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dimanche 29 juin 2025

Rue 89 avec L'OBS - Les jeunes parents sont-ils devenus fous ? - Dimanche 29 juin 2025

 



Dimanche 29 juin 2025

Les jeunes parents sont-ils devenus fous ? Sur internet, après les chats, les bébés. Des millions de vidéos d’enfants se succèdent sur mon fil Instagram. Il y a ceux qui sont mignons. Parce que la beauté rapporte. Ceux qui pleurent. Que c’est drôle de voir un enfant pleurer ! Ceux qui se baladent les fesses à l’air. Parce que (c’est bien connu) il n’y a pas de pédophiles sur internet. D’autres assis sur les toilettes. Puisque le droit à l’intimité n’existe pas pour les enfants et qu’il n’y a toujours pas de pédophile sur internet. Des parents vont jusqu’à piéger leur descendance pour capturer une image bankable de bébé.

Les bébés laids sont jetés en pâture sur le web. Sur son compte Instagram public, une internaute française poste une photo de son enfant avec les hashtags « bébémoche » ; « nezquicoule » ; « vivelagarderie ». Dans une autre vidéo, on lit au-dessus du visage d’un nouveau-né : « On pensait ramener une petite fille à la maison. En fait, c’est un vieil homme… » (vue plus de 200 000 fois). Qu’il est amusant de se moquer de la tête aplatie ou du nez en virgule d’un humain de trois jours. Les enfants sont devenus des vaisseaux à likes non consentants, qui rapportent de l’argent à des parents peu soucieux d’exploiter des êtres humains du moment qu’ils les ont créés.

Quel enfer de savoir qu’avant même que vous ayez appris à marcher, un internaute à l’autre bout du monde a pu rigoler de vous voir manger un citron pour la première fois de votre vie. Quel bel usage de l’autorité parentale ! Et en plus, c’est légal. Les parents ont absolument le droit de disposer comme ils l’entendent du droit à l’image de leurs enfants. Et 53 % des parents français en ont déjà profité sur les réseaux sociaux, selon l’Observatoire de la Parentalité et de l’Education numérique. Bien sûr, certains partagent simplement de jolies photos qui mettent en valeur leur lignée (et eux avec, parce que c’est bien de ça dont il s’agit).

Ce n’est pas mieux. 50 % des photos échangées sur les réseaux pédopornographiques viennent de contenus publiés en ligne par les parents, selon l’association l’Enfant bleu - Enfance maltraitée. Parents, je vous comprends. Vous avez créé la vie, vous en êtes fiers. Mais, avant de poster, demandez-vous si vous auriez aimé que vos géniteurs fassent la même chose, et laissent circuler, pour l’éternité, sur les réseaux sociaux des photos de vous, que vous n’avez pas choisies. En sachant qu’il y a une chance sur deux pour que ce magnifique souvenir de Concarneau au coucher du soleil serve de support masturbatoire à des pédophiles.

Barbara Krief

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