Le pire arrive toujours par les mots. À l’insondable pauvreté du langage de l’ex-président des États-Unis candidat à sa réélection s’ajoute désormais un champ lexical guerrier, pioché dans la palette néofasciste pour s’attaquer aux « ennemis de l’intérieur » : « vermines », « empoisonneurs », « mangeurs d’animaux domestiques » et autres « trous du cul » contre lesquels il suggère d’utiliser la force militaire, et qu’il compte, selon ses propres mots, « déporter » ou « enfermer dans des camps ». Tout comme il promet d’« emprisonner » les journalistes qui publient des « informations sensibles ».
Ces abominations grossières sont bien plus que des « outrances » ou de simples « provocations ». Elles traduisent une stratégie au service d’un projet politique qui commence à ressembler dangereusement à une nouvelle internationale fasciste. Orban, Netanyahou, Poutine, Milei et autres Le Pen se frottent les mains à l’idée d’une victoire de Trump.
À toutes les extrêmes droites de la planète, son premier mandat à la Maison-Blanche a fourni une grammaire et une légitimation depuis la plus grande puissance économique mondiale, phare autoproclamé de la démocratie dans le monde. Tous empruntent au même bréviaire manichéen et aux « vérités alternatives » pour passer les cerveaux à l’essoreuse de la prétendue « guerre des civilisations ». Une grande vengeance réactionnaire au service d’un capitalisme écocidaire est déjà à l’œuvre dans de nombreux pays. Une victoire de Trump viendrait pousser un peu plus le monde dans le précipice.
Même dans le scénario le plus optimiste, celui de sa défaite, le danger sera loin d’être repoussé. Les plans du candidat pour contester le scrutin ne sont plus un secret pour personne. L’insurrection du Capitole en 2021 avait donné un avant-goût de cette « contre-révolution » théorisée par le « Projet 2025 », publié l’année dernière par la fondation The Heritage, laboratoire d’idées ultraconservateur qui travaille à renverser l’État fédéral américain. Une armée d’avocats et des bataillons de suprémacistes chauffés à blanc sont prêts à être mobilisés. Il faut malheureusement parfois prendre les clowns très au sérieux.
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