| SOAZIG QUÉMÉNER RÉDACTRICE EN CHEF POLITIQUE TOUT ET SON CONTRAIRE... EN MÊME TEMPS
C’est un étrange délitement qui se produit sous nos yeux. Et l’Exécutif n’a même pas la pudeur de faire semblant de le masquer. Il se caractérise par une multiplicité de déclarations contradictoires. Entre l’interview donnée par Emmanuel Macron aux lecteurs du Parisien et la conférence de presse d’Elisabeth Borne, il ne s’est écoulé que deux jours. Un temps de réflexion suffisamment long visiblement pour que l’on passe de la volonté présidentielle d’une « loi efficace et juste, en un seul texte » sur l’immigration, au refus catégorique de la première ministre qui pense tout haut que « ce n’est pas le moment de lancer un débat sur un sujet qui pourrait diviser le pays. » Chacune de ces positions est défendable. Mais certainement pas les deux en même temps !
Même chose à propos du 49.3. Le 26 mars dernier, Elisabeth Borne expliquait qu’elle se fixait un objectif à l’avenir, celui de ne pas déclencher l’article 49 alinéa 3 de la Constitution « en dehors des textes financiers. » Elle assure à présent qu’il est « légitime de l’utiliser. » Il faut dire qu’entre-temps, l’Elysée a fait savoir son désaccord.
On pourrait se contenter d’y lire l’habituel tango entre les deux têtes de l’Exécutif, une figure classique de la Ve République. On pourrait aussi prendre un air pénétré et pronostiquer le départ prochain de l’actuelle locataire de l’Hôtel de Matignon, avec la certitude de finir par avoir raison un jour ou l’autre. Mais l’affaire est bien plus grave. Pour paraphraser Emmanuel Macron, « il y a des choses qui ne sont pas claires. » Et la crise politique que nous vivons ne peut s’en accommoder. Twitter @SoazQuem Crédit photo : Lionel Antoni pour Marianne |
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