Lu dans le DL du 12 juin 2017
LE BILLET
PAR JEAN-PIERRE SOUCHON
La nouvelle vague
Lorsque les élections législatives, avant 2002, étaient déconnectées de
l’élection présidentielle, elles avaient, en cours de mandat, valeur de test.
Depuis qu’elles sont étroitement associées à ce scrutin majeur, elles ont
valeur de confirmation pour le vainqueur à l’Élysée. Mais la concomitance
entre ces deux scrutins nationaux a, depuis plusieurs élections, une consé-
quence très inquiétante sur la participation. Jamais, sous la Ve
République et
même bien avant, l’abstention n’a été aussi forte pour de telles élections !
Entre la présidentielle il y a un mois et ce premier tour des législatives, ce
sont près de quatorze millions d’électeurs qui, hier, ne se sont pas déplacés. À
leur décharge, personne n’a cherché à rendre le scrutin passionnant. Et puis
les Français se lassent. La campagne est interminable. Depuis la primaire de
la droite et du centre en novembre 2016 et la primaire socialiste en janvier
2017, la France vit au rythme de ces échéances électorales et surtout des
affaires. Ajoutez à cela le désenchantement de la droite qui n’y croit pas (plus)
et la déroute du PS qui ne sait plus à quel saint se vouer. Sans oublier le FN qui
a du mal à se relever d’une présidentielle plombée notamment par un débat
désastreux et aussi par ses rivalités internes. Et enfin la dépendance de la
France insoumise à Jean-Luc Mélenchon qui n’a pas digéré le résultat de la
présidentielle et qui n’a pas su choisir entre Emmanuel Macron et Marine Le
Pen. La force du nouveau président, c’est aussi en partie la faiblesse des
autres. La République En Marche n’avait nul besoin de faire campagne pour
ramasser les voix.
Emmanuel Macron, en quelques semaines et rendez-vous, a prouvé qu’il
avait la stature d’un président, faisant taire ceux qui auraient pu en douter. Le
second tour de ces législatives dimanche prochain peut-il moduler le rapport
de forces ? A priori non, si la participation ne progresse pas très fortement.
Mais l’inconnue reste l’ampleur de la victoire de la République En Marche. Car
la majorité absolue est, d’ores et déjà, largement promise à cette nouvelle
vague de citoyens, non rompus pour leur grande majorité à la politique et qui
vont bientôt faire leurs classes sur les bancs de l’Assemblée.
Le nouveau président a, certes, un boulevard devant lui. Mais attention à
une assemblée trop monocolore qui pourrait devenir une simple chambre
d’enregistrement. Tout mouvement ou tout parti a besoin d’avoir, face à lui, un
vrai répondant pour faire vivre au mieux les institutions. Pour ne pas prendre
aussi le risque de voir le débat se déplacer dans la rue.
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