Madame, Monsieur,
Dans deux mois seulement, et à moins d’un soulèvement massif et immédiat des citoyens à travers l’Europe, la Commission européenne pourrait proposer d’autoriser la culture dans les champs européens d’OGM nouvelle génération (1)…
… contournant ainsi les règlements européens (2) qui protègent les consommateurs, les agriculteurs indépendants et l’environnement face aux risques posés par ces technologies.
Des milliers d’hectares de colza, de tournesol ou de maïs OGM standardisés, clonés en laboratoire, non adaptés aux conditions locales, et dont les effets potentiellement délétères sur les abeilles et les milliers d’espèces de pollinisateurs sauvages qui viendront les butiner auront été peu, voire pas du tout, évalués.
En dépit des réserves de huit États membres de l’UE (Autriche, Allemagne, Belgique, Hongrie, Luxembourg, Chypre, Slovaquie et Slovénie) (3) et du Comité d’examen de la réglementation (4), qui jugent insuffisante l’étude menée par la Commission européenne sur l’impact potentiel de ces nouveaux OGM sur l’environnement…
… et malgré les graves défaillances du processus législatif, clairement manœuvré en sous-main par les lobbys de l’industrie comme le montrent de nombreux rapports (5)…
… le projet devrait être présenté aux États et aux députés européens au mois de juin 2023.
À ce stade, il est même question de tenir les ministres de l’Environnement à l’écart du dossier, et de laisser la main aux ministères de l’Agriculture.
En France, c’est ce ministère qui a émis des dérogations pendant des années pour les néonicotinoïdes tueurs d’abeilles alors que leurs effets délétères pour les pollinisateurs étaient déjà connus de tous. Ce même ministère qui s’est allié au lobby de l’agriculture industrielle pour demander la création de la cellule de renseignements Déméter, chargée de surveiller les opposants aux pesticides et à l’agriculture intensive (6).
Autant dire que le sort des abeilles n’est pas sa priorité…
Il nous reste peu de temps pour organiser la résistance, c’est pour cela que notre équipe fait appel à vous.
Nous avons besoin du soutien de chaque citoyen qui, comme nous, refuse cette nouvelle mise en danger des abeilles et des pollinisateurs sauvages, déjà tant fragilisés par les pratiques de l’agriculture industrielle…
… qui a détruit leurs habitats en supprimant haies et friches, et les a contaminés avec des milliers de tonnes de pesticides dont les métabolites peuvent encore polluer les sols, les eaux et les pollens, des dizaines d’années plus tard.
En autorisant en Europe les nouvelles générations d’OGM préparées depuis des années dans les réseaux de laboratoires qui travaillent avec les géants agroindustriels (Corveta, BASF, Syngenta-ChemChina et Bayer-Monsanto), avec à la clef des brevets très protecteurs qui garantiront la manne financière de ces multinationales au détriment des agriculteurs…
… la Commission européenne verrouille la prédominance d’une agriculture industrielle intensive, reposant sur des semences standardisées et non adaptées aux conditions locales, pratiquée sur des centaines de milliers d’hectares de terres labourées au détriment des zones refuges pour les pollinisateurs et la biodiversité des champs…
… reposant sur l’utilisation massive d’engrais chimiques, de fongicides chimiques, d’insecticides et d’herbicides chimiques qui polluent durablement le paysage et déciment les abeilles et les insectes auxiliaires des cultures.
Pire encore : elle risque de fermer la porte au développement des alternatives agricoles qui, en reposant sur les connaissances actuelles de l’intelligence du vivant, préfèrent l’utiliser pour produire mieux plutôt que le détruire pour produire moins bien.
Depuis des années que notre association milite pour la transition vers ce type de modèle agricole respectueux du vivant, nous ne pouvons pas laisser les institutions européennes piétiner tous ces efforts salutaires pour les abeilles et les pollinisateurs sauvages sans réagir !
Grâce au soutien des donateurs de l’association, notre équipe a démarré le travail à Bruxelles et à Paris pour faire barrage à la mise sur le marché sans évaluation de nouveaux OGM dangereux pour les abeilles :
> Nous avons participé au processus de consultation des autorités européennes sur ce dossier, été témoins et dénoncé l’emprise des lobbys sur la dérégulation en cours (7) ;
> Nous avons joint nos forces avec une cinquantaine d’organisations européennes de défense de l’environnement, d’agriculteurs et de consommateurs, et avons rassemblé ensemble plus de 420 000 signatures à une pétition que nous avons remise aux représentants de la Commission et du Parlement (8) ;
> Nous avons interpellé le ministre français de la Transition écologique et la Secrétaire d’État à l’Écologie pour que leurs ministères s’emparent du dossier (9), et avons été reçus par leurs cabinets pour exposer nos arguments ;
> Nous avons commencé à réunir les premières preuves de l’impact direct et indirect de ces technologies sur les pollinisateurs dans les champs, et travaillons avec des chercheurs pour tenter de combler les lacunes scientifiques, afin d’illustrer l’impérieuse nécessité d’une évaluation robuste du risque pour les pollinisateurs et l’environnement avant la mise sur le marché de ces OGM nouvelle génération.
De premières recherches montrent par exemple que la modification génétique de certaines plantes pour booster artificiellement leur productivité à des fins de rentabilité, notamment pour la production de biocarburants, peut causer une grave perte de nutritivité du pollen qui pourrait provoquer des carences chez les abeilles et impacter leur faculté d’apprentissage ou de butinage (10).
D’autres pans de la science commencent à peine à lever le voile sur certains phénomènes de la nature tels que les transferts de gènes entre espèces (11), ou le rôle de certains gènes clefs dans les équilibres d’écosystèmes entiers (12), qui restent largement sous-étudiés.
Il est pourtant vital de connaître ces mécanismes évolutifs complexes et fascinants qui permettent l’adaptation génétique des espèces à leur environnement, avant d’envisager de disséminer à l’aveuglette des centaines de millions de plantes OGM dans la nature !
Pour éviter qu’une dérégulation imprudente de nouveaux OGM ne vienne porter un nouveau coup mortel aux pollinisateurs déjà en voie d’extinction, nous devons démultiplier nos efforts dans les deux mois qui viennent. Avec votre aide, et votre soutien.
Notre équipe est déterminée à faire feu de tout bois pour empêcher les firmes d’obtenir carte blanche pour répandre, pour de nombreuses années encore, des milliers de tonnes de nouveaux tueurs d’abeilles dans la nature.
Mais il est évident que nous n’y arriverons pas sans un minimum de moyens.
Pour financer nos actions, pas de subventions publiques conditionnées au silence et à l’inaction face aux décisions ministérielles. Pas de « greenwashing » d’entreprises aux activités destructrices. Pas de don de parlementaires qui cherchent un marchepied politique. Pas de financement d’organisations syndicales qui défendent un intérêt professionnel et non l’intérêt général.
L’intégralité du travail de POLLINIS est financée grâce au soutien, parfois même minime, des personnes comme vous qui ont à cœur de protéger les abeilles et tous les pollinisateurs, et de sauvegarder le service essentiel de pollinisation que nous rendent ces petits insectes vulnérables.
C’est ce soutien massif et désintéressé qui est la garantie de notre indépendance, et de notre liberté de parole et d’action, au-delà de tout clivage politique, sociétal ou corporatiste.
Mais pour continuer à tenir tête aux multinationales industrielles et les empêcher de sacrifier impunément les abeilles et tous les pollinisateurs, et à travers eux la santé et la sécurité alimentaire des prochaines générations, nous avons d’autant plus besoin de votre aide.
Il n’y a pas de minimum de contribution pour avoir un impact significatif, et être chaleureusement remercié par notre équipe : certains donateurs de l’association donnent 10 euros, d’autres entre 20 et 30 euros, d’autres peuvent donner 50 euros, 100 euros, 200 euros, parfois même plus !
Certains préfèrent soutenir l’association tout au long de l’année par un don mensuel. C’est vous qui avez le choix.
Ce qui est crucial pour notre équipe, c’est de savoir que le travail de titan que nous menons au quotidien pour défendre et protéger les pollinisateurs et la biodiversité ordinaire, est soutenu par un grand nombre de citoyens qui croient en nos actions. En notre capacité à faire la différence, et à obtenir gain de cause face aux lobbys.
C’est pour cela que nous sommes si reconnaissants envers tous les donateurs de l’association.
Sans leur engagement et leur générosité, il n'y aurait pas de contre-expertise, pas de contre-information, pas de pétition à signer, pas de tribune pour s'exprimer, pas de garde-fou à la toute-puissance des lobbys en Europe, pas de procès pour obtenir justice…
À la place, il y aurait un boulevard pour l'industrie et ses représentants, pour imposer leurs intérêts et leur quête permanente de profits au détriment des abeilles, de l'environnement et de l'intérêt général.
Aidez-nous, par votre don, à mener le combat que chaque citoyen isolé ne pourrait mener seul !
Nos objectifs prioritaires pour empêcher la dérégulation imminente des nouveaux OGM en Europe sont on ne peut plus clairs :
> déjouer le prosélytisme des lobbys et leurs fausses promesses de rentabilité en démontrant au contraire, études scientifiques à l’appui, les impacts potentiellement dévastateurs sur les pollinisateurs, les écosystèmes et l’agriculture indépendante
> faire connaître ces risques au plus grand nombre de citoyens pour les mobiliser et les rallier à notre combat. Comme nous l’avons fait avec les pesticides, c’est par la force de notre nombre que nous arriverons à obliger les décideurs politiques à protéger les abeilles plutôt que les intérêts financiers d’une poignée de multinationales agro-industrielles.
Nous ne pourrons mener la bataille que grâce aux moyens que nous donneront les citoyens, comme vous, qui soutiennent nos actions.
Si nous laissons, aujourd'hui, les multinationales de l'industrie triompher au détriment des abeilles et de toute la biodiversité…
… dérouler tranquillement leur stratégie de lobbying et d’influence comme ils l’ont fait avec le tabac, l’amiante, le glyphosate, les perturbateurs endocriniens ou les pesticides tueurs d’abeilles…
… et s'essuyer les pieds sur des années de combat des apiculteurs qui voient leurs colonies s'effondrer, des scientifiques qui alertent sur les conséquences dramatiques de l'extinction des pollinisateurs, et des représentants de la société civile qui œuvrent à la protection des insectes indispensables au maintien des chaînes alimentaires…
… les institutions démocratiques censées œuvrer pour l'intérêt général en déduiront que leurs petits arrangements en sous-main avec les lobbys au détriment des abeilles, de la biodiversité et de l’indépendance des agriculteurs n'ont attiré ni l'attention, ni l'indignation de personne.
Ils pourront continuer à travailler main dans la main avec les firmes, signant les yeux fermés les autorisations de mise sur le marché de nouveaux OGM potentiellement délétères pour les pollinisateurs et dévastateurs pour l'environnement…
… ouvrant la voie à l’autorisation d’autres technologies qui attendent patiemment leur tour et qui sont d’autant plus dangereuses, comme les bactéries et les insectes génétiquement modifiés, le forçage génétique ou les pesticides génétiques !
Et comme pour les néonicotinoïdes tueurs d'abeilles, il faudra encore des années de bataille, des centaines d'études et de constats de terrain, et la remobilisation de millions de citoyens pour obtenir le retrait une à une de chaque semence, chaque technique, ravageuse pour les abeilles domestiques et sauvages…
… alors qu'on pourrait tout simplement appliquer le principe de précaution et envisager D’ABORD tous les dangers possibles AVANT d’autoriser leur mise sur le marché !
Parce que l’extinction en cours des pollinisateurs et de la biodiversité ordinaire met en péril la capacité même de la nature à se régénérer et de l’agriculture à nourrir la population, et qu’il s’agit d’un enjeu majeur de notre siècle qui ne doit pas être remis à plus tard comme l’aimerait l’industrie, nous sommes bien décidés à nous montrer obstinés, rigoureux, acharnés, et à la hauteur des moyens que vous nous donnerez pour aller jusqu’au bout de ce combat pour la vie !
Merci par avance pour votre soutien.
Bien cordialement,
L’équipe POLLINIS
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Références
(1) POLLINIS s'oppose à toute dérégulation des nouveaux OGM au niveau européen. POLLINIS 11/2021
(2) Directive 2001/18/CE du Parlement européen et du Conseil du 12 mars 2001 relative à la dissémination volontaire d'organismes génétiquement modifiés dans l'environnement et abrogeant la directive 90/220/CEE du Conseil
(3) Nouveaux OGM : plusieurs ministres de l’Environnement demandent à intervenir. POLLINIS 03/2023
(4) Comité d’examen de la réglementation
(5) Nouveaux OGM : POLLINIS dénonce les termes biaisés du processus européen. POLLINIS 10/2022
Revealed: How the agribusiness lobbyists ghost-write the EU’s proposal on new GMOs. Friends of the Earth 03/2023
Derailing EU rules on new GMOs. Corporate Europe Observatory 03/2021
EU Commission spreading misinformation. Testbiotech 07/2021
(8) Nouveaux OGM : POLLINIS remet 420 000 signatures contre la dérégulation. POLLINIS 02/2023
(9) Nouveaux OGM : POLLINIS demande au Conseil environnement de s’impliquer. POLLINIS 02/2023
(10) Kawall K. Genome-edited Camelina sativa with a unique fatty acid content and its potential impact on ecosystems. Environmental Sciences Europe. 2021 Mar 26;33(1):38
(11) Horizontal gene transfer as a biosafety issue: a natural phenomenon of public concern. Dröge & Selbitschka 1998
Jixing Xia, Zhaojiang Guo, Zezhong Yang, Haolin Han, Shaoli Wang, Haifeng Xu, Xin Yang, Fengshan Yang, Qingjun Wu, Wen Xie, Xuguo Zhou, Wannes Dermauw, Ted C.J. Turlings, Youjun Zhang, Whitefly hijacks a plant detoxification gene that neutralizes plant toxins, Cell, Volume 184, Issue 7, 2021, Pages 1693-1705.e17, ISSN 0092-8674.
Heinemann JA, Traavik T. Problems in monitoring horizontal gene transfer in field trials of transgenic plants. Nat Biotechnol. 2004 Sep;22(9):1105-9. doi: 10.1038/nbt1009. Erratum in: Nat Biotechnol. 2005 Apr;23(4):488. PMID: 15340480.
(12) Barbour MA, Kliebenstein DJ, Bascompte J. A keystone gene underlies the persistence of an experimental food web. Science. 2022 Apr;376(6588):70-73. doi: 10.1126/science.abf2232. Epub 2022 Mar 31. PMID: 35357912.
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