L'ECONOMIE
mardi 6 juin 2017
Travail : malgré les révélations du « Parisien », Matignon maintient son agenda |
Muriel Pénicaud, ministre du travail. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE
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Dans son édition de lundi, le quotidien Le Parisien dévoile ce qu’il présente comme « l’avant-projet de loi » d’habilitation à légiférer par ordonnances sur le code du travail, qui va « au-delà des éléments annoncés jusqu’à présent ». Le texte donne en particulier une très large place à l’accord d’entreprise, y compris pour négocier le « contrat de travail », ce qui n’avait jamais été évoqué jusqu’ici. « C’est un document de travail de campagne, qui date d’avant l’annonce de la composition du gouvernement », a dit Matignon à l’AFP, « il n’émane donc pas du gouvernement et ne l’engage pas ». Le document, daté du 12 mai, soit deux jours avant l’investiture du président Emmanuel Macron, liste huit ordonnances principales et une technique. Hormis la « négociation à la carte dans les entreprises », elles concernent des sujets déjà connus comme le plafonnement des indemnités prud’homales, le référendum d’entreprise, la redéfinition du rôle de l’accord de branche ou la fusion des instances représentatives du personnel. La réforme de l’assurance chômage pourrait aussi s’inscrire, selon le document, dans une ordonnance.
Le ministère du travail a confirmé de son côté que la ministre Muriel Pénicaud adresserait « comme prévu » aux partenaires sociaux « un programme de travail mardi en fin de journée, qui servira de base à la concertation » annoncée dans les prochaines semaines. Les centrales syndicales, reçues la semaine dernière par la ministre du travail, de même que les représentants du patronat, n’avaient pas réagi en fin d’après-midi. La loi d’habilitation doit être envoyée au Conseil d’Etat le 14 juin, les ordonnances devant être adoptées en conseil des ministres le 20 septembre, selon un calendrier gouvernemental. Le document dévoilé par le quotidien précise que le nombre des ordonnances est « à ajuster selon les options retenues » et établit une distinction entre sujets, certains étant jugés « moins prioritaires » ou en tout cas « ne devant pas forcément donner lieu à ordonnances ». Au menu des sujets a contrario prioritaires, figure notamment la « place centrale » accordée à la négociation collective, et en particulier la « négociation collective d’entreprise » dans le domaine « du contrat de travail ». Le texte évoque ainsi un aménagement possible du « recours respectif aux contrats à durée indéterminée et aux contrats à durée déterminée », et des « conditions » de rupture du CDI.
Pour l’Ugict-CGT (cadres), il pourrait s’agir de « créer de nouveaux cas de recours au CDD, de modifier ou supprimer la durée maximale d’un CDD et le nombre de renouvellements » ou de « modifier le montant » de la prime de précarité. Dans un « décryptage » du document, l’Ugict-CGT rappelle que ce qui concerne les licenciements (motifs, procédure, préavis) est aujourd’hui « défini par la loi ». « Prédéfinir des motifs de licenciement soit dans le contrat de travail, soit dans un simple accord d’entreprise » est une « revendication de longue date du Medef », souligne le syndicat. Qualifiant le document de « déclaration de guerre sociale », Jean-Luc Mélenchon a sommé le gouvernement de « publier les véritables textes » avant les élections législatives des 11 et 18 juin. Une demande déjà portée le 24 mai par le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, et exprimée aussi lundi par Roger-Gérard Schwartzenberg (PRG). « Si un tel texte était mis en œuvre », ce serait« la mort du contrat de travail », a averti Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. Quant à l’appel en ligne « Loi travail: c’est toujours non, merci! »(https://loitravail.lol), il a été complété par ses instigateurs, à l’origine d’une pétition ayant recueilli 1,36 million de signatures en 2016, qui refusent le« chèque en blanc des ordonnances ». |
Crise qatarie. La crise diplomatique entre le Qatar et certains de ses voisins du Golfe pourrait leur coûter des milliards de dollars en échanges commerciaux et investissements et augmenter leurs coûts d’emprunt dans un contexte de fléchissement des cours pétroliers. Le Qatar, doté d’un fonds souverain estimé à 335 milliards de dollars, paraît pouvoir surmonter la crise née de la rupture des liaisons aériennes, maritimes et routières décidée par l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis et l’Egypte. Mais certains pans de l’économie qatarie risquent de souffrir si la crise dure des mois, perspective qui a provoqué une chute de plus de 7 % de la Bourse de Doha lundi.
Succès des casques de réalité virtuelle. Un million de casques de réalité virtuelle PlayStation VR (PSVR) ont été vendus depuis leur lancement, en octobre 2016, et les contenus multimédias vont s’élargir, a annoncé dans un entretien au journal Nikkei le patron de l’activité des jeux vidéo de Sony, Andrew House.
Fusée de 640 tonnes 100 % indienne. L’Inde a tiré lundi pour la première fois sa nouvelle fusée, qui n’utilise que des technologies conçues localement, dont un moteur cryotechnique, augmentant la capacité de tir de son frugal mais ambitieux programme spatial. Un lanceur GSLV-MkIII s’est arraché à 17 h 28 heure locale (11 h 58 GMT) du pas de tir de Sriharikota, dans le Sud-Est. Il a placé en orbite un satellite de communication de plus de trois tonnes.
Relance d’un réacteur nucléaire nippon. Un cinquième réacteur nucléaire a été relancé mardi au Japon, a annoncé l’exploitant, un modèle qui fonctionne en partie au combustible recyclé MOx, dont une livraison est prévue prochainement au Japon en provenance de France, selon Greenpeace. Takahama 3, à 350 km à l’ouest de Tokyo, ne sera que le 5e réacteur en service au Japon (dont 3 en partie chargés de MOx), sur un parc de 42 unités contre 54 avant la catastrophe de Fukushima, en 2011.
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Micro-Macro |
par Thibaut Soulcié |
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Dans la presse étrangère |
Le boom des cartes de crédit en Inde |
Deux hauts cadres de la State Bank of India (SBI), Nirupam Sahay (g) et Roopam Asthana (d), lors du lancement de cartes de crédits par SBI à New Delhi, le 9 août 2007.MANPREET ROMANA / AFP
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Les Indiens sont de plus en plus friands de cartes de crédit, observe le site Quartz. Quelque 29,8 millions de cartes de crédit ont été émises au 31 mars 2017, selon la Reserve Bank of India (RBI). Le taux croissant de défauts de paiement en 2007-2008 avait entraîné une baisse de la base d’utilisateurs de cartes de crédit dans la troisième plus grande économie d’Asie. Après le ralentissement économique de 2008, le nombre de cartes a diminué pour s’établir à 17,65 millions en mars 2012. Mais depuis, l’utilisation des cartes de crédit a augmenté.
Elle a fait un bond de 275 % par rapport à mars 2012. En effet, les banques indiennes sont maintenant plus à l’aise avec l’émission de cartes de crédit auprès des clients, car les notes de crédit sont facilement accessibles auprès d’entreprises comme CIBIL. Ces notes déterminent la discipline financière des emprunteurs et la possibilité qu’ils fassent défaut (de paiement). Le boom du commerce électronique aide également. Avec plus de personnes achetant en ligne, les cartes de crédit sont devenues plus populaires. Outre la facilité et la commodité qu’il offre, l’argent en plastique peut également aider l’économie indienne à éviter les énormes pertes liées aux opérations de change chaque année.
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Etudes & documents |
L’égalité des chances se joue avant la maternelle. Terra Nova propose d’investir dans la petite enfance pour lutter contre les inégalités sociales en créant 40 000 places de crèche en cinq ans dans les territoires sous-dotés, afin d’améliorer l’accueil d’enfants issus de milieux défavorisés. Une étude américaine a montré qu’à 4 ans, un enfant issu d’une famille pauvre avait entendu beaucoup moins de mots qu’un enfant de famille aisée, rappelle le cercle de réflexion classé à gauche. « Etre accueilli dans une bonne crèche peut changer le cours d’une vie pour certains enfants », estime l’un des auteurs, Florent de Bodman. Or, « un enfant a 5 % de chances d’être accueilli en crèche si sa famille vit sous le seuil de pauvreté, comparé à 22 % s’il est issu d’une famille aisée ». L’écart s’explique en partie par le fait que les places sont accordées en priorité aux enfants dont les deux parents travaillent, mais aussi par les inégalités territoriales. Les auteurs du rapport suggèrent donc au nouvel exécutif de créer 40 000 places de crèche d’ici à 2022 dans les territoires qui en ont le plus besoin, pour un coût estimé à 480 millions d’euros par an une fois toutes les places créées.
Brexit : un retour des retraités pourrait coûter plus d’un demi-milliard de livres. Le NHS, le service de santé britannique, ferait face à une facture annuelle de 1 milliard de livres (1,15 milliard d’euros) si les retraités britanniques expatriés en Europe devaient rentrer au pays et y être soignés après le Brexit, selon les calculs du groupe de réflexion Nuffield Trust. Ce montant est deux fois plus élevé que la somme dépensée chaque année par le Royaume-Uni (573 millions d’euros, soit 500 millions de livres) pour permettre la prise en charge de ses ressortissants par les systèmes de sécurité sociale des pays de l’Union européenne (UE). Actuellement, environ 190 000 retraités britanniques bénéficient de ce dispositif. Grâce au formulaire européen S1, ils peuvent s’installer dans n’importe quel pays de l’UE et recevoir la même prise en charge sanitaire qu’un citoyen local. Leur retour nécessiterait également l’ouverture de deux hôpitaux supplémentaires, soit environ 900 lits, afin de disposer des infrastructures essentielles à leur prise en charge.
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