous la pression des révélations journalistiques, de l’action des ONG spécialisées, suivies en traînant les pieds par les grands Etats, montre que ces actions «citoyennes» ne sont pas vaines. Dès lors qu’une volonté politique claire se manifeste, ces petites nations pirates qui attirent l’argent en lui assurant la dissimulation ne peuvent pas tenir. Quand ceux qui ont un gros PIB parlent, ceux qui en ont un minuscule écoutent.
Encore faut-il parler. Nous sommes loin du compte. En Europe même, il existe toujours des paradis fiscaux qui jouent du dumping fiscal et de l’anonymat garanti pour s’assurer une prospérité indue. Mais l’étau, avec une lenteur exaspérante mais inexorable, se resserre. Il restera toujours des fraudeurs et des «optimiseurs» sans vergogne, de même que les lois contre le vol n’ont pas fait disparaître les voleurs. Mais leur vie devient plus difficile au fur et à mesure que la prise de conscience progresse. C’est tout le but de ce processus. On ne peut pas éradiquer l’incivisme fiscal. On peut le faire reculer. Autrement dit, malgré la puissance des féodalités financières, ces nouveaux seigneurs prédateurs comparables à ceux du Moyen-Age, la politique, appuyée sur la souveraineté populaire, n’est pas impuissante.

Et aussi

Ségolène Royal est en pleine forme. Sans doute revivifiée par l’air frais des pôles, elle s’est fendue de propos iconoclastes (dans le monde politique) en faveur des nationalistes corses, des gens qui ont fait «un boulot extraordinaire». Elle n’a pas tort sur beaucoup de points. La victoire des indépendantistes (ou plus exactement des autonomistes, pour l’instant, puisqu’ils ne réclament pas l’indépendance), a porté un coup sévère au système clanique et clientéliste qui gangrenait la Corse (mais pas, ou pas encore, à l’emprise des bandes mafieuses qui sévissent sur l’île). Certaines revendications sont légitimes : le transfèrement des prisonniers, la défense de la langue corse (dans beaucoup de pays, la liberté linguistique existe) ; en France même, on a reconnu depuis plusieurs années le droit à l’existence des langues régionales. Plus complexe est l’introduction d’un «statut de résident», qui heurte le principe d’égalité sur le territoire et fleure quelque peu l’intolérance envers les étrangers. Mais la question de la hausse des prix immobiliers qui chasse de chez eux les plus pauvres n’a rien d’artificielle. Seulement elle ne se pose pas seulement en Corse mais dans toutes les zones touristiques et littorales. Ne pourrait-on, à partir de l’exemple corse, imaginer une solution au niveau national ? On retrouverait ainsi le principe républicain de l’égalité des droits et d’équilibre social des territoires. Un beau sujet de débat…
LAURENT JOFFRIN
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