DOCUMENTAIRE 

4 mars 2022 

« À demain mon amour » : un portrait tendre et bienveillant de Monique et Michel Pinçon-Charlot

                             

Fakir

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Nos pensées vont en ce jour, bien évidemment, vers Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, ce couple hors du commun qui paraissait inséparable. Eux qui, disaient il y a encore peu, "Merci pour vos Fakir que nous dégustons sans modération." Tout notre soutien à Monique, et bonne route à Michel...

Yann Faure

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- Si on n’est pas mort, on aura le droit de boire un coup !

- Sans blague, quand ?

- Ce soir … on a qu’à décider que tu l’as bien mérité !

Une vie entière de travail consacré à la sociologie de la grande bourgeoisie – celle qu’on dénomme depuis « l’oligarchie ». Avec rigueur, précision, sans émotion, cliniquement presque, d’entretiens en observations, de livre en livre, chasses à courre, rallyes, ils l’ont décrite, analysée, comprise.

Ah oui, ce n’est pas toujours le petit peuple d’en bas qu’il faut regarder et disséquer pour savoir où on va. Là-haut, on a l’habitude d’être regardé, mais pas "objectivé", ça lui fait bizarre à cette oligarchie.

Sociologue ça ne s’enlève pas, c’est comme sa propre peau. Sauf que c’est plus enfoui, c’est aussi dedans, à l’intérieur. Tu te couches avec, tu te réveilles avec. Bonne nuit Monique, à demain mon amour.

Et puis quand leur carrière s’est arrêtée, leur ton s’est un peu durci et ils se sont exprimés moins académiquement. Par le théâtre, par la bd, par le jeu de société, par les meetings et dans la rue. On les a vus dès les prémices des manifs gilets jaunes chercher à comprendre, à écouter. Et à pousser aussi, en se lamentant qu’on dirait d’eux « un couple de petits vieux, alors que la révolution arrive ». Dans le même temps, délivrés de leur devoir de réserve, ils ont tenté de soutenir les causes justes, sans relâche malgré leus articulations un peu engourdies (mais sûrement pas leurs esprits). Comme à Ford Blanquefort, avec Poutou, Lavilliers et le fiston de Gisèle Halimi.

Aussi, du temps passé à éveiller à la pensée critique les jeunes/ados, à qui ils faisaient visiter les beaux quartiers pour les confronter corporellement aux dominants : « c’est là (disaient-ils) qu’on trouve les causes de la misère des autres ». Une vie de sociologue, des sociologues en vie, leur manière d’être.

- Dis Michel, qu’est-ce que tu fais au paradis ? T’es pas en train de travailler au moins ?

- Qu’est-ce que tu veux que je fasse d’autre ?