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dimanche 19 novembre 2023

Rue89 - L'Obs : Pourquoi faut-il choisir son camp ? le 19.11.2023

 


Dimanche 19 novembre 2023

Pourquoi dans ce conflit faut-il choisir son camp ? Pourquoi toute divergence, toute nuance, aussi infime soit-elle, est-elle reçue comme un coup de poignard par les autres ?

C’est la question que je me suis posée il y a quelques jours en dînant avec Eric, un vieil ami avec qui je partage des discussions de toute nature depuis trente ans, sans tabou. Sur l’actualité ou la politique, nous ne sommes pas toujours d’accord, il peut nous arriver de nous emballer, mais nos divergences n’ont jamais donné lieu à de véritables engueulades. Jusqu’à la semaine dernière, quand la conversation s’est engagée sur la chronique d’un humoriste qui fait polémique.

Comme tout le monde apparemment, on a chacun un avis. L’un d’entre nous la trouve drôle ; l’autre, inacceptable. L’un dit que l’humoriste avait raison, l’autre, qu’il doit s’excuser. Une tension palpable s’installe. L’un se retrouve malgré lui dans le camp de l’oppresseur pro-israélien ; l’autre des victimes civiles de Gaza. Une espèce de cumulus grossit au-dessus de nos têtes, jusqu’au moment où on décide, d’un commun accord mais plutôt sèchement, de mettre fin à la conversation. Si on ne veut pas mettre en péril notre amitié, nous décidons qu’il est urgent de ne plus aborder ce conflit entre nous. Plus jamais…

Nous ne sommes pourtant ni l’un, ni l’autre, directement concernés par cette guerre. Je n’ose imaginer le niveau de tension entre amis ou dans les familles directement traversées par cette tragédie.

Ce n’est pas notre cas. Ce conflit nous bouleverse, bien sûr, mais ne nous touche pas dans notre chair. Je nous pensais – et nous pense d’ailleurs toujours – relativement modérés, et plutôt d’accord sur le sujet. D’accord pour condamner sans réserves la politique du Likoud, l’expansion des colonies, d’accord pour être horrifiés par l’attaque du 7 octobre et les prises d’otages, d’accord pour être scandalisés par le pilonnage de Gaza et la mort des enfants. D’accord pour dire que nous n’étions pas des experts de haut vol, et qu’il fallait raison garder.

Même c’est comme si ces positions étaient devenues inacceptables, comme si ce conflit nous enfermait dans une polarisation sans nuances. Depuis le 7 octobre, chacun est sommé de choisir son camp. Impossible d’en sortir. De ne pas avoir d’avis. Et même, et c’est terrible, d’en parler.  

Natacha Tatu

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