Translate

samedi 1 juillet 2023

La lettre de Patrick Le Hyaric - Nahel : 17 ans... Ce n’est pas un âge pour mourir Samedi 1 er juillet 2023

 


http://patrick-le-hyaric.fr/
La Lettre du 1er juillet 2023
patrick-le-hyaric.fr/
 
Facebook
Twitter
Youtube
 
 
Bonjour à chacune et chacun,
 
Nahel : 17 ans... Ce n’est pas un âge pour mourir
 
Tristesse ! Que dire ? Sécher ses larmes ? Serrer les poings ? Comment est-ce possible ? Nahel a été tué de sang-froid. Mourir ainsi à 17 ans abattus à bout portant par un policier. Mourir en laissant sa maman, ses proches pleurer des souvenirs, des moments partagés, mais surtout une possibilité de vie. Chaque jeune de France se dit : cela aurait pu être moi. Chaque maman se dit : cela aurait pu être mon fils.
 
À toutes celles et ceux qui se gargarisent avec le mot République, pour mieux balafrer ses idéaux, nous devons demander ce qui a été fait pour qu’il reste en vie. Partout, en France, on crie : justice ! Il y a bien un lien ténu entre la mise en œuvre de la loi de sécurité de 2017 portant sur l’utilisation des armes à feu par la police et son interprétation par la hiérarchie policière. Il y a le même lien ténu entre l’augmentation des « refus d’obtempérer » et l’augmentation continuelle du prix des assurances. Cela ne justifie pas qu’on tue. Les images ont obligé à voir une réalité. Elles ne montrent pas la menace que le refus d’obtempérer fait courir à deux policiers ni à autres personnes. Rien ne justifie qu’on meure d’une balle dans la poitrine à 17 ans. Absolument rien. Nous sommes aux côtés de sa maman, de ses proches. Nous sommes aux côtés du maire de Nanterre, des élus et de la population.
 
Ce drame ne relève d’aucune fatalité. Il discrédite l’État et ses forces dites de l’ordre alors qu’elles devraient être des « gardiens de la paix ». Au nom d’un ordre juste, les coups de menton ministériel promeuvent juste de l’ordre. De l’ordre dans une société où la majorité de la population n’en peut plus d’entendre les bruits de l’argent qui coule à flots à un petit pôle de la société, des scandales divers de corruption, les magouilles de toute sorte. Ces messieurs du haut ne parlent jamais du mur qui enferme les habitants des cités. Leur problème est le « mur de la dette » à rembourser. À qui ? Aux banques et aux fonds financiers qui se gavent du manque de services publics dans ces mêmes quartiers comme dans les campagnes. Cela fait des mois que l’on sent les tréfonds de la société bouillir. Aucune leçon n’a été tirée des résultats des élections municipales où la plupart des maires ont été élus… sans électeurs. Aucune leçon réelle des résultats des différents scrutins dans les quartiers populaires. Aucune leçon des conditions du confinement dans les quartiers populaires. Aucune leçon des mises n’en garde sur la violence des « contrôles policiers au faciès » le racisme et le mépris dont sont l’objet ces citoyens. Même l’ONU vient de déclarer ce vendredi que la France doit « s’attaquer sérieusement aux profonds problèmes de racisme parme les forces de police. Oui, l’ONU.
 
Qu’ont-ils bien à faire les jeunes de ces quartiers discriminés des proclamations gouvernementales sur les « taux » de chômage quand eux sont assignés à résidence, discriminés et invités à devenir « ubérisé » en s’endettant pour longtemps. En ce moment même avec les constructions des équipements des Jeux olympiques s’accélèrent ce que l’on appelle la gentrification, c'est-à-dire l’accélération du déplacement des populations les plus en difficulté de ces quartiers par des catégories sociales plus aisées. Celles et ceux qui y habitent, parents et enfants, ouvriers, employé, étudiants, bref les premiers de corvée, celles et ceux que l’on croise de très bonnes heures dans les transports en commun n’auront pas accès à ces logements. Ils sont trop chers. Et que dire de la possibilité pour elles et eux de participer aux Jeux olympiques quand il faut presque deux mois de salaire pour disposer d’un billet ? Pourquoi, les habitants des « banlieues » ces lieux mis au ban de la grande ville et de la société n’ont-ils pas droit au beau.
 
Dire ceci n’est pas justifier les violences et les destructions de voitures des voisins, de services publics, de mairies, de dépôts de bus, les attaques de magasins pour voler. On croit s’en prendre à l’État ou à tout ce qui représente l’État. En fait, c’est à soi-même et à ses semblables qu’on fait mal, c’est sa voisine, son voisin, son cousin qu’on empêche d’aller au travail, voir qu’on met au chômage. Ces violences, se retournent toujours contre les populations les plus en difficulté, donnent prétexte au pouvoir de restreindre encore la démocratie.
 
L’apaisement et le dialogue dans les cités sont indispensables. Pour cela, la confrontation politique doit reprendre ses droits. Mais les autorités publiques doivent écouter, entendre et en tirer les conclusions pour améliorer réellement la vie des citoyens. Pas le énième « plan banlieue » mais le respect, l’égalité des droits, la fin du racisme et des discriminations, l’accès à l’école, la formation, la culture, le sport et à un travail intéressant correctement rémunéré, a un logement de qualité à un prix abordable.
 
Ce n’est pas le chemin que montre le pouvoir qui va jusqu'à interdire aux députés de voter une loi de recul de l’âge de la retraite. Loin de moi, l’idée de tout mélanger. Seulement l’épisode du coup de force pour imposer la loi des 64 mois a des conséquences sur les modes de « luttes » dans cette jeunesse et ses parents qui ne sont jamais écoutés. Mais on peut en dire de même des territoires ruraux, là où on s’est beaucoup mobilisé contre la loi des 64 ans, là où manquent tant de services publics, là où deux paysans se suicident en silence chaque jour. Qui porte contre eux, la violence ? Même le rapport commandé à Jean-Louis Borloo sur les banlieues a été jeté à la poubelle en direct à la télévision, pour des raisons politiciennes. Qui a donc soufflé sur les braises de l’incendie qui couvait depuis un long moment ? Et ce ne sont pas les déplacements ministériels ou de pseudo-réunion de crise sous l’œil des caméras qui ouvrent le chemin d’un renouveau du dialogue, de l’apaisement, de la construction d’une police proche et au service des habitants. Nahel, ce prénom qu’il ne faudra pas laisser s’enfouir dans l’oubli !
 
 
Comme un vol noir de corbeaux sur l’Europe
 
Des urnes qui s’ouvrent chaque dimanche soir d’élections dans les pays de l’Union européenne jaillissent des mêmes monstres : des droites dures et de l’extrême. Ce fut encore le cas dimanche dernier en Grèce ou une droite sans complexe a remporté une majorité absolue.
 
En Allemagne, l’extrême droite s’est emparée d’une grande collectivité locale. Il y a quelques semaines, des résultats similaires sortaient des urnes en Espagne. La droite qui émerge devient un organisme génétiquement modifié au contact des pestilentiels virus des forces d’extrême droite. Cette hybridation en cours des droites avec les idées de l’extrême droite est en passe de produire une dangereuse alliance nouvelle au sein du Parlement européen.
 
Le Parti Populaire Européen (PPE) qui regroupe les partis de la droite (dite classique, dont le parti de M. Ciotti) et le groupe baptisé du trompeur nom de « Conservateurs et Réformistes Européens » (ECR) dirigé aujourd’hui par Mme Meloni, la présidente du conseil italien, préparent leur alliance.
 
Ces inquiétantes métamorphoses sont à mesurer à l’aune des alliances parlementaires et gouvernementales entre forces de droite et d’extrême droite dans de nombreux pays européens. C’est le cas en Suède, en Finlande, en Hongrie, en Pologne, au Danemark, en Italie. D’autres se préparent en Belgique, aux Pays-Bas, en Espagne. En Allemagne, des tentatives de rapprochement s’opèrent dans un ou deux Länder. En France, M. Ciotti, qui dirige le parti de droite héritière du gaullisme, a déclaré lors des élections présidentielles que rien ne pouvait l’empêcher de voter Zemmour. Et le philosophe médiatique, M. Enthoven, a un jour expliqué qu’en cas de second tour entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon il voterait en faveur de la première.
 
Cette « droitisation » de tous les partis conservateurs et réactionnaires dans les pays de l’Union européenne est concomitante avec un puissant travail idéologique des forces dominantes pour « dé-diaboliser » l’extrême droite.
 
Ainsi, on voit les efforts déployés dans les médias et les institutions pour présenter les députés du Rassemblement national comme des gens sages et raisonnables. En somme, on nous demande de ne plus nous méfier de l’eau qui dort !
 
Ce dangereux accouplement se fait de part et d’autre sur la base d’éléments d’une guerre idéologique et culturelle de haute intensité : rejet de l’étranger et de l’immigration, fermeture des frontières, campagne anti-islam et xénophobe, détournement de l’antiracisme et du colonialisme, combat contre l’égalité des droits, recul des droits des femmes notamment la mise en cause de l’avortement, instillation de l’idée d’une guerre de civilisation. Ces forces exècrent tout ce qui ressemble à une reprise en main de leur destin par les citoyens notamment les associations et les syndicats. Elles se dotent d’une galaxie d’organes de presse dont on parle peu et n’hésitent plus sous l’instigation des puissances industrielles et financières comme Lagardère et Bolloré à mettre leurs hommes à la direction des rédactions comme on le voit au Journal du dimanche après Europe1 et Cnews.
 
Au nom d’une fausse défense des classes populaires, ensemble droite et extrême droite cultivent désormais un « climato-négationnisme » en fustigeant les effets de la transition environnementale sur le mode de vie et le pouvoir d’achat des populations. Aux Pays-Bas, où à cause de l’élevage industriel, on vit sur « un océan de lisier », les plus gros agriculteurs ont créé un mouvement corporatiste d’extrême droite faisant campagne contre un projet de loi visant à réduire l’utilisation de l’azote pour l’agriculture. Quand le pouvoir veut dissoudre un mouvement pluriel comme « Les soulèvements de la terre » il prépare un très mauvais terrain.
 
À celles et ceux qui souffrent, nous ne devons cesser de dire que leur situation n’est pas due à l’autre, mais à un système dont la féroce loi de l’argent sera toujours contraire à leurs intérêts. La droite et l’extrême droite sont les soutiers de ce système. Ils s’alignent sur un dangereux atlantisme et un européisme ultralibéral. Et partout où ils accèdent au pouvoir, ils organisent la chasse à l’immigré, remettent en cause l’indépendance de la justice, affaiblissent la création et la culture, restreignent la liberté de la presse, nient les droits des femmes, menacent le droit à l’avortement, cultivent un national-capitalisme accentuant encore les concurrences et les rivalités.
 
Alors que la Finlande s’arrime à l’OTAN, la coalition qui dirige ce pays préconise l’austérité la plus dure, remettant en cause les conquis de l’État social. En Suède et au Danemark, on va jusqu’à séparer les couples de jeunes demandeurs d’asile. Et la présidente de la Commission européenne, Mme Van Der Leyen, n’a pas hésité à se rendre en Tunisie bras dessus bras dessous avec Mme Meloni sur l’enjeu des migrations.
 
Ce ne sont donc pas les électrices et les électeurs qui deviennent radicaux de droite, mais les responsables politiques et les dirigeants des grandes sociétés multinationales. Ils ont besoin de défendre le système dans le cadre de la polarisation de l’extrême droite et des glissements des forces de droite. Bref, les corbeaux volent en meute au-dessus de l’Europe. Ils ont la couleur de la crise organique qui parcourt le continent et un monde sans cesse remodelés sous l’effet de la mondialisation capitaliste financiarisée.
 
Ils sont les résultats de la mauvaise fermentation des traités de Maastricht puis de Lisbonne. Ils ont pris de la force sur le refus de tenir compte du vote majoritaire des électrices et des électeurs qui les avaient rejetés ou s'apprêtaient à le faire dans plusieurs pays. Les partis dominants dans la gauche européenne, affiliés au Parti socialiste européen, portent une sérieuse responsabilité dans ce mouvement délétère. À force de démontrer aux populations que leurs protestations sont vaines et que leurs doutes sont sans fondement, les colères ont été détournées vers le pire.
 
Le mouvement progressiste en Europe doit aujourd’hui travailler à une repolitisation de la recherche d’un nouveau débouché contre les peurs, les replis et les ressentiments. Face à l’imminence de ce danger, trop sous-estimé, il devrait se fixer l’objectif de construire un front progressiste et écologiste au sein du futur Parlement européen. Les combats pour reprendre la marche en avant vers le progrès social, écologique, démocratique l'exigent. Une nouvelle union des nations et des peuples associés, libres, souverains et solidaires pourrait porter un nouveau pacte pour les sécurités humaines et environnementales, sociales, alimentaires, énergétiques, hydriques et des initiatives audacieuses pour rechercher les chemins du désarmement, de la sécurité en Europe et de la Paix.
 
La mise en débat d’un tel projet novateur serait susceptible d’intéresser et de mobiliser de larges fractions de la société. C’est une grande responsabilité pour conjurer le pire qui s’avance désormais. Il est grand temps de combattre les immenses appétits des corbeaux noirs qui tournoient dans le ciel assombri de l’Europe !
 
 
« Les raisons de la guerre en Ukraine » reste un livre d’actualité pour comprendre les ressorts de ce qui se passe en ce moment. Il y aura des suites, à la tentative de marche des troupes du groupe Wagner sur Moscou. Ce n’était peut-être pas les prémisses d’un coup d’État, mais cela a révélé la fragilité du système autocratique mis en place par M. Poutine. Vraisemblablement, y a-t-il eu des complicités dans une partie de l’appareil d’État, dans l’armée et une partie des milieux d’affaires. Aux yeux du monde s’est révélée cette vulnérabilité. On peut nourrir quelques inquiétudes quand de telles aventures sont possibles dans un pays qui dispose de 6000 ogives nucléaires. Ceux, qui au nom de l’anti-Poutinisme se réjouissent de cette situation, et appellent à abattre Poutine pour « gagner la guerre » sont tout autant des aventuriers. Ce n’est pas de surenchère dont a besoin le monde s’affrontant déjà au réchauffement climatique, mais de la recherche d’une voie pour faire cesser cette guerre comme le propose la Chine, le Brésil, le Mexique, le Pape, des pays africains.
 
Ceux qui prônent l’éclatement de la Russie sont tout aussi irresponsables. Le démantèlement d’un si grand pays au service de qui ? Pour quelle configuration géopolitique demain. Les peuples européens n’y ont strictement rien à gagner. Les trusts industriels notamment ceux liés à l’énergie et les forces de l’argent y déploieraient leur guerre économique pour s’accaparer les richesses de la Russie en même temps que celle de l’Ukraine. Aucun travailleur ukrainien, russe ou des autres pays d’Europe n’a à y gagner. Dans les deux pays doit prévaloir la mise en place de système démocratique, débarrassé de la corruption et des mafias qui s’engraissent sur le dos des peuples. C’est ce qu’il faudrait promouvoir avec la paix et le désarmement dans toute l’Europe et au-delà au lieu de se réjouir d’opérations commando aussi aventurières que dangereuses. (Accéder par ici à l’article de Francis Wurtz dans L’Humanité Magazine)
 
 
Les amis de l’Humanité
 
La société des amis de l’Humanité des Alpes-de-Haute-Provence m’a invité il y a quinze jours à prononcer une conférence-débat sur le thème de « la déconstruction de la société démocratique à l’heure de la concentration des médias ». Ce que j’ai fait avec plaisir dans une ambiance chaleureuse et fraternelle de la part d’un large public avec les amis de L’Humanité animée par l’excellent Raymond Ganzoin sachant marier délicatesse et proximité populaire, culture et recherche d’unité. Félicitations et reconnaissance à elles et eux. Accéder ici au texte de mon intervention)
 
 
L’intervention de Lula da Silva président du Brésil au « Forum pour un nouveau pacte financier mondial » le 23 juin 2023 à Paris.
 
 
En vous souhaitant la meilleure semaine possible, recevez mes amicales salutations.
 
Patrick Le Hyaric
 
 
 
Vous pouvez partager cette Lettre autour de vous comme outil de débats
 
 
 
Voir la version en ligne
 
 
Pour m'écrire:
L'Humanité - Patrick Le Hyaric
5, rue Pleyel - immeuble Calliope
93528 Saint-Denis cedex
 
Facebook
Twitter
Instagram
Youtube

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire