Quand on entend « Chine », les premiers noms qui viennent sont souvent Shanghai ou Pékin… Pourtant, la plus grande « ville » du pays, et officiellement la plus peuplée, n'est ni l'une ni l'autre. C'est une autre métropole, longtemps restée méconnue, mais qui capte désormais l'attention. Il s'agit de Chongqing. Plongeons au cœur de ce monstre urbain, entre vitrine futuriste et dystopie anticipée. Située au centre-ouest de la Chine, Chongqing est souvent désignée comme la plus grande ville du monde, avec une superficie équivalente à celle de l'Autriche et une population dépassant les 30 millions d'habitants : l'une des rares agglomérations à franchir ce seuil. Longtemps discrète sur la scène internationale, elle attire désormais les regards, décrite par beaucoup comme « la ville du futur ». Dans l'imaginaire collectif (alimenté par des images massivement visionnées) elle incarne un urbanisme extrême, quasi expérimental. Les vidéos mettent en scène des infrastructures hors norme, comme des échangeurs autoroutiers sur plusieurs niveaux, des gratte-ciel interconnectés par des passerelles, des lignes de métro aériennes traversant des immeubles. L'impression dominante est celle d'une ville à étages, où piétons, véhicules et trains évoluent chacun sur différentes strates verticales. Dans un pays où l'information est strictement contrôlée, ce consensus visuel interroge. L'esthétique du « futur » semble être, en partie, un outil pour rompre avec l'image d'une Chine pauvre ou en retard. Pour certains, Chongqing incarne ce que peut produire une croissance urbaine sans limite, dans un mélange d'efficacité, de densité maîtrisée, d'équilibre et d'audace architecturale, souvent observé avec fascination. Pour d'autres, elle représente au contraire les excès d'un modèle poussé à l'extrême, une urbanisation déshumanisée, indifférente aux équilibres naturels et résolument opposée à toute logique de sobriété ou de décroissance. L'impression est souvent celle d'un développement artificiel. Une vitrine qui brille (au sens propre puisque tous les immeubles sont illuminés, ce qui est répandu en Chine), mais dont l'éclat masque mal les disparités. Nombre d'observateurs extérieurs la qualifient de « cyberpunk » ou « dystopique », des mots relativement nouveaux qui charrient un imaginaire profondément som… Raphaël Lepilleur |
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