Mazan, la banalité du mâle
Un procès hors norme pour décrire le banal et l’ordinaire. C’est tout le paradoxe du procès dit des viols de Mazan, avec ses 51 hommes accusés d’avoir violé Gisèle Pelicot pendant une décennie au cours de laquelle son mari l’a droguée pour la livrer, endormie, au désir d’inconnus. Ce dernier, Dominique Pelicot, a tout consigné sur son ordinateur, notant consciencieusement les noms, les jours, et enregistrant les vidéos prises ces soirs-là.
Le procès est devenu un symbole. Parce que le huis clos a été refusé par la principale victime, par le nombre d’accusés, par l’existence de preuves matérielles qui viennent méthodiquement contrebalancer les dénégations habituelles des hommes sur le banc des accusés. Mais surtout parce qu’il dit la « normalité » des violences masculines commises à l’égard des femmes.
Mediapart avait au départ renoncé à couvrir quatre mois de procès à Avignon – pour une petite équipe comme la nôtre, l’investissement semblait trop lourd. Et quelle serait notre plus-value quand autant de médias s’apprêtaient à en faire la chronique judiciaire ?
Très vite, nous avons compris qu’il fallait impérativement raconter l’onde de choc suscitée par ce procès (lire ici, ici ou là). Puis qu’il fallait que nous y soyons – deux journalistes vont s’y relayer jusqu’à la fin du procès, prévue en décembre 2024. Il et elle se chargeront de raconter ce qui se dit lors des audiences mais aussi ce qui se joue autour du tribunal.
L’histoire des droits des femmes s’est aussi jouée lors de procès : ce fut le cas lors du procès de Bobigny (Seine-Saint-Denis) sur le droit à l’avortement, ou du procès d’Aix-en-Provence en 1978 qui conduira à préciser la définition du viol dans la loi. Dans les deux cas, une avocate a joué un rôle crucial. Elle aussi s’appelait Gisèle, Gisèle Halimi. |
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