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mardi 23 mai 2017

L'urne et la rue

23 mai 2017
Laurent Joffrin
La lettre de campagne
de Laurent Joffrin

L'urne et la rue

Le couple Valls-Hollande avait affronté une grande partie du monde syndical en fin de mandat. Le couple Macron-Philippe commence par là. Le président reçoit les syndicats aujourd’hui pour discuter de la réforme du code du travail. La CGT ne veut entendre parler de rien, FO et la CFDT veulent bien discuter.
A priori l’affaire est difficile : Macron veut aller bien plus loin que la loi El Khomri – il a prévu une procédure d’urgence, les ordonnances, qui rappellent un peu le 49.3 voué aux gémonies – et la CFDT, alliée du gouvernement il y a un an, est cette fois très réticente. La loi travail avait mobilisé la rue, cabré une grande partie de la gauche, empoisonné la fin de mandat et donné des arguments en or à La France insoumise. Le social-libéralisme hollando-vallsiste y a perdu beaucoup de plumes. Un social-libéralisme encore plus affirmé, dira-t-on, éprouvera donc encore plus de difficultés.
C’est oublier un facteur essentiel : si conflit il y a, deux légitimités vont s’affronter, sociale et électorale. Les syndicats feront valoir l’antécédent, stigmatiseront une procédure expéditive, proclameront qu’on ne lutte pas contre la crise sociale en réduisant les garanties des travailleurs. Mais ils auront contre eux un redoutable argument : si En marche gagne les législatives, cela signifiera, ipso facto, que le corps électoral aura validé par quatre votes successifs – deux à la présidentielle, deux aux législatives – une réforme qui a occupé une bonne part des débats électoraux et dont personne, en conséquence, ne peut dire qu’elle a été sortie d’un chapeau. Ils dénonceront les ordonnances, mais ces mêmes ordonnances, par le passé, ont permis de faire passer des réformes qu’ils approuvaient hautement, la cinquième semaine de congés payés, les 39 heures ou la retraite à 60 ans. Difficile de se cantonner à un argument de forme. Reste le fond : en inversant les normes sociales, ramenées au niveau de l’entreprise, et en plafonnant les indemnités de licenciement, les projets Macron font indiscutablement reculer les protections des salariés. Le Medef les approuve bruyamment, les syndicats sont hostiles ou réticents. Mais pour y faire obstacle, il faut convaincre l’opinion que la légitimité sociale l’emporte sur la légitimité électorale, que la rue vaut plus que l’urne. Face à un pouvoir qui aura gagné deux élections décisives, ce sera dur.

Et aussi

• Le Medef, qui réclame à son de trompe une baisse des charges des entreprises, soudain n’en veut plus. Il en tient pour le CICE de Hollande, que Macron veut remplacer par un allégement de cotisations, pour la bonne raison que l’ancienne réforme lui est plus favorable que la nouvelle. Après avoir pilonné Hollande et porté Macron aux nues, voilà qu’il découvre les charmes de son ancienne tête de turc. Souvent patron varie…
• Touraine, El Khomri, Bareigts, membres du PS, camouflent soigneusement leur appartenance et se réclament exclusivement d’En marche dans la campagne législative. Le sigle PS pâlissait déjà à vue d’œil. Le voilà changé en marque d’infamie.
LAURENT JOFFRIN
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