| HADRIEN MATHOUX RÉDACTEUR EN CHEF POLITIQUE Rien sans l'Europe, rien avec l'Europe
À mesure que l'échéance des élections approche, l'Europe envahit les esprits. Cette semaine, plusieurs personnalités ont ainsi consacré de longs discours à l'exposition de leur vision de ce continent devenu projet politique : Raphaël Glucksmann, Jordan Bardella et, bien sûr, Emmanuel Macron s'y sont collés.
Lors de son allocution à la Sorbonne, le président a relevé l'évidence : depuis le Brexit — dont les « effets délétères » sont largement surestimés —, « plus personne n'ose tellement proposer des sorties ni de l'Europe ni de l'euro. » La terminologie du chef de l'Etat, qui confond Europe et Union européenne, est révélatrice : aux yeux des amoureux du projet de Schuman et Monnet, quitter l'UE reviendrait à détacher la France du continent, pour la laisser errer dans l'océan Atlantique tel un radeau à la dérive. Emmanuel Macron touche tout de même juste : durant l'élection présidentielle, deux des quatre grandes forces politiques, à savoir la France insoumise et ce qui était alors le Front national, envisageaient très explicitement une sortie de l'UE. Aujourd'hui, bien moins téméraires, ils se contentent de vouloir « réformer de l'intérieur » une organisation dont les traités ne se modifient qu'à l'unanimité… Le paradoxe est total. Toutes les critiques des « souverainistes » longtemps repeints en affreux nationalistes se sont avérés fondées : rôle délétère du libre-échange et de la concurrence généralisée, dégâts de l'austérité budgétaire, échec d'un projet niant les spécificités des nations européennes… Pour autant, leurs solutions sont presque unanimement considérées comme irréalistes, voire dangereuses. Au milieu de cette quadrature du cercle, les Français, déboussolés, devraient être peu nombreux à se rendre aux urnes le 9 juin. Twitter @hadrienmathoux
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