Lu dans le DL du samedi 24 juin 2017
LE BILLET
PAR GILLES DEBERNARDI
Calais, c’est toujours
la même histoire
Un chef d’État déterminé peut parfois changer l’Histoire, mais jamais la
géographie.
L’Angleterre reste une île, et Calais le point de départ le plus
court pour l’accoster.
Huit mois après la fermeture de la “jungle”, les
migrants convergent à nouveau vers la ville.
Afghans, Erythréens,
Soudanais et Somaliens, qu’aucun Brexit ne saurait dissuader, y voient
un passage obligé vers l’eldorado britannique.
Ils sont certes dix fois
moins nombreux qu’au plus haut de la crise, lorsque 7000 d’entre eux
s’entassaient là-haut, mais leur détermination demeure intacte.
Jusqu’à
dresser des barrages sur l’autoroute, quitte à provoquer un accident
mortel, dans l’espoir d’embarquer clandestinement à bord d’un camion.
Macron se trouve confronté au même casse-tête que Sarkozy et
Hollande avant lui.
Son ministre de l’Intérieur entonnait hier un discours
déjà entendu. Fermeté, refus de l’angélisme, pas question de « créer un
appel d’air » en ouvrant des centres d’accueil sur place.
Que faire, alors ?
Gérard Collomb promet, sous quinze jours, « un plan qui permettra de
mieux traiter le problème de l’asile ».
Bon.
En attendant, afin que le port français ne redevienne pas « un point de
fixation », on mène la vie dure aux étrangers indésirables. Tentes
systématiquement détruites, contrôles à répétition, douches démontées,
distribution de repas au compte-goutte…
les ONG s’indignent.
Jacques Toubon, le défenseur des droits, exhorte les pouvoirs publics « à
ne pas s’obstiner dans ce qui s’apparente à un déni d’existence des
exilés. »
Aux appels humanitaires répondent les protestations légitimes
des Calaisiens soucieux de retrouver la paix chez eux.
Si la géographie
ne bouge pas, ici, l’Histoire bégaie
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