Imagine que tu tombes amoureux d’un(e) autre, tu pars ou tu restes ? Je ne sais plus très bien comment l’idée de cette série de témoignages nous est venue avec Nolwenn Le Blevennec. Ce sont des récits de passions adultérines, des récits de choix : partir ou rester ? Des histoires banales et des déflagrations. De l’extérieur, il est facile d’y voir un manque de tenue ou de morale. De l’intérieur, celles et ceux qui les vivent se débattent avec un feu qui menace leur foyer (parfois douillet et confortable). Qu’en faire ? L’éteindre, s’en approcher, essayer de le dompter ? En France, 50 % des hommes et 30 % des femmes confessent avoir déjà trompé leur partenaire. Les infidèles sont là, partout autour de nous. Peut-être même que c’est moi ? Ou même vous. Vous avez déjà « trompé » ? Mais d’abord, on pourrait commencer par s’arrêter sur ce mot « Tromper ». Avant d’oublier ses idées socialistes, de vriller et de devenir un personnage aux idées sales (antisémite et collabo), Drieu la Rochelle écrit en 1934 son « Journal d’un homme trompé ». Où l’on peut lire : « Tu ne m’as jamais trompé et je ne t’ai jamais trompée. Misérable mot pour une misérable conception. Comme si deux êtres qui ont vraiment vécu l’un dans l’autre pouvaient se tromper. Ne se trompent que ceux qui s’ignorent. Jamais nous n’aurions pu nous tromper : chacun sentait le moindre frisson chez l’autre. » C’est beau non ? Mais qu’est-ce que se connaître profondément quand l’autre a changé ou pire, qu’on a soi-même évolué ? La philosophe Claire Marin que nous interviewons à la sortie de son livre sur la rupture donnait le secret des couples qui durent : « Pour durer, il faut que son rythme propre et intérieur ne soit pas trop contraint par le rythme commun du couple. Soit apprendre à marcher du même pas (comme on respirerait en même temps), soit avoir la souplesse de laisser l’autre s’éloigner et revenir en son temps. Il faut faire un ajustement perpétuel... » Ce qui se donne à voir dans ces histoires de tromperie d’apparence anecdotiques, ce sont nos âmes humaines en profondeur. La façon donc nous nous accommodons du réel et de nos fantasmes, de ce que nous sommes, de ce que nous voudrions ou pouvons être. La façon dont nous faisons face à l’ennui, à la mort et même parfois au chaos. La lucidité avec laquelle nous regardons nos vies aussi, notre capacité à nous mentir à nous-mêmes. M’est avis que le sujet, dans le fond, reste de trouver son équilibre : celui (subtil) qui nous rend heureux.se. Et vous ? De quelle dose d’ailleurs et d’ancrage, de rêverie et de lucidité avez-vous besoin dans votre vie ? Combien avez-vous besoin d’un amant ou d’une amante ? |
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